Chapitre 14
La brise soufflait, légère et continue, sur sa douce fourrure. Le soleil, régnant en maître sur un ciel bleu et sans nuage, y reflétait de ses rayons son éclat auburn dont il avait toujours été secrètement si fier. Se mouvant continuellement, il jaugeait cet adversaire qui avait le courage de lui faire face et nul n’ignorait quelle serait la tragique conclusion.
Tous deux décrivaient un cercle alors qu’ils s’observaient avec une concentration extrême, notant leurs postures respectives, la modifiant en fonction de l’autre. Ils se connaissaient bien et devinaient l’approche de l’autre avant même que celui-ci ne se soit véritablement lancé. Et toujours ce cercle qu’ils décrivaient… Le briser signifiait le dénouement à venir d’un combat sans la moindre merci. Où la plus petite erreur serait fatale.
Maître absolu de son corps, il se savait capable de contrôler jusqu’au moindre muscle de celui-ci. Ses entraînements drastiques l’avaient forgé, avaient fait de lui une arme meurtrière. En ce moment même, alors que toutes les fibres de son être appelaient à l’affrontement, il n’entendait plus rien au mot pitié. En ce moment même, il était un féroce guerrier, méconnaissable pour son entourage, impitoyable contre ceux qui osaient lui tenir tête…
— Tu vas mordre la poussière, fillette !
Étrangement, ce n’était pas Cormack qui avait prononcé ces mots mais la jolie brune face à lui. La poigne du colosse se fit plus forte sur le pommeau de son épée d’entraînement alors que sa mâchoire se contractait. Effectuant des arabesques compliquées et assurant son équilibre, il fit comme si Leati n’avait rien dit et s’exhorta au calme et à la prudence.
S’avisant de cela, celle-ci sourit largement.
— Ne t’inquiète pas, je n’irai pas trop fort…
Cormack respira profondément. Concentre-toi, tu es bien plus fort qu’elle.
— Je vais te frapper ici et ici, continua-t-elle en désignant deux fois le même endroit…
Son postérieur…
Elle ne cherche qu’à te déstabiliser… Il opéra un brusque changement de rythme et revint en arrière. Il guettait un faux pas chez son adversaire mais vive comme l’éclair, Leati s’adapta aussitôt et reprit son manège de l’autre côté.
— J’ai presque failli me faire avoir, dis donc ! s’exclama-t-elle. J’étais tant absorbée par la grâce avec laquelle tu évolues. On te croirait entrain de danser un de ces ballets vachement populaires en Irile…
Garde le cap…
— Des ballerines, une jolie robe…
Tu riras après lui avoir filé une bonne trempe…
— Rougissante, l’air effarouchée…
Une raclée dont elle se souviendra encore dans dix ans !
— C’est ce qui donne envie de te claquer là, et là…
Brisant le cercle, Cormack se fendit vers l’insolente qui esquiva la pointe de l’arme d’un simple pas sur le côté. Cependant, le Rolf était souple et rapide, ce que sa corpulence ne laissait pas facilement deviner. S’accroupissant dans le même temps pour éviter le revers de sa partenaire, son mouvement se prolongea d’un tour sur lui-même qui le repositionna pour attaquer de nouveau. Se fendant encore, il força son adversaire à reculer.
Bien que rapide et agile, Leati n’avait pas sa force et chaque coup qu’elle tentait de bloquer, de son épée, l’obligeait à concéder du terrain pour ne pas perdre l’équilibre et de ce fait, céder presque assurément la victoire.
Elle faiblit.
En effet, la brune perdait de sa superbe à vue d’œil. Haletante, rougie par l’effort et à bout de souffle, elle n’attendait que le coup de grâce.
