Equipe de choc
Avec mes collègues on forme une équipe de choc! La nuit ce ne sont pas des carriéristes ce sont des sentimentaux qui refusent de travailler à la chaîne, on est là pour l'humain.
Malgré mes quelques heures de sommeil, moitié moins que quand j'étais de jour. J'ai l'impression que tout joue contre moi : la lumière qui me réveille sur le chemin du retour, le bruit des enfants quand ils sont à la maison, mes hormones qui continuent à fonctionner à leur rythme, se fichant de mon sommeil. Je finis par renoncer, et tel un zombi, je déambule de nouveau dans les couloirs de l'hôpital.
Une fois habillée en soignante la transformation opère, et me voilà prête pour l'action. Je pense que je tiens par les nerfs.
La nuit, on a envie de laisser les patients se reposer, qu'on leur fiche la paix, que la nuit les répare un peu. On fait comme on peut, on les écoute lors de notre premier tour se décharger du poids de leur journée.
On regarde les photos accrochées au mur tel un trophée, s'ils le veulent, et c'est souvent le cas, on parle de leur familles dont ils sont souvent fièrs.
Que du positif dans un monde de brut...
On leur propose une boisson chaude ou un jus de fruit, un massage avec de l'huile de soin, on éteint les lumières, on ferme les volets, on arrête la télé de ceux qui se sont endormis sur un programme. On connait l'importance du noir et du silence pour un sommeil réparateur, on en fait les frais tous les jours.
Malheureusement, on a pas le temps, ni les bras pour tout le monde,
Puis il y a ceux qui ne parlent plus, ne bougent plus, ne communiquent plus. On imagine leurs besoins. Que pensent-ils de notre intervention? On espère ne pas les abîmer plus qu'ils ne le sont déjà.
Les gens passent, Les histoires on en connait à gogo, on se dit" C'est pas possible ça?". Nous sommes au centre de toute la misère humaine : la pauvreté, la maladie, l'accident, la mort, la folie. Nous réparons, nous recollons, nous ne faisons jamais du neuf avec du vieux, nous ne rendons pas les âmes aux morts.
Puis comme, un rayon de soleil en plein hiver, quelquefois surgit de ce long tunnel noir une histoire digne d'un conte de fée. Une femme donne à son homme un bout d'elle, un rein. " J'ai ma femme dans la peau", dit-il
Amoureusement!
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