Mercredi 3 mai 2006

Véra et Jimmy avaient annoncé à Mummy leur venue pour le milieu de semaine, à l'occasion des vacances de Springbank. Ils avaient passé les premiers jours dans la famille de Jimmy. Léony était ravie de revoir son tonton et sa tata et de pouvoir passer au moins deux jours de vacances avec eux. Quant à Mummy, la joie et les sourires ne quittaient pas son visage d'avoir ses deux petits-enfants avec elle, ainsi que la descendance, y compris celle à venir.

Ce fut lors du premier repas pris tous ensemble que Mickaël parla du projet de rachat du restaurant à sa sœur et à son beau-frère. Ils l'écoutèrent avec beaucoup d'attention et Jimmy se proposa d'emblée pour les aider pour les travaux, tout du moins, si cela pouvait coïncider avec ses propres congés.

- Pour l'heure, on n'est sûr de rien, dit Mickaël. Merci, Jimmy, c'est vraiment sympa de vouloir nous aider. Certes, le restaurant est bien placé, le propriétaire ne vend pas très cher. Ca peut être une bonne opportunité, mais il y a encore beaucoup d'inconnues.

- Oui, intervint Véra. Le bébé est une sacrée inconnue...

- On ne dira rien, répondit Mickaël avec malice. Et, de toute façon, il est encore trop tôt pour savoir. Non, sérieusement, pour le restau... Il y a encore beaucoup d'étapes à franchir avant de dire : ok, on y va. Même si Sam pousse à la roue et que Mummy m'a fait un beau cadeau avec l'argent qu'elle a mis de côté pour moi. Il faut qu'on étudie le plan de financement, qu'on réfléchisse aussi Sam et moi à notre organisation future. Est-ce qu'on peut assurer à deux ? Avec combien de couverts ? Un ou deux services ? Midi et soir ou seulement le soir ? Faut-il embaucher du personnel ? Au minimum une personne pour le service... Même si Maureen fait la comptabilité, il y a d'autres aspects administratifs à envisager et dont nous ne nous occupions pas du tout jusqu'à présent, puisque c'était du ressort d'Harris ou de sa femme. Bref...

- T'es prudent, fit remarquer Véra.

- C'est ce que Sam me serine. Pas question de se lancer bille en tête sans avoir étudié les choses. Néanmoins, je reconnais que c'est un beau projet. Et que, dès notre retour à Glasgow, je vais m'employer à répondre à certaines questions, et commencer par en parler avec Harris. Ca me semble être vraiment la première chose à faire. Ensuite, on démarchera les banques et là... Ce sera quitte ou double.

Véra se leva pour rapporter un plat en cuisine, son frère l'y suivit. Jimmy commença à débarrasser pour qu'ils puissent passer au dessert. Pour l'arrivée de sa sœur et de son beau-frère - et pour faire plaisir à Léony -, Mickaël avait préparé une tarte aux fraises, avec les petits fruits du jardin que Mummy et Maureen avaient cueillis le matin-même. Ils prirent un thé en accompagnement.

- Doux ou Oriental ? proposa Mickaël. Ce dernier ira assez bien avec la tarte...

- Je préfère Doux, dit Maureen.

- Moi aussi, fit Mummy.

- Ca m'est égal, répondit Véra.

- Va pour Oriental, dit Jimmy. Histoire de changer un peu...

Mickaël prépara deux théières, fit le service après avoir découpé la tarte. Léony n'avait pas attendu et engloutissait déjà une belle fraise. Elle reconnut le parfum de menthe qui émanait de la tasse de son père et dit :

- Il y a de la menthe dans ce thé, tonton !

- Oui, bien, pitchoune ! sourit Mickaël, ravi. Ca te rappelle quelque chose ?

- Oui ! Tu me feras un dessert comme l'année dernière ?

- Pour demain, oui.

- Pas pour ce soir ? insista la petite fille.

- Non, pas pour ce soir. Tantôt, on va jardiner. Si tu veux avoir des framboises l'été prochain, ton père et moi, on doit s'en occuper. Et on va commencer dès la fin du repas.

Jimmy soupira et son air désespéré fit rire tout le monde. Mummy le consola en lui tapotant le bras :

- Il y aura une tarte aux pommes pour le goûter, Jimmy. Tu pourras faire une pause...

- Ca donne aussitôt beaucoup plus envie de s'attaquer aux framboisiers, répondit-il en souriant.

Après le repas, tout le monde gagna le jardin, sauf Maureen qui s'allongea pour une sieste. A son lever, elle les rejoignit et occupa Léony pendant que Mickaël et Jimmy travaillaient et que Véra aidait sa grand-mère dans le potager. Il fallait éclaircir les rangs de carottes, repiquer les salades. La journée passa ainsi, dans une ambiance familiale heureuse et décontractée. Le soir-même, Maureen s'endormit dans les bras de Mickaël en songeant que la vie ici serait vraiment bien agréable...