Le prochain qu’elle tentera de parer l’enverra au tapis, jubila intérieurement Cormack. Reculant d’un pas, il leva son arme pour l’abattre avec force d’un coup en biais, qui sans parade avec une arme en acier aurait découpé l’opposant de la base du cou jusqu’à la hanche opposée. Évidemment, dans ce cas, la parade de son adversaire était ce qu’il espérait, ne voulant pas blesser Leati, bien que leurs armes soient en bois. Il exagéra donc le mouvement…
Le Rolf ne vit malheureusement le sourire de sa victime que bien trop tard alors qu’elle pénétrait sa garde dans un tourbillon gris, ayant au préalable paré son coup en usant de la force de sa rotation sur elle-même en plus de la sienne.
La dernière chose qu’il vit fut l’image d’un coude en direction de son menton alors que son monde explosait dans une constellation de petites lumières. Au loin, il sentit une pression sur l’arrière de son genou gauche, amenant celui-ci à épouser le sol alors que sa vicieuse assaillante s’était positionnée dans son dos. Le bois ne tarda pas à se faire sentir sur sa gorge alors qu’il reprenait encore ses esprits.
— Là et là, entendit-il chuchoter à son oreille avant que deux violentes claques lui soient assénées à l’endroit promis.
Criant d’indignation, il tenta de la saisir mais elle esquiva habilement en s’esclaffant.
— Tu me le paieras, jura-t-il en se remettant péniblement debout.
Autour d’eux, des salves d’applaudissement résonnèrent alors que chevaliers et aspirants, qui étaient aussi leurs camarades de classe, sifflaient amicalement Cormack sur sa performance tout en acclamant Leati.
— Oh, ça va ! grogna le Rolf à l’encontre des spectateurs dont la plupart éclatèrent de rire.
L’ambiance était toujours comme cela aux Passes. On se moquait toujours ouvertement mais gentiment du perdant. La chevalerie de l’Ilir était une grande famille et nombre d’entre eux considéraient Cormack comme l’un des leurs bien qu’il ne soit pas encore aspirant chevalier… même dans le cas où il ne le devienne jamais. Ses camarades reconnaissaient sa valeur et ses talents de combattants. Parmi eux des chevaliers confirmés, pourtant reconnus dans tous Soreth pour leurs redoutables aptitudes guerrières.
En effet, il n’y avait pas d’armée plus entrainée et meurtrière que celle de la chevalerie de l’Ilir, toutes Contrées confondues. Sans parler de leurs armes d’aclérium, ce métal que seuls les forgerons de Grimvald pouvaient travailler dans les entrailles de leurs montagnes. Métal indestructible qui, finement aiguisé, pouvait trancher absolument n’importe quoi aussi facilement que s’il s’agissait de la plus fine des soies.
Ces maîtres d’armes, qu’étaient ces hommes et femmes à l’indéfectible loyauté au trône d’Iliréa, contribuaient à faire des Royaumes Francs, une puissance avec laquelle il fallait compter.
— Allons Cormack, sourit l’impétueuse brune. Sois bon joueur et félicite-moi ! Tu ne l’avais pas vu venir, pas vrai ?
De mauvaise grâce, le colosse acquiesça.
— Je n’avais jamais vu un mouvement pareil, approuva-t-il. C’était osé…
— J’ai le meilleur des professeurs, se gargarisa-t-elle en jouant avec son épée. Mon frère m’a appris cette contre-attaque dans le cas où je tombe sur bien plus puissant que moi. Un Rolf en l’occurrence…
Elle lui fit un clin d’œil malicieux et Cormack ne put s’empêcher de frémir en pensant au frère en question. Caes Craft était devenu le plus jeune aspirant chevalier de toute l’histoire de la chevalerie de l’Ilir. Cela va s’en dire qu’il devint aussi celui qui fut ordonné chevalier au plus jeune âge également. Évoluant pourtant au milieu de combattants de talents, il surclassait tout le monde par sa maîtrise de l’épée. Un véritable génie comme on le désignait au sein de la confrérie.
Un génie qui l’effrayait quelque peu… et ça ne datait pas d’hier. Distant et réservé, ce gars-là était d’une froideur semblable à celle d’Ezéquiel avec qui il ne s’entendait pas vraiment d’ailleurs. Un bel euphémisme car, entre le prince et le chevalier couvait une haine perdurant depuis des années et difficilement quantifiable.
