Chapitre II

11 minutes de lecture

-Jack ! Jack bordel de merde qu’est ce que tu as fais ?

Il arrive face à moi l’air détaché. Mais je vois bien la culpabilité dans le fond de ses yeux. Quand on l’observe rapidement on peut se dire que c’est juste un gros balourd avec un peu d'embonpoint, mais quand on y regarde de plus près on réalise rapidement qu’il est doté d’une force exceptionnel, et pour avoir combattu à de nombreuse reprise à ses côtés, je sais qu’il peut manier n’importe quel type d’arme à feu comme personne. Personne mis à part moi bien entendu. De plus c’est un ami très cher qui est à mes côtés depuis maintenant de nombreuse années. Mais parfois, il arrive à m'agacer de manière prodigieuse.

-Qu’est ce qu’il se passe ? Il demande avec une voix détachée.

-Jack ! Il fait une chaleur étouffante dans ce vaisseau ! Alors soit on s’approche un peu trop d’une étoile, soit tu as bidouillé je ne sais quoi avec le régulateur de température.

La réponse était on ne peut plus évidente. Nous étions toujours en orbite autour de la planète du Baron, et le régulateur était de nouveau actif depuis que nous avions quitté les docks une vingtaine de minutes plus tôt et la température était alors montée en flèche.

-Salem ! Occupe toi de nous calculer la trajectoire. Et toi jack, tu vas ramener ton cul en salle des machines avec moi et on va tâcher de régler ça !

-Mais Capitaine tu…

-Je t’avais dis de ne rien toucher jusqu’à ce qu’on arrive sur Bizira !

-Je suis le mécano de ce tas de ferraille ou pas ?

-Oui tu l’es ! Quand il s’agit de s’occuper du moteur, de l’armement, de tous les gros trucs qui font du bruit ! Mais quand il s’agit de technologie plus fine, comme, oh tiens le régulateur de température par exemple. Tu n’y touche pas ! Compris ?

-Ouais… compris Capitaine.

-Allons régler ça maintenant.

___________

-Capitaine ?

C’est la voix de Salem qui sort de mon intercom. Cela fait une bonne heure que nous sommes en chemin et je suis en nage à présent. La température à bord a dû dépasser les 30°C et ça ne m’aide pas à me concentrer sur les réparations.

-Quoi ? Je répond de très mauvaise humeur en appuyant sur mon oreillette.

-J’ai un truc étrange qui apparaît sur un écran et j’aimerais ton avis.

-C’est urgent ? Parce qu’il fait toujours une chaleur à crever et je suis loin d’avoir finis ces foutus réparations.

-Vous pouvez pas laissez Jack s’en charger ?

-Tu plaisantes ?

-Heu… Bref… Oui ça pourrait s’avérer urgent.

-J’arrive. Et toi ne touche à rien ! Je menace Jack qui lève les bras en l’air pour signifier qu’il ne fera sans doute rien de trop stupide.

____________

-La tu vois ?

Elle me désigne un écran sur lequel on voit une reproduction schématique du vaisseau. Une des salles de stockage clignote en bleu et c’est ce qui semble l’inquiéter.

-C’est quoi le problème ?

-La dernière fois qu’on avait eu des rats dans le vaisseau. J’avais bidouillé un réglage pour détecter les mouvements dans les salles de stockage pour pouvoir les repérer.

-Et donc ? Tu m’as fais venir ici pour que je te donne mon avis sur la présence de rats ?

-Ce n’est pas un rat vu la taille.

Je la regarde interloqué. J’ai peur de comprendre ce qu’elle veut insinuer et après quelques secondes elle me le confirme de vive voix : “On a un passager clandestin.”

___________

Jack et moi sommes armes au poing devant la salle de stockage d'où provient le signal. Il me fait un décompte avec ses doigts en silence, et quand le compteur arrive à zéro il appuie sur l’interrupteur d’ouverture de la porte. J’entre d’un pas vif mon arme en avant et reste bouché bée en découvrant tranquillement assis en tailleur au milieu de la pièce vide : Kyos, le fils du baron. Il a un petit sourire narquois sur le visage et paraît on ne peut plus décontracté.

-Qu’est ce que tu fous là !

Je le tiens en joue avec mon arme et ça ne semble pas l’impressionner le moins du monde.

-Bonjour Hiero. Il dit avec ce même sourire ingénue que lorsque je l’ai rencontré chez son père.

-Je répète la question. Qu’est-ce que tu fous là ?

-Disons que… Je me suis peut être introduit clandestinement dans votre vaisseau.

-Quoi ? Mais… Pourquoi ?

