J’ai poussé en vain comme de la mauvaise herbe

Entre deux pavés de béton trop mal posés

Ma plume a fleuri dans les bars de névrosés

Pas étonnant qu'elle soit souvent si acerbe

J'ai aimé tellement de femmes différentes

Des belles plantes qui m'ont fait m'enraciner

Des roses pleines d'épines trop transparentes

Sur lesquelles j'ai failli mille fois faner

J'ai poussé entre deux mondes et deux cultures

Telle une triste pensée privée de couleur

Un croisement que tous jugent contre-nature

Mais j'ai la fierté d'avoir poussé sans tuteur

J'ai aimé tant de fois labouré tant de champs

Mais jamais aucun de mes amours ne germe

Leurs beaux bourgeons sont tous morts dans mon cœur méchant

Car au fond de moi je reste une mauvaise herbe