Ezéquiel avait vraiment le don pour se faire les ennemis qu’il ne fallait pas…
— Mais bon, ce style de combat ne te serait pas vraiment d’utilité, avoua-t-elle joyeusement. Difficile de trouver plus costaud que toi…
Elle rayonnait, sa fatigue des efforts précédents disparue à la seconde où… La lumière se fit dans l’esprit du Rolf qui en oublia le compliment qui venait de lui être fait.
— Tu jouais la comédie, hein ? grogna-t-il alors qu’une poussée d’indignation montait en lui. Tu n’étais pas fatiguée pour un sou !
Leati haussa les épaules en souriant largement.
— On fait avec ce qu’on a…
Grognant de plus belle, le colosse se dirigea d’un pas rageur vers les présentoirs où il déposa son épée d’entrainement. Dans son dos, la brune le héla :
— Allons Cormack, tu ne vas pas m’en vouloir pour ça ! C’est risible de bouder pour si peu.
— Les Rolfs ne boudent pas !
Bien que ce soit son cas en ce moment présent. Pas vraiment en colère contre son amie, il l’était surtout contre lui-même. Se faire avoir par quelque chose d’aussi petit… Leati l’avait complètement pris au dépourvu, recourant aux mêmes genres de lamentables procédés qu’Ez…
— Un excellent professeur, hein ? pesta-t-il alors que l’aspirante déposait son arme à son tour. Pour la contre-attaque, d’accord ! Mais pour le reste, je trouve que tu t’inspires grandement d’un tout autre personnage ! Cela n’a rien d’honorable !
L’interpellée haussa les épaules, imitant Ezéquiel pour faire rager le Rolf.
— Cela reste efficace, Cormack. L’honneur ne fait pas remporter les batailles.
Celui-ci lâcha un hoquet étranglé. Elle avait même pris le ton du jeune prince tout en adoptant sa nonchalance avant d’éclater de son rire bien à elle.
— C’est ça…, gronda-t-il sans masquer son dégoût. T’es au fond du trou et tu creuses encore.
Cessant brusquement de rire, elle se tourna lentement vers lui. Dans son regard ne brillait plus aucune lueur d’amusement et le poil de Cormack se hérissa. Il était allé trop loin…
— Là, tu deviens grossier, dit-elle froidement en détachant bien chaque syllabe.
— Ben… ce que je voulais dire, c’est que… Un détail retint son attention, tuant dans l’œuf sa pauvre justification à venir. J’ai l’impression que Maître Cène et le secrétaire Noguet se disputent…
— Tu ne crois quand même pas que tu vas t’en tirer comme ça ?
Mais Cormack s’était déjà mis en chemin, dépassant les aspirants en plein échauffement ou en train de se chamailler. Le vieux maître et Noguet avaient déjà pris une avance considérable, évoluant dans les sentiers battus à l’ombre des sous-bois.
— Je peux savoir ce qu’il te prend ? demanda Leati qui avait accéléré l’allure pour le rattraper.
— Aucune idée, avoua le Rolf dont le regard était toujours braqué sur l’endroit où avaient disparu leurs aînés. Lorsque nous avons été convoqués par ce pourri de Noguet, Maître Cène l’était dans le même temps par la Reine. Bavie n’a pas voulu nous en dire plus mais c’était en rapport avec la caravane. Depuis ce jour, le professeur a brillé par son absence et ça fait déjà une semaine. La caravane n’est toujours pas là non plus…
La brune leva les yeux au ciel.
— Et après, tu me dis que c’est moi qui prend exemple sur Ezéquiel ! Regarde-toi ! Il m’est d’avis qu’il déteint plus sur toi que sur moi. Tu commences à voir des soucis où il n’y en a pas.