-Fallait que je quitte la planète de mon père. Et votre vaisseau semblait une option intéressante.

Son regard est dur et très sérieux. Je reste un instant sans ne rien dire, ne sachant absolument pas comment réagir. Finalement je range mon arme dans mon holster. Jack a mes côtés fait de même tout en me lançant un regard plein d’interrogations.

-Et pourquoi a tu choisis de venir sur ce vaisseau ? Qu’est-ce que tu fous ici ?

-Vous étiez le premier à partir, c’était une belle opportunité. Je ne me sentais plus en sécurité là bas.

-Merde. Allez sort de la !

Il se redresse souplement et commence à marcher dans notre direction. Jack l’attrape par une épaule et le dirige devant lui en direction des parties supérieure du vaisseau. Une fois dans la cuisine il le fait asseoir de force sur une chaise autour de la table, et je prend place en face de lui.

-Salut le clandestin.

-Salem commence pas…

Elle vient de nous rejoindre et la situation semble beaucoup l’amusé. A croire qu’elle ne prend jamais rien au sérieux. C’est pourtant la doyenne du vaisseau, on aurait pu s’imaginer qu’elle serait plus mature que ça. Cela dit avec ses cheveux violet et ses fringues bariolées elle à plus l‘allure d’une gamine excentrique qu’autre chose.

-Ok Salem. Dis moi où on est…

-À une vingtaine d’heure de Bizira.

-On peut revenir sur la planète du baron ?

-Faut que je calcul une nouvelle trajectoire. Je pense qu’on peut y retourner en trois heures environ. Mais je ne pense pas que ça soit une bonne idée… J’aime pas trop ce type la et...

-Fais demi tour Salem !

-Mais..

-Salem ne discute pas.

-Ca me semble être une mauvaise idée Capitaine Hiero.

Je jette un regard noir à Kyos. Il semble serein. Beaucoup trop pour une personne que l’on s’apprête à ramener manu militari à son père.

-Qu’est ce que tu veux dire par “mauvaise idée” ? Tu sais je n’aime pas beaucoup qu’on s’infiltre dans mon vaisseau comme un voleur. Je pense que ton père sera ravis de te revoir. Peut être même qu’il nous récompensera.

-Oui il risque sans aucun doute de vous accueillir avec ses amis du Cercle.

-Quoi ?

-Vous ne vous êtes pas étonné d’obtenir un contrat si simple de la part de mon père ? Si bien payé pour si peu de travail fourni. En vérité le Cercle menace de s’emparer des exploitations minières de mon père depuis des mois maintenant. Et mon père a négocié sa liberté en leur promettant de leur donner un moyen de vous livrer à eux. La mission à laquelle vous avez participé n’avait qu’un seul objectif, vous exhiber aux yeux du général du Cercle avec qui il négocie. Et une fois qu’il a eu confirmation qu’il s’agissait bien de vous, il n’avait plus qu’à vous traquer.

-Putain ! Je savais que ça finirait mal ! Annonce Jack sur un ton plein de colère.

-Ca ne tiens pas debout… pourquoi il n’aurait pas tenté de nous avoir quand on était sur place dans ce cas ?

-Mon père a négocier pour ne pas créer de problème chez lui. Ils étaient censé vous capturer, vous, votre vaisseau et votre équipage une fois que vous seriez partie.

-Parfais. Alors il ne nous aurons jamais. On continue donc notre chemin Salem. Et on abandonne le gosse sur Bizira.

-Capitaine Hiero est-ce que vous pourriez pas plutôt me garder avec vous quelque temps je pourrais vous êtres utile et…

-Certainement pas. Tu nous as déjà causé assez d’ennui. Et l’équipage est au complet.

Je jette un coup d’oeil à Jack qui semble un peu perdu. Il secoue doucement la tête l’air de dire que la décision me revient, avant de déposer une tasse de café fumante devant notre invité indésirable. Un instant je me demande pourquoi il lui donne ça, parce qu’on n’offre pas à boire à un intrus, et parce qu’on ne boit pas un café brûlant quand il fait aussi chaud dans un vaisseau.

-Il nous a quand même filé l’info au sujet de son père et du Cercle. Annonce Tranquillement Salem.

-Rien à foutre ! Je n’ai rien contre toi Kyos. Même si ta façon de faire ne me plais pas. Mais je ne me trimballe pas le fils d’un baron qui me mettrait des mercenaires au cul pour te retrouver.

-Je… Je ne pense pas que mon père cherchera à me retrouver. Il serait plutôt du genre à se dire qu’il est content de se débarrasser de moi.

