20. La lignée : Sandrine

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Matt est revenu. Il est propre, mais affiche son air farouche pour nous montrer que sa colère est toujours présente.

Jonathan, mal à l’aise, se sent pourtant obligé de faire un point sur les origines de sa famille, puis sur les miennes.

Il n’a pas oublié que j’ai parlé d’entraide et d’éventuelles solutions à ce fléau et me laisse la parole.

Je dois bien peser mes mots car j’ai besoin d’encore un peu de temps pour répondre à leur espoir. Ils attendent beaucoup de moi, mais je ne suis pas certaine d’avoir la force et l’énergie suffisantes.

Je détecte la nervosité de Matt. Il évite de poser les yeux sur Lana et jette des regards assassins à son mari. Heureusement que sa famille nous observe, Jonathan et moi. Je dois à tout prix détourner son intérêt, sans quoi sa rage va reprendre le dessus et s’abattre sur nous tous, d’une manière ou d’une autre. Son amour pour cette femme le rend terriblement dangereux. Il nous terrifie ma fille et moi.

— Merci à tous pour la confiance dont vous me gratifiez. Et merci à toi, Jonathan, pour cet exposé parfait.

Je marque une pause et cherche par où commencer.

<< La magie doit permettre de préserver l’équilibre naturel.

Donc, lorsque ce fléau a été créé, le moyen de s’en débarrasser a été obligatoirement inventé, en même temps.

Pour faire simple, le sang des dhampires contient quelques particularités, ce qui repousse, entre autre, les vampires. Le malaforme est, à la base, un enfant de vampire. Sa particularité à lui ne se trouve pas dans son sang, mais dans sa salive. C’est comme cela qu’il contamine les humains qu’il mord. Le détail crucial que tu as oublié, Jonathan, c’est qu’ainsi, ils ne forment qu’une seule et même lignée. Ils ne sont pas reliés par le sang, mais par la salive.

Ceci m’amène à certaines conclusions, à développer, ceci dit. Il nous faut trouver le tout premier malaforme. Celui qui est à l’origine de ce carnage.

— Il est surement déjà mort, rouspète Matt, agacé.

— Impossible, les autres seraient morts aussi. Ils forment une lignée, si leur « père » meurt, leur « moteur », ils succombent à leur tour.

— Juste une question, comme ça, tu le déniche où ton premier malaforme ?se moque-t-il encore.

— C’est ce que je dois découvrir. Comment le trouver, où et surtout comment le tuer. Car imaginez qu’il soit sur le continent asiatique, comment nous y rendrons nous ? Comment le reconnaîtrons-nous ? C’est là que la magie interviendra. Elle a conçu tout cela, elle l’anéantira.

— Moi, je pense que c’est de cette manière que les hommes sont venus à bout de ce fléau la première fois, réfléchit Jonathan.

— Si c’est le cas, je le déchiffrerai dans les grimoires. Si nos hôtes le veulent bien, j’aimerais m’installer maintenant, afin de commencer sans tarder.

— Non, refuse Matt, intransigeant. Tu ne nous a pas dit en quoi tu as besoin de nous.

— J’en ai une petite idée, mais elle n’est pas encore suffisamment précise pour que je vous l’expose.

— Ok, rien d’intéressant, vous pouvez tous retourner là d’où vous venez, décide Carole en se dirigeant vers la porte d’entrée tandis que Matt reprend le chemin du couloir.

— Attendez ! je réagis par crainte qu’ils anéantissent tout espoir. Je pense devoir provoquer les esprits pour obtenir leur aide. Et pour ce faire, des trahisons et sacrifices seront nécessaires.

— Tu es en train de nous expliquer que tu vas nous trahir et nous tuer ? s’insurge Carole, plantée devant la sorcière.

— Non. Je vais devoir trahir les règles de la magie, tout ce en quoi je crois, et j’aurai besoin d’un complice.

— Maman ! C’est impossible, il doit y avoir un autre moyen !

— Ma chérie, s’il existe un autre moyen de venir à bout de ce fléau, je suis certaine que les esprits me montreront la voix. Si j’ai la possibilité de rétablir l’équilibre, il est de mon devoir de le faire.

Ils gardent tous la tête baissée, atterrés par mes révélations. Tous, sauf Carole qui lève les yeux au ciel en signe de mépris. Jonathan m’invite à le suivre pour m’escorter à mes quartiers. D’un regard, je lui spécifie que j’attends encore l’accord de son frère. Son front et ses sourcils sont froncés. Il fixe le mur, face à lui, perdu dans ses pensées. Il examine ma proposition avec une extrême concentration et se rend vite compte que plus personne ne parle et que nous l’observons tous.

— Tu peux t’installer, accepte-t-il après avoir pris une profonde inspiration, mais ne t’avises surtout pas de tenter quoi que ce soit contre ma sœur, Jonathan ou moi. Tu as failli me tuer une fois, je ne l’ai pas oublié. Tu as donc une dette envers moi. De plus, sache que je vais rester très vigilant tant que tu resteras notre « invitée ».

— Je pense m’être acquittée de ma dette en conservant ton secret. Je comprends que tu craignes une nouvelle attaque de ma part, mais j’ai également réalisé que vous êtes différents de vos ancêtres. Nous avons une situation à rétablir d’urgence, et n’oublie pas que j’ai besoin de votre aide. Sommes-nous d’accord ?>>

Il approuve mais ne peux pas s’empêcher de me lancer son regard noir et lourd d’avertissement.

Jonathan nous conduit aux chambres. Dans les escaliers, je ressens d’étranges vibrations. J’ai le sentiment qu’on nous observe. Ce sont les portraits, dans les tableaux. Ils suivent Lana du regard, et leurs expressions n’ont rien de bienveillantes. L’énergie qu’ils dégagent me permettra de communiquer avec eux. Je vais devoir apaiser leur colère et leur demander leur aide. Quand à mon tour, je me trouve devant eux, leurs traits sont différents. J’y discerne de la méfiance, mais également de la curiosité.

La chambre que je vais partager avec ma fille est grande, immense même. Les meubles sont magnifiques, très anciens, mais très bien conservés. Ils sont chargés d’histoires, je le sens lorsque ma paume vient caresser le bois et que mes doigts effleurent les sculptures.

Une porte dans la pièce donne sur un petit salon, très agréable, lui aussi.

Je tire tous les lourds rideaux et entame un sort de purification dans mes quartiers.

J’agence ensuite le séjour afin de disposer de l’espace suffisant à l’exercice de la magie.

Il ne me reste plus qu’à trier mes bougies, mes herbes, mes pierres… Ces objets qui représentent avec ma fille et mes souvenirs, tout ce qu’il reste de mon passé.

Samantha et moi nous installons confortablement dans les fauteuils, chacune motivée à l’idée de déchiffrer les grimoires.

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