Possédé
Attention : Histoire totalement vraie
Une chaleur étouffante envahissait la ville sous un soleil de plomb. Pas un souffle, pas une brise. On n'entendait même plus les oiseaux chanter, les anes énire, même les cigales s'étaient tuent et les rues étaient désertes. Cela faisait quelques jours que le coq n'avait pas hurler.
Tous les lundis le poissonier rendait visite aux villages dans les montagnes proches de la mer afin de vendre ses trouvailles. Ce matin là, les villageois discutaient autour de la camionette du poissonnier de la chaleur qui frappait le pays, autour de lui s'entassaient des acheteurs et des curieux venus jauger de la qualité du poisson et de sa fraicheur. Les enfants s'aglutinaient devant les bacs afin de découvrir avec émerveillement les brochets, les crabes et les gambasses. Les sardines restaient le produit fare. Certains enfants tentaient même de croquer dans des nageoires qui dépassait de la camionette, aussitôt réprimandés par des adultes. Une joyeuse cacofonie s'élevait, des négociations s'entamait avec vivacité afin d'obtenir le meilleur butin au meilleur prix.
Par delà l'agitation, on pouvait entendre le sujet qui secouait le village. Le coq ne chantait plus, il n'y avait pas un seul animal dans le coin. Et celà inquiétait les femmes. Cela n'était jamais de bonne augure quand le silence se faisait entendre ainsi. Des regards fuyants, d'autres inquisiteurs, cherchant à determiner la bienveillance ou le malheur d'un coup d'oeil. Le mauvais oeil était un fléau par ici, mieux valait s'en prémunir. Les sages étaient installés à l'ombre un peu plus loin, certains sur des tabourets, d'autres assis sur des cousins disposés sur des tapis à même le sol. Les mines inquiètent, ils évoquaient l'absence de mouches, ces petites bestiolles si envahissantes et nombreuses d'habitude. Quelque chose de malsain rodait, caché parmis eux et n'allait pas tarder à se montrer.
***
- Tarek! Mais bon sang, il est passé où encore celui là? Tarek!
- Oui, oui, je suis là, j'arrive
Une douce odeur d'épice et de menthe enivrait mes sens. Malgré la chaleur, mes tantes s'activaient pour offrir un des plats traditionnels préféré de mon père. Ce n'était pas tous les jours qu'on rendait visite à la famille, et rien de tel qu'un bon couscous pour mettre tout le monde d'accord.
Une forte pression sur mon bras m'arracha du sol à l'instant même où j'entrais dans la cuisine. Ma grand mère était une vraie force de la nature, petite mais imposante, elle pouvait manager mes tantes à la cuisine, s'occuper de ses petits enfants, faire le ménage, surveiller mon grand-père affaibli et savoir où se trouvait chaque personne de la maison et ce qu'il faisait à n"importe quel moment. Et tout ça, en même temps.
Les chants traditionnels retentissaient, et je pouvais appercevoir certaines femmes danser, des foulards tourbillonnants dans leur mains, leurs pieds embrasant le sol et leur bassin bouger frénétiquement. Ma grand mère avait les cheveux couleur ainé et des vieux tatouages sur le visage, les mains et les bras. Son regard chargé d'histoire me scrutant de haut en bas, j'avais oublié que j'étais suspendu dans les airs, mes pieds ne touchant plus le sol. J'étais fasciné par son visage, qui me semblait immense, rugueux et doux à la fois. Elle était magnifique.
- Mais où est ce que tu as trainé encore? Tu es tout sale. Va te laver les mains, ensuite, apporte de l'eau aux hommes dans le salon.
Elle me déposa doucement au sol, et je frottais mon bras à l'endroit ou sa main m'avait agrippé. Quelle poigne! Elle rit en voyant ma mine renforgnée et me claqua un grand coup dans le dos. C'était sa façon de montrer sa tendresse j'imagine.
Je me dirigeais vers la salle d'eau pour faire mes besoins et me rafraichir en traversant le long couloir, je tournais à l'angle dans un renfoncement et me frappa brutalement contre quelque chose. Un peu sonné, je reculais d'un pas pour mieux voir ce qui me barrait la route. Je levais et plissait les yeux pour adapter ma vision à la pénombre.
- Bouge de là frangin! Tu m'gênes là!
Mon frère ne broncha pas et ne bougea pas.
- Qu'es-tu fiche? J'ai besoin d'aller aux toilettes! Pourquoi tu te mets devant le passage?
Aucune réaction, je tentais de le pousser, excédé. Ses blagues m'épuisais, je n'avais pas envie de rire et j'avais à faire. Mais il ne bougea pas, il n'essaya même pas. Il était plus immobile et dur qu'un mur.
- T'arrête des blagues merde!!! Bouge de là!!
J'entendis des pas et un bruit de canne derrière moi. Je fulminais, une parole, un geste de mon frère et je partais au quart de tour, mais rien ne se produit.
- Tarek, recule tout de suite!
La voix terrifiée de mon père me stoppa net, tous mes sens en alerte, je reculais interloqué en montrant la source de mon emportement
- Chai pas c'qu'il a, il veut pas bouger. Il m'énerve à faire ses blagues! Oh Frérot! Dégage pour voir!
Un coup de canne retentit dans le couloir, je me retournais et vit mon grand père à coté de mon père le regard hagard, pensif. Dans un seul et même mouvement, tout le monde s'invita dans le couloir, les regards se posèrent sur mon grand-père puis lentement se tournèrent vers moi. Je n'eus pas le temps de me justifier de mes injures qu'une de mes tantes poussa un cri d'éffroi, stridant. Personne n'y préta attention, tout le monde n'avait de yeux que pour moi. Je ne comprenais pas ce qu'il se passait. Ma tante s'engouffra dans la cuisine criant des "Nah Sheitan!" et récitant des prières. On entendait que ses pas arpenter la cuisine, elle sorti en trombe, attrappa son fils de cinq ans alerté par le cri de sa mère, et s'enfuya en courant de la maison. La porte claqua dans un grand fraca. Et je ne la vis plus pendant plusieurs semaines.
***
Je n'ai jamais cru à ces histoires, je venais de France, et je me considérais comme suffisemment conscient et instruis pour prétendre connaitre la vie, la mort, et savoir que le surnaturel n'existe pas. Je me l'étais persuadé. Jusqu'à ce jour.
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