Dimanche 23 juillet 2006

Le retour d'Ingrid et Henry à Glasgow donna lieu à une grande scène de Léony. Elle ne voulait pas quitter sa Mummy. Elle ne comprenait pas pourquoi elle devrait retourner en ville, alors que ses parents arriveraient dans quelques jours à Fort William. Mummy n'était pas loin de partager son avis, mais elle ne voulait pas que la présence de la petite fille fatigue Maureen. En d'autres circonstances, elle l'aurait gardée avec elle sans soucis. A sept ans, Léony était maintenant autonome pour beaucoup de choses du quotidien, sa mère n'ayant pas l'attitude de la "couver".

- C'est vrai que c'est un peu stupide de la ramener à Glasgow pour quatre jours, dit Mummy. Puisque Véra et Jimmy comptent arriver vendredi prochain. Et Mickaël sera là juste après. Elle pourrait bien rester.

- Elle fait un caprice ! dit Ingrid qui se fâchait rarement. Elle m'épuise, là. Maman, tu es toute seule avec Maureen et elle a besoin de repos, tu le sais aussi bien que moi. Je ne veux pas vous laisser Léony. S'il y a un souci, on ne pourra pas revenir...

- Pourquoi y aurait-il un souci ? Et puis, je peux demander de l'aide à Mary, à Jenn, si nécessaire, fit remarquer sa mère.

- Véra va être furieuse si on lui cède, soupira Ingrid.

- Pas si c'est moi qui lui explique, dit Mummy en se dirigeant d'un pas décidé vers le téléphone.

En quelques échanges, Mummy régla les choses avec sa petite-fille et Léony obtint gain de cause : elle allait elle aussi pouvoir veiller sur sa "tata".

**

Le soir-même, après le départ d'Ingrid et Henry, Maureen téléphona à Mickaël.

- Bonsoir, mon cœur, comment vas-tu ?

- Bonsoir, ma douce. Je vais bien, et toi ? répondit-il.

- Je vais très bien. Aucun souci, dit-elle d'une voix heureuse.

- Vous voilà toutes seules à nouveau, Mummy et toi ? fit-il.

- Non, pas toutes seules... Léony est restée avec nous, annonça la jeune femme.

- Ah bon ? s'étonna-t-il. Je croyais que papa et maman l'auraient ramenée...

- C'était ce qui était prévu, oui, sourit Maureen. Mais elle a insisté pour rester, ta grand-mère trouvait que c'était idiot de la faire repartir pour quelques jours alors que ta sœur et Jimmy ont prévu d'arriver vendredi après-midi...

- Ce n'est pas faux... J'imagine qu'il n'a pas fallu trop insister...

- Mummy s'est arrangée avec ta sœur. Nous allons passer de bonnes journées toutes les trois, j'en suis certaine !

- J'en suis certain aussi... Et donc, tout va bien ? Le bébé bouge toujours autant ?

- Oui... Là, il remue doucement... Il ne me donne pas encore trop de coups de pied, je ne me plains pas !

- Tu revois le médecin demain ?

- Oui, répondit Maureen. Je te tiendrai au courant.

- Tu peux m'appeler dès la fin de ton rendez-vous, dit-il, je serai réveillé. Je me suis offert une bonne matinée de repos ce matin, car j'ai bien l'intention de profiter de ma journée de demain pour avancer les cartons.

- Où en es-tu ? demanda-t-elle.

- Et bien, répondit-il, disons que pour ce qui est du salon et de la chambre, j'ai bien avancé. J'ai commencé à vider les placards de l'entrée tantôt, mais je n'ai pas fini. Je n'en aurais pas pour très longtemps demain. Et, après, j'attaque la cuisine.

- C'est un gros morceau... fit remarquer Maureen.

- C'est le plus gros morceau, tu veux dire ! rit-il. Et le plus délicat aussi, car il ne faut pas que j'emballe trop de choses, j'ai encore besoin de me faire à manger...

Elle hocha la tête. Il poursuivit :

- Je me suis arrangé avec Willy, il va pouvoir emprunter la camionnette de son père et on pourra tout y mettre. Je n'ai pas beaucoup de meubles, de toute façon, et je laisse toute la cuisine en place, y compris la table. Mais il y aura des cartons... C'est bien que papa et maman aient pu en apporter un peu avec eux l'autre fois.

- Oui, il fallait profiter aussi qu'ils soient venus avec les deux voitures... fit Maureen. Tu es certain de ne pas avoir besoin de la mienne d'ici là ?

- Non, pas du tout. Au pire, si Jenn revient d'ici quelques jours pour terminer le rangement chez Sam, je verrai avec elle. Et je préférais que tu aies la tienne, maintenant, surtout pour tes rendez-vous et d'autant plus si Léony est avec vous. Vous pourrez aller vous promener, l'emmener à la plage...

- Oui, tout à fait. Là, on vient de finir le repas et Léony a commencé à installer le jeu de petits chevaux sur la table. Mummy prépare le thé et elles vont m'attendre pour commencer la partie...

- Ok, je ne te retiens pas alors, sourit Mickaël à l'idée de les imaginer autour de la table de la salle à manger en train de jouer. Je t'embrasse, ma douce, très fort. Et à demain...

- Je t'embrasse aussi. A demain.

Jeudi 27 juillet 2006

Les cinq jours où elles restèrent toutes les trois se passèrent sans aucun problème. Léony laissait Maureen se reposer autant que la jeune femme en avait besoin et, pour rendre les choses plus simples, Mummy accepta même de les accompagner à la plage. Mais Léony ne devait pas rester dans l'eau au-delà du raisonnable. Le soir, elles jouaient à des jeux de société de l'âge de la petite-fille et Mummy commença à lui apprendre à écrire certains mots en français. Maureen se prit au jeu elle aussi et se promit de réserver une petite surprise à Mickaël en apprenant deux petites chansons en français avec la petite-fille et un petit dialogue qu'elles imaginèrent ensemble.

La veille de l'arrivée de Véra et Jimmy, la journée fut maussade et pluvieuse, et Mummy passa plusieurs heures à la cuisine pour prendre un peu d'avance pour ses repas. Léony ne s'était pas montrée difficile pour manger, y compris de la soupe le soir, ce dont son aïeule ne manqua pas de la féliciter.