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Non loin de Kyoto serpente une rivière paisible, komo-gawa, dont le fil d’argent, si clair, si pur, s’étend jusqu’à la montagne aux confins de l’horizon : le mont Sajikigatake.
C’est là, dans cet écrin de verdure, que vivent les tanukis, tantôt chiens viverrins, tantôt yōkai, malicieux toujours. Tant vénérés que craints par les locaux, ils descendent parfois chercher du labeur des hommes le fruit, ou dérober l’heureuse pitance des animaux domestiques.
Personne n’ose les chasser, par superstition : mieux vaut une récolte incomplète qu’une récolte fantôme. Subir le courroux d’un tanuki, voilà ce que redoutent les braves gens : il se chuchote depuis la nuit des temps que ces divinités peuvent prendre l’apparence des hommes, en jouer et en jouir à volonté.
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