A.R

L'amour est enfant de bohéme....

Elle, elle n'en peut plus de cette attente, l'amour la brûle, la consumme, elle n'en peux plus de cette attente...

Depuis plus d’une heure, je consulte les horaires des vols, si je m’active dans trois heures je peux être à l’aéroport. Il me faut rentrer en France pour avouer à William ce que mon cœur me hurle depuis deux jours. Le soucis, aucun avion ne décollera avant Noël, une tempête est annoncée sur l’ensemble du pays. Il est vrai que les températures ont chuté en quelques heures, de moins trois nous sommes descendus à moins quinze. Le souffle d’Eole me gifle les joues au travers de mon écharpe. J’avance avec peine sur le parking pour rejoindre mon carrosse. Chaque pas en avant est un vrai chemin de croix. Je ressemble à un pantin de bois, le marionnettiste se cache sous les traits d’un vent facétieux. Les paquets cadeaux, dans chacune de mes mains, ballottent au rythme des bourrasques. Le ciel si clair en début de matinée se grime de son fond de teint poussiéreux. Je ne suis pas sûre qu’il soit prudent que je prenne la route dans de telles conditions. Dois-je voir dans la colère des éléments un signe ? Serait-il trop tard ? Aurais-je raté ma chance ?

“C'est ta chance
Le cadeau de ta naissance
Y a tant d'envies, tant de rêves qui naissent d'une vraie souffrance
Qui te lance et te soutient
C'est ta chance
Ton appétit, ton essence
La blessure où tu viendras puiser la force et l'impertinence
Qui t'avance un peu plus loin.”

Étrange. Cette chanson refait surface, tel un rappel. Je me souviens que nous étions en planque ce soir-là avec William, le temps était tout autant menaçant. La pluie martelait les vitres de la voiture. De la lumière nous étions passé à l’obscurité. Aurions-nous dû nous contenter de rester à l'abri ? Laisser glisser l’orage avant de nous jeter tête baissée dans la gueule du monstre. Je ne le sentais pas. Pourtant, je suis sortie de la voiture, j’ai avancé vers l'entrepôt, trempée jusqu'aux os. Le tonnerre couvrait les appels de mon coéquipier et puis tout a basculé. Pourquoi n'avais-je pas suivi mon intuition, ce mécanisme de survie qui m’avait sauvé les fesses plus d’une fois. Alors pourquoi ce soir-là, mes sens se sont brouillés ?

Tout au fond de moi, je sais que William est l’homme de ma vie.Je veux tenir sa main chaque jour pour l'aider à avancer et à se reconstruire. Je souhaite me noyer dans ses yeux bleu océan pour découvrir une multitude d’univers coloré. Je me souviens précisément de ses paroles avant qu’il ne perde connaissance. Ses mots ont glissé de ses lèvres sur les miennes, un filet d’air a soufflé un murmure qui est resté tatoué comme la promesse que je devais me battre pour deux. Alors ce n’est pas ce n’est pas cette tempête qui va m'arrêter.

**

• Chloé, attention recule.
• William, réveille-toi, tout va bien, ce n’est qu’un cauchemar.
  Augustin, assis au bord du lit, une main posée sur le torse de son patient tente de l’apaiser. Les battements de cœur du jeune homme ralentissent peu à peu sous la pression imposée par le médecin.
• Où est Chloé ? s’écrie-t-il en se redressant avant de s'écrouler sur l’oreiller.
• Elle va bien, rassure-toi, elle est en voyage.
• Je veux la voir, j’ai besoin de lui dire quelque chose d’important. Ça ne peut plus attendre.
• Avant tu dois retrouver des forces, annonce Élodie déboulant à son tour dans la chambre.
• Laissez-moi au moins la contacter pour lui dire que je vais bien.
• Ce sera difficile, avec la tempête qui se profile. Les réseaux sont coupés, précise une Marie Noëlle mère inquiète venue se joindre à la troupe, mais je peux t’assurer que nous veillons sur elle tout autant que sur toi.