Déménagement - Partie 3
Pénélope revint dans la chambre quelques minutes plus tard, avec plusieurs cartons vides sous le bras. Elle les jeta au sol, et les déplia en silence. Marie tenta de briser la gêne qui s'était installée :
« - Je n'aurais pas dû dire ça. Je me suis mêlée de...
- Si tu passes ton temps à dire pardon, c'est moi qui vais me sentir mal à la fin, » l'interrompit son invitée avec un sourire. Elle garda les yeux braqués sur le fond du carton posé sur ses genoux quelques secondes, avant de les lever vers Marie en soupirant.
« - Je croyais que je pouvais esquiver les conversations qui ne me plaisaient pas ?
- Oui c'était le deal, mais je ne voudrais surtout pas que...
- Tu n'as rien dit de méchant, vraiment. C'était une blague j'en suis bien consciente. S'il te plaît ne te braque pas. J'adore discuter avec toi. Simplement, ma relation avec Cassius, c'est un truc un peu nouveau pour moi, et qui réveille pas mal d'insécurités. Et tu sais, pour l'instant, je voudrais les gérer toute seule.
- J'espère que c'est pas le petit gigolo d'à côté qui te dénigre, parce que sinon je sors les griffes et je vais m'occuper de lui !
- Non, jamais de la vie ! C'est le meilleur.
- C'est vrai qu'il est génial, acquiesça Marie. Je l'adore ce môme.
- Pas touche il est à moi, plaisanta Pénélope. J'ai mis trop longtemps à l'avoir pour te le laisser.
- Tu n'as aucun souci à te faire, répondit Marie avec une grimace forcée. Je les prends pas au berceau. Et il est beaucoup trop petit pour moi de toute façon.
- C'est vrai que ça n'a rien à voir avec Alexandre. Je crois que j'ai jamais vu un mec aussi grand. Enfin si, une fois, mais c'était pas vraiment un mec au final, continua-t-elle en réfléchissant à haute voix.
- Qu'est-ce que tu veux dire ? C'était quoi alors ? »
Pénélope se mordit la langue d'en avoir trop dit. Elle ne souhaitait pas parler du krampus devant Marie. Semblant s'étonner de son silence, cette dernière leva ses yeux en amande sur elle. La jeune femme se dépêcha d'improviser :
« - Tu me croirais si je te disais que c'était trois gamins dans un trench-coat ? Non, je rigole, c'était juste un vieux souvenir de fête foraine, avec un géant qui m'avait terrifiée quand j'étais gamine, mais mon père m'avait expliqué que c'était un mannequin sur des échasses. Tu sais, le genre qu'on voit à Disneyland ? Les animatroniques ?
- Tiens, en parlant de Disneyland, une pote m'avait ramené un sweat Jack Skellington, mais je porte plutôt des couleurs vives. Je sais que tu aimes bien les hoodies. Si tu le veux, il doit être par là.
- Avec plaisir merci, répondit Pénélope, heureuse de pouvoir changer de sujet. Dis-moi, vous avez un chat ?
- Pourquoi tu me demandes ça ?
- Parce que depuis tout à l'heure je vois plein de fringues couvertes de poils, et je sais que les chats aiment bien faire la sieste sur les piles de linge. Et je me rends compte en parlant que c'est vraiment pas cool de pointer ça. C'était pas un reproche, tu sais.
- T'inquiète, si il faut je les laverai avant de te les donner. Si ça te dérange tant que ça...
- Nooon, gémit Pénélope en cachant son visage dans le pull qu'elle avait à la main. Tu dois vraiment me prendre pour une chieuse. Je voulais juste dire...
- Je te charrie ma Penne Rigate ! Moi aussi ça me saoule tous ces poils. Je dépense une fortune en rouleaux de peluches et en gros scotch. Mais bon là, avec le déménagement... On a un gros chat qu'on voit jamais la journée, mais qui est bien envahissant le soir. Tu le verras sûrement tout à l'heure.
- Tu crois qu'on n'aura pas fini avant ce soir ?
- À ce rythme-là on aura pas fini avant demain, s'amusa Marie. Allez hop, bouchées doubles ma vieille ! »
Les deux femmes mirent près de deux heures à trier et ranger tous les vêtements dans des cartons, dont un bon tiers portaient le nom de Pénélope à la fin de la matinée. Les garçons avaient déjà chargé deux fois le camion de location et fait le voyage jusqu'au nouvel appartemment. Marie râla un peu et insista pour sortir le matelas avec Pénélope après qu'Alexandre leur ait dit de le laisser faire. Ils entreprirent ensuite de porter tous les quatre le cadre de lit métallique. Mais après une demi-heure à essayer vainement de le tourner dans tous les sens, ils durent se rendre à l'évidence : la porte était trop petite. Pénélope et Cassius se chargèrent donc de démonter le cadre de lit, Marie étant à bout de patience et ayant besoin de sortir de la pièce. Elle revint néanmoins régulièrement pour taquiner le jeune couple en leur rappelant de travailler au lieu de se bécoter.
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