Le Rolf répondit d’un nouveau grognement, adoptant un pas de course qui fit jurer Leati alors qu’elle suivait la cadence. Ignorant ses récriminations, il changea son approche, à peu près certain de la direction que prenaient les deux hommes. Bifurquant, il entreprit de rejoindre avant eux ce qu’il pensait être l’un de leurs points de passage, aux abords du château. Deux minutes plus tard, il s’introduisait dans l’un des longs bosquets bordant le chemin qu’il espérait être le bon. Les jardins, entourant le fief de la Reine d’Iliréa, étaient un véritable labyrinthe végétal. Peu de temps après, son amie le rejoignait, pestant à son encontre.
— Si tu fais ça pour éviter que je te passe un savon, éructa-t-elle. Met-toi bien dans le crâne que toute cette mascarade me fout encore plus sur les nerfs ! Attends-toi à morfler…
— Tu n’avais pas à me suivre.
Il avait lancé cela bien plus sèchement qu’il ne l’aurait voulu mais sa déconvenue précédente était encore fraîche dans son esprit. Tentant tant bien que mal de reprendre son souffle, Leati ne le remarqua même pas. Elle n’avait pas sa foulée et avait dû littéralement sprinter pour se maintenir à sa hauteur.
Au moins, elle ne fait pas semblant, ce coup-ci, nota-t-il avec une malsaine satisfaction.
— Et te laisser dans les ennuis ? continua-t-elle. Allons bon ! Tu sais que rien de plaisant ne t’attend s’ils te surprennent en train d’espionner leur conversation. Il en faut moins au secrétaire pour te mettre dans l’embarras… À quoi penses-tu, bon sang ?
— Tais-toi donc !
Un bruit de voix leur parvenait au loin et Cormack reconnut celle, ô tant détestée, de Noguet. Bien qu’elle ait des intonations encore plus nerveuses qu’à l’habitude. Même si ses yeux lançaient des éclairs, Leati se garda pourtant bien de faire le moindre bruit en suivant. Seuls résonnaient leurs battements de cœur alors que les pas des deux hommes se rapprochaient…
— Vous n’êtes pas sérieux ?! Il faut prendre des mesures ! Les frontières doivent être protégées et leurs habitants évacués !
Une panique palpable émanait de la voix d’Edgard Noguet. L’homme agitait les mains à chaque syllabe et se grattait nerveusement une barbe de trois jours qui lui était inhabituelle. Ses cheveux jaune orangé pendaient tristement, encadrant un visage aux longs cernes descendant sur le haut de ses joues. Les yeux qui les surplombaient étaient injectés de sang, laissant à penser qu’il n’avait pas dormi depuis longtemps.
Le Rolf et son amie, dont la colère avait fondu comme neige au soleil, échangèrent un regard inquiet.
— Pour la dernière fois, Edgard, nous ne sommes sûrs de rien ! répondit le vieux maître d’une voix lasse mais autoritaire. Nous ne pouvons risquer de semer la panique dans les Royaumes Francs et devons tirer ça au clair.
Moins marqué que Noguet, le vieil homme arborait tout de même un visage fatigué, trahissant une grande inquiétude. Bien qu’il se refuse à paraître, lui aussi, alarmiste, le sérieux empreignant son visage fermé laissait à penser que l’affaire qui les occupait n’avait rien de banal.
— Au clair ? s’écria son interlocuteur. La situation est plus que claire ! La caravane a été massacrée. Nous camouflons cela depuis trop longtemps. Imaginez un peu cette panique dont vous me parlez, lorsque le peuple l’apprendra par d’autres sources que nous ! Car c’est ce qui finira par arriver, inévitablement !
— Nous avons convoqué les maires, Edgard, et débattront de la marche à suivre au sein de l’Arn Ilir, pas avant !
— Pourquoi vous refusez vous à faire preuve de bon sens ? gémit presque le secrétaire en l’agrippant soudainement par la manche de sa tunique. Ne voyez-vous pas ? Chaque minute que nous perdons à camoufler la vérité et à débattre nous affaiblit face à cette menace !
Ils n’avaient dépassé les deux amis de seulement quelques mètres quand Noguet força le vieux professeur à s’arrêter. Obligeant Cormack, qui avait déjà commencé à les suivre tout en évoluant le plus silencieusement possible à travers les branchages, à s’immobiliser dans une position des plus inconfortables.
