La lumière du matin filtrait à peine à travers les fissures du toit du manoir en ruine, illuminant la scène étrange et silencieuse qui régnait dans cette ancienne salle. Léo se leva lentement, son corps épuisé et ses mains tremblantes alors qu'il observait le vide laissé par la disparition de son frère, Jules. Bien qu’il ait réussi à briser la malédiction, il ne pouvait s'empêcher de sentir que quelque chose d'autre se cachait dans l'ombre, attendant.

Soudain, un frisson glacial parcourut son échine, et il se tourna brusquement, comme s'il avait ressenti la présence d'une force invisible. Un souffle dans l’air, une brume presque imperceptible qui semblait se tordre dans les recoins du manoir, encore vivante malgré sa destruction.

"Ce n’est pas fini…" Cette voix, basse et pleine de menace, résonna dans son esprit. Léo sentit son cœur s'accélérer, mais il ne pouvait plus reculer. Il devait faire face à ce qui restait, à ce qui persistait.

Il s'avança vers le centre de la salle, où le puits avait disparu. À la place, un cercle noir, comme une ombre immobile, marquait le sol. C'était comme un œil, une ouverture vers quelque chose d’encore plus profond. Léo s'agenouilla, posant une main sur le sol froid. Il savait qu’il n'était pas seul ici, mais il ne pouvait dire si l'entité avait vraiment disparu ou si elle attendait simplement son heure, prête à se réincarner dans un autre corps, une autre âme.

"Jules…" murmura-t-il en fermant les yeux. "Je t’ai promis que j'allais te sauver. Et je l'ai fait…"

Mais le silence qui suivit cette déclaration n’apportait aucune réconfort. Léo se releva, son regard déterminé. Une idée venait de lui traverser l'esprit : il ne pouvait pas fuir, pas maintenant. La malédiction était plus ancienne qu’il ne l'avait imaginé, un mal enraciné dans les pierres mêmes du manoir, dans l'histoire des ancêtres. Il ne pouvait pas tout effacer d'un coup, mais il pouvait continuer à lutter. Pour Jules, pour Éloïse, pour tous ceux qui étaient tombés avant lui.

Alors qu'il se dirigeait vers la porte brisée, une lueur étrange traversa le plafond effondré. Un rayon de lumière pâle, presque spectral, se posa sur le sol. Léo tourna la tête, ses yeux scrutant l’obscurité restante. Il savait que cette lumière n'était pas un signe de fin, mais un commencement. Un commencement qu'il devait affronter seul, dans l’ombre d’un héritage qu’il ne comprenait pas encore totalement.

"Tu n’es pas seul, Léo." Une voix douce, presque familière, souffla dans l’air.

Il se tourna précipitamment, et dans le rayon lumineux, il aperçut la silhouette d'Éloïse. Son cœur s’emballa, et un cri de soulagement se percha sur ses lèvres, mais il se retint. Elle n’était plus là, mais son esprit, son image, restait présente. Comme un dernier adieu.

"Je suis désolée, Léo. La lumière que tu vois, c'est celle de la vérité. Ce combat, il n'est pas terminé. Mais je crois en toi. N'oublie jamais ce que nous avons sacrifié."

Puis, comme une étoile filante s’éteignant dans le ciel nocturne, la silhouette d’Éloïse disparut, emportée par le vent. La forêt, toujours présente, murmurait à travers les arbres, ses racines s’étendant profondément dans le sol.

Léo se tenait là, seul, mais pas tout à fait. Il savait maintenant que la lutte ne finirait jamais. Pas tant qu'il aurait des ténèbres à combattre et des âmes à sauver. Il n'était plus simplement un orphelin errant dans un monde sombre. Il était un combattant, un protecteur des âmes perdues, et dans ce manoir dévasté, il trouvait une nouvelle détermination.

La porte du manoir s’ouvrit sur un avenir incertain, mais Léo était prêt à avancer. Pour ses frères et sœurs, pour les âmes perdues, et pour la paix que la lumière pourrait un jour apporter.

Le combat, désormais, venait juste de commencer.

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