-Dans tous les cas tu continueras ton aventure sans nous.

-Capitaine. Je vous déconseille d’envisager de vous séparer de moi.

-Et pourquoi je devrais m’encombrer ? Je répond d’une voix que je veux dure et froide.

-Parce que vous ne voulez pas que vos ennemies vous rattrape ? Il y a un traceur dans l’ordinateur de bord du Voyageur. A l’heure actuel ils vous suivent à la trace.

Il dit ça d’une voix posée, très inquiétante, avant de boire une gorgée de café tranquillement comme si nous étions assis à la table d’un bar entre amis en train de parler de tout et de rien. Je jette un coup d’œil à Selma, elle soulève ostensiblement les épaules pour signaler qu’elle ne comprend pas plus que moi ce qu’il vient de dire.

-De quoi tu parles ?

-La clé de cryptage que vous avez introduit dans votre ordinateur. Celle qui soit disant vous a permis d’atterrir sans encombre pour la mission de mon père et d’emmener la cargaison. Et bien ce n’en était pas vraiment une. Tout ce qu’elle contenait en réalité c’est un virus qui diffuse sur des ondes cryptés votre position au Cercle.

-Attend. Comment tu sais tout ça ? Demande Jack qui avait soudain pâli.

Il semble un peu gêné avant de lâcher d’une voix sans émotion :

-C’était mon plan. C’est moi qui lui ait dit de faire ça pour vous cerner, et c’est encore moi qui ai créé le virus qui a infecté votre ordinateur.

-Tu te fous de notre gueule ? Et tu nous annonce ça comme ça ? Et tu espère qu’on va pas te jeter par le sas du vaisseau maintenant ? Lui hurle Jack aux oreilles ce qui a le mérite de faire passer une expression de frayeur sur son visage.

-Je suis désolé ok. J’en suis pas fier du tout. Mais je devais sauver ma peau. Mon père menaçait de se débarrasser de moi et je… Je n’ai pas trouvé d’autres solution pour entrer dans ses bonnes grâces.

Je ne saurais dire pourquoi mais il semble sincère. Mais peut être que je le trouve simplement trop mignon pour lui en vouloir complètement.

-Salem ? Tu peux vérifier si ce qu’il dit est vrai ?

-Je pense oui. Maintenant que je sais que ce virus est là je devrais pouvoir le trouver.

-Ok. Trouve le et débarrasse nous de ça.

-Oui Capitaine.

Soudain très sérieuse, elle quitte la pièce précipitamment en direction du poste de pilotage. Jack se positionne debout derrière Kyos, et je pose mon arme sur la table devant moi, à portée de main. Je fixe notre invité indésirable sans rien dire. Il soutient mon regard, avec beaucoup de hardiesse je dois bien l’admettre. Mais une lueur d’inquiétude se laisse entrapercevoir au fond de ses yeux.

-Comment tu es monté à bord ?

-Disons que… Je suis doué pour ça… Écoutez Hiero je ne vous veux aucun mal, ni à vous, ni à toutes les personnes à bord de ce vaisseau. On ne m’a pas laissé le choix que de faire ça. Mais j’ai vu là une opportunité pour vous comme pour moi. D’un côté je vous averti au sujet du virus, et de l’autre vous m’emmenez avec vous…

Il y a une sorte de supplique dans sa façon de parler et ça ne me laisse pas indifférent. Je préfère donc ne pas lui répondre.

Et quelques minutes plus tard Salem me contact via mon intercom et me confirme la présence du parasite informatique et qu’un signale est bel et bien diffusé. De plus elle ajoute qu’elle ne pourra rien faire pour le supprimer, mis à part stopper toute l’alimentation du vaisseau.

-Salem a trouvé ton petit cadeau.

-Elle n’arrivera pas à supprimer le virus. Il finit par lâcher.

-Et pourquoi pas ?

-Je suis… Plutôt doué dans ce domaine. Je doute qu’elle ai les compétences pour s’en charger. Moi en revanche je peux facilement vous en débarrasser.

-Parce que c’est toi qui l’a créé.

-En effet.

Il sourit, il veut faire croire que la situation l’amuse.

-Ok alors tu vas le supprimer…

-J’y gagne quoi ?

-Ca t’éviteras de souffrir, de te faire charcuter, jusqu’à ce qu’on arrive à destination. On pourrait aussi tout simplement te buter.

Jack ricane dans son dos. Évidemment ni l’un ni l’autre ne serions capable de le torturer, rien que d’y penser mon estomac se soulève, mais ça il ne le sait pas, et Je remarque qu’il a un