Chapitre 5 (quatrième partie)
Vendredi 4 août 2006
C'était un peu fébrile que Mickaël attendait aux côtés de Maureen, avant de pouvoir rencontrer le médecin. Lui n'avait pas assisté au précédent rendez-vous de la jeune femme et ce jour-là était de plus marquant : ce serait la dernière échographie avant la naissance.
L'examen se passa sans problème. Le médecin reposa la question quant à savoir s'ils voulaient connaître le sexe de l'enfant, et ils déclinèrent tous les deux avec assurance cette possibilité. Le regard de Mickaël pétillait. Il pensait à sa sœur qui allait râler de devoir patienter encore deux mois... ce qui l'amusait beaucoup. Si Maureen n'avait pas voulu garder le mystère, il n'aurait pas vu d'inconvénient à apprendre la nouvelle avant, lui aussi. Mais ils y tenaient tous les deux, et cela lui plaisait. C'était une preuve supplémentaire de l'entente profonde qui existait entre eux deux, une autre de ces multiples preuves de leur amour.
Le médecin rappela quelques conseils à Maureen, prit également sa tension, et demanda une prise de sang pour la semaine à venir, pour un contrôle habituel.
- Tout va bien, conclut-il. Mais ne présumez pas de vos forces, Miss. Je vous revois dans un mois. On va fixer le rendez-vous dès à présent. Quel jour vous conviendrait le mieux ?
- Le lundi, répondit Mickaël. On sera fermé ce jour-là.
- Fermé ? s'étonna le médecin.
- Oui, répondit-il. Mon associé et moi reprenons le restaurant du port. Or le lundi, on fera relâche. Le dimanche soir aussi, mais seulement durant la saison creuse.
- Ah, oui... J'avais vu que Ron vendait... Je ne savais pas qu'il avait déjà trouvé des repreneurs, fit le médecin. Si je peux me permettre, autant nous pouvons fixer les rendez-vous sans problème ce jour-là, autant pour la naissance...
- Je sais, rit Mickaël. En même temps, s'il fait comme moi... Ma mère devait accoucher à Glasgow et je suis arrivé avec deux semaines d'avance, parce que je voulais naître dans les Highlands !
L'anecdote fit rire le médecin qui répondit :
- Alors peut-être ce bébé vous jouera-t-il un petit tour à sa manière, lui aussi !
Maureen sourit et se demanda si l'enfant déciderait de pousser son premier cri alors que son père serait en plein service...
A leur retour, ils retrouvèrent toute la famille occupée au jardin. Le potager donnait à plein et si Jimmy était en train de s'occuper des rangs de pommes de terre, Mummy et Véra cueillaient les haricots verts. Léony avait pour charge de ramasser les fraises, mais à sa figure, ils se doutèrent qu'elle en mangeait autant qu'elle en cueillait.
- Alors ? demanda Véra. C'est quoi ?
- Surprise... répondit son frère. Tu t'attendais à autre chose ?
- Vous êtes désespérants, tous les deux... soupira-t-elle en se penchant à nouveau dans le rang de haricots dont elle s'occupait. Tu vas pouvoir nous préparer des haricots ce midi, ça donne à plein. On passe tous les jours...
- Je vais faire des bocaux aussi, dit Mummy.
Véra étouffa un gémissement.
- Tu parles de vacances... On trime comme des bêtes ! lança-t-elle d'un ton moqueur à sa grand-mère.
- Reconnais que ces haricots sont meilleurs que ceux que tu achètes en conserve l'hiver... rétorqua la vieille dame.
- En tout cas, moi, je les trouve meilleurs ! s'exclama Jimmy du fond du potager, avant que sa femme ait eu le temps de répondre.
- Moi aussi ! cria Léony en venant vers eux et en tendant le saladier pour qu'ils se servent en fraises.
- Hum, délicieuse, Léony, merci, dit Mickaël en savourant la première. Tu as fait une sacrée cueillette...
- Il en reste... Tu viens m'aider, tonton ?
- Ok...
- Je ne sais pas, Léony, si tonton va pouvoir t'aider, reprit Véra... Il faut aussi qu'il nous prépare à manger... On est trop occupé ici depuis ce matin.
- J'ai compris, je vais squatter la cuisine...
- Tu fais cela si bien, ce serait dommage de t'en priver, dit encore sa sœur en lui lançant un clin d'œil.
Maureen regarda Léony, un peu dépitée avec son saladier. Elle lui prit la main et dit :
- Tiens, donne-moi le saladier, Léony, je vais t'aider. Tu ramasseras les fraises et moi, je tiendrai le saladier, ce sera plus facile pour toi.
- Merci, sourit la petite fille. Surtout qu'il s'est déjà renversé une fois... ou deux...
Samedi 5 août 2006
L'arrivée de Sam à Fort William fut un véritable événement, mais Maureen n'assista pas au déménagement. Jimmy et Mickaël allèrent donner un coup de main, dès la fin de matinée, après avoir été prévenus par Jenn qu'ils arrivaient. La jeune femme et son père faisaient le trajet depuis Glasgow en voiture, alors que William et Sam se trouvaient dans la camionnette. Cette dernière était deux fois plus chargée que lors du précédent voyage avec les affaires de Mickaël. A la décharge du grand jeune homme maigre, il était obligé d'emmener toutes ses affaires à Fort William, alors que Mickaël avait pu en laisser à Glasgow. Et Sam avait aussi beaucoup plus de bazar que son ami. Fort heureusement, le garage de John était grand et ils y stockèrent l'essentiel du mobilier et des cartons.
Une fois la camionnette et la voiture déchargées, Sam ouvrit cependant un des cartons dans lequel se trouvaient plusieurs bouteilles de whisky et offrit une tournée à tous.
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