Quand elle reprit conscience du monde qui l'entourait, Monsieur Jacques gisait à ses pieds, empoisonné ; elle reconnut l'effet de la Datura en cas de surdosage.

Son bras la picotait là où elle avait été touchée dans son dernier rêve. En voyant le cadavre de son maître en herboristerie et tortionnaire pendant des années, elle fut prise d'un fou-rire incontrôlable.

Elle riait encore sur la charrette qui la conduisait vers la Place de la Grève. Les gens venus pour assister au supplice d'Aélis rentrèrent chez eux avec la chair de poule, tant son rire dément les avait retournés.

Elle ne s'arrêta de rire qu'en voyant la femme à la cape blanche apparaître devant elle.

- Tu as accompli ma vengeance, et te voilà en route vers ton destin, ainsi que je te l'avais promis, déclara-t-elle simplement avant de s'évaporer.

Réalisant la portée de ses mots, Aélis se remit à rire, mais cette fois de l'ironie qui voulait qu'elle meure pour la quatrième fois sur le même bûcher.

Elle avait compris la signification de son rêve, et quand elle se réveillerait, elle pourrait tout dire à Monsieur Jacques, pour le prévenir que l'ennemi était tout proche de lui.

Lorsque les flammes léchèrent le bord de sa chemise, elle tordit la tête pour apercevoir son bras, mais celui-ci avait déjà été englouti par la fournaise.

Autour du corps inanimé de Monsieur Jacques, elle avait vu ses pots de plantes médicinales brisés ; les tessons formaient comme un huit qui auréolait sa tête.

Aélis se tut et murmura en son for intérieur : "Ce n'est que la fin du quatrième rêve, je vais me réveiller d'un instant à l'autre..."

Sa dernière vision fut celle d'une cape blanche, d'un visage féminin, d'un sourire.