Chapitre 1 (septième partie)
Dimanche 19 mars 2006
A sa reprise de service le mardi, Mickaël s'était arrangé avec Harris et, dès le dimanche suivant, alors que le printemps s'inscrivait au moins sur le calendrier, il put prendre sa journée. Maureen ferma la boutique dès le samedi soir et jusqu'au mercredi matin. Ils ne s'étaient pas offert de petite coupure depuis la semaine de relâche de Mickaël début janvier et la jeune femme était enchantée de retourner à Fort William. En faisant la route, par une matinée dominicale encore froide, elle songea avec plaisir qu'elle ramenait son bébé sur les lieux-mêmes de sa conception.
C'était la première fois que Maureen découvrait les Highlands à la fin de l'hiver. Les sommets étaient encore couverts de neige, mais, déjà, leurs flancs laissaient apparaître les premières couleurs d'un printemps encore timide.
Mummy était très heureuse de les revoir, l'hiver lui avait semblé si long. Elle les accueillit avec un ragoût qui avait mijoté à petit feu depuis la veille et une purée de pommes de terre que Maureen trouva délicieuse. Le sourire malicieux de la vieille dame lui fit comprendre qu'elle y avait mis un peu de crème... Et, en dessert, ils eurent bien entendu droit à la fameuse tarte aux pommes.
Ils prirent place dans le petit coin salon, Mickaël avait remis quelques bûches dans la cheminée. Des nuages bas s'étiraient au-dessus des monts d'Ardgour et le Loch Linnhe étalait paresseusement ses eaux d'un gris bleuté. Dans la théière, "Fanfaron" distillait ses parfums suaves. Mummy s'était assise dans son fauteuil, reposant un peu ses pieds en hauteur, sur un petit banc. Installé en face d'elle, Mickaël fit le service, puis passa son bras autour des épaules de Maureen. Ils dégustèrent quelques bouchées de la tarte en admirant le paysage. Le jeune homme était persuadé qu'un rayon de soleil finirait par percer les nuages, car, déjà, quelques lambeaux de ciel bleu se découvraient dans le ciel. Quand il apparut, il eut un petit sourire entendu et dit :
- Mummy, nous avons une grande nouvelle à t'annoncer. Et quoi de mieux qu'un rayon de soleil printanier pour l'accompagner...
- Tu es optimiste avec ton rayon de soleil printanier, répondit-elle. Il est encore un peu pâle.
- Il va grandir et devenir plus fort.
- Hum..., fit-elle un peu dubitative.
Ses yeux pétillaient de malice et Maureen comprit qu'elle était impatiente de connaître cette fameuse nouvelle.
- Maureen attend un bébé, Mummy, dit simplement Mickaël en fixant sa grand-mère droit dans les yeux.
Il avait à cet instant cet éclat de bleu lumineux au milieu de ses yeux verts que Maureen aimait tant.
La réaction de Mummy fut assez semblable à celle de sa fille. Elle porta rapidement les mains à son visage, puis les claqua entre elles une fois, comme si elle avait voulu applaudir. Puis elle leur ouvrit les bras et Mickaël se leva le premier pour embrasser sa grand-mère. Quand ce fut au tour de Maureen, elle lui dit :
- Il va falloir bien prendre soin de toi, maintenant.
Puis elle tourna son regard vers la vue au-dehors et, à cet instant, tous deux surent qu'elle avait une pensée pour Steven.
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