— La chevalerie doit se tenir prête, continuait Edgard Noguet. Prête à partir au premier signe. Je suis certain, qu’en ce moment même, ils sont en marche pour nous détruire avant que nous puissions nous organiser…
— Vous devez vous reprendre, secrétaire Noguet, le coupa sévèrement Maître Cène. Vous parlez en proie à la peur, sans réfléchir. Or, c’est ce qu’il est primordial que nous fassions, réfléchir ! Ne pensez pas que nous ne prenons pas la situation au sérieux et nous ne sommes pas les seuls à le faire. Au moment même où nous parlons, tous les royaumes de Soreth préparent une réunion similaire à celle qui se fera demain. Alors cessez de geindre et assumez vos responsabilités !
Le secrétaire lâcha le vieil homme pour reculer comme si on l’avait giflé. Son visage n’était plus qu’un masque aux tics nerveux où se reflétait une peur incontrôlable.
— Une nouvelle Guerre de la Chair est en marche…, souffla-t-il. Et nous ne sommes pas pr…
Crac ! Il fut interrompu par le bruit d’une brindille qui se brise et le Rolf ferma les yeux alors que se décrochaient, à mesure de sa chaussure levée inutilement, des fragments de bois qui s’éparpillèrent au sol.
— Taisez-vous ! ordonna Maître Cène à l’intention d’Edgard Noguet.
Son regard s’étrécit alors qu’il tentait de percer les broussailles environnantes et le Rolf serra les dents tout en retenant sa respiration. Dans son dos, il sentait que Leati faisait de même… En plus de l’abreuver d’insultes dans l’un des recoins de sa tête. Le vieux professeur commença à s’approcher vers la source du bruit tandis que Noguet jetait de nerveux coups d’œil bien inutiles de droite à gauche.
Le Rolf ferma les yeux de nouveau avec force, priant l’Erys avec ferveur. Allant même jusqu’à jurer qu’il ne mangerait plus les chaussons à la crème de la mère Briche, y rajoutant même ses beignets au sucre glacé… Supplique qui suivit le Rolf dans l’effondrement de son petit monde alors qu’ouvrant enfin l’œil, il découvrit ceux du sévère vieil homme braqués sur sa personne.
Se disant qu’il n’aurait, de toute façon, pas tenu sa promesse envers l’Erys, Cormack offrit un pauvre sourire au conseiller de la Reine qui poussa un soupir avant de tourner la tête lorsqu’un grondement assourdissant se fit entendre. Un transporteur, se dit Cormack qui, malgré la situation, pesta intérieurement de ne pas se retrouver dans un coin dégagé d’où il aurait pu l’admirer.
De son point de vue, tout ce qu’il perçut fut l’ombre incroyable du vaisseau alors que celui-ci passait au-dessus des jardins, obstruant le soleil et recouvrant la végétation sur des centaines de mètres.
Leati va me tuer…
Alors que l’ombre laissait de nouveau place aux rayons lumineux et que le bruit commençait à peine à s’estomper, Maître Cène se remit en chemin tout en avisant le secrétaire Noguet.
— Surveillez vos dires et venez avec moi ! Les forgerons de Grimvald ne devraient plus tarder à arriver et des décisions restent à prendre !
Hochant piteusement de la tête, Edgard Noguet le suivit sans dire un mot, laissant Cormack comme deux ronds de flancs. En effet, le Rolf se sentait comme un condamné à mort venant d’être miraculeusement gracié. Il prit une grande inspiration. Qu’il était bon de vivre !
— Espèce de crétin, dit simplement Leati qui sortait à son tour des buissons.
Cormack grimaça. Sa chance risquait de ne pas durer longtemps. Puis il remarqua la mine dévastée de son amie ainsi que ses lèvres tremblantes et son soulagement soudain disparut aussitôt, remplacé par une sourde angoisse.
— Que se passe-t-il ? murmura-t-elle en avisant la direction par laquelle les deux hommes étaient partis.
Cormack secoua la tête sans savoir quoi répondre.
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