Chapitre 3 (huitième partie)
Jeudi 1er juin 2006
Dès le lendemain matin, Maureen n'ouvrit pas sa boutique, assurant simplement les commandes en cours. Elle annula aussi une partie de ses livraisons, ne réservant que les fleurs dont elle aurait besoin pour ses dernières commandes. Puis, dès qu'elle entendit que Mickaël s'activait à l'étage, elle remonta.
- C'est calme ? demanda-t-il un peu étonné en la voyant apparaître à cette heure.
- J'ai fermé depuis ce matin, répondit-elle. Tu as bien dormi ?
- Oui, ça va. Pourquoi as-tu fermé ? dit-il d'un ton déjà un peu inquiet.
- J'ai vu la médecin hier soir. Je dois me reposer. Il faut qu'on en discute...
- Il y a un souci ? demanda-t-il en s'avançant vers elle et en la prenant aussitôt dans ses bras.
- Je ne vais pas pouvoir continuer à travailler, répondit-elle avec un soupçon de tristesse dans la voix. Je fatigue à trop rester debout et à piétiner. Je vais devoir fermer la boutique plus tôt. La médecin a juste accepté que j'honore les commandes en cours, mais je ne dois plus servir. J'ai déjà annulé les prochaines livraisons de fleurs. Il me reste surtout cinq commandes pour la fin de semaine et une importante pour la semaine prochaine. Plus quelques petits bouquets, ça ira. J'en ai refusé deux autres ce matin, ça me fait bizarre...
- C'est sûr, mais il ne faut pas que tu prennes de risques. Tu pourras te reposer les jours prochains. Tu y arriveras toute seule en fin de semaine ? Tu veux que je t'aide samedi ?
- Je préparerai déjà tous les supports vendredi, et toutes les fleurs aussi. Ainsi, je n'aurai que les assemblages à réaliser samedi matin. Et je ferai pareil la semaine prochaine. Ce sont toutes des compositions pour un mariage, ça me demandera vraiment du travail.
- On peut aussi demander à maman de venir, si tu veux, suggéra Mickaël.
Maureen hésita à peine :
- Si tu veux, oui.
- Ok, je me charge de l'appeler dans l'après-midi, durant la pause.
Puis Mickaël prit place à table et commença à déjeuner. Maureen dit :
- En rendant le bail du magasin, je vais aussi devoir rendre l'appartement ici. Il faudra que tu me supportes chez toi... avant qu'on ne parte pour Fort William.
- Ce sera vraiment terrible pour moi... sourit-il. Je devrais survivre.
Maureen sourit en retour, amusée. Depuis qu'elle était enceinte, il leur était arrivé d'aborder plusieurs fois la question. Et Mickaël avait même commencé à chercher un logement plus grand, sur Glasgow, quand l'opportunité trouvée par Sam lui avait fait abandonner ses démarches. Pas la peine de changer de lieu de vie pour quelques mois.
- Figure-toi que Sam a déjà embauché Willy, Shana et son père pour l'aider à faire ses cartons ? Jenn viendra aussi, bien entendu, et John s'est proposé pour le coup de main également.
- Vu le bazar que possède Sam, il vaut mieux qu'ils soient nombreux, fit remarquer Maureen avec amusement.
- On dira à Jenn de venir t'aider pour les tiens. Ainsi, elle aura de l'entraînement, dit Mickael d'un ton où la malice cachait difficilement l'inquiétude.
Maureen rit franchement. Elle posa son bras sur la table, Mickaël s'en saisit aussitôt et lui caressa tendrement le poignet.
- Ca fait beaucoup de choses d'un coup, n'est-ce pas ?
- Je trouve aussi, répondit-elle. Tu crois qu'on va tenir le rythme ?
- Il le faudra bien, soupira-t-il. Dès qu'on sera à Fort William, ce sera déjà plus calme. Et Mummy te chouchoutera, tu verras... Tu seras une vraie princesse, là !
- Je n'en doute pas une seconde.
Maureen lui sourit doucement, ne répondit rien. Elle le laissa finir de déjeuner et se préparer, il allait partir pour la criée et s'il bénéficierait de ses deux prochaines matinées, en revanche, les deux dernières soirées de la semaine seraient chargées pour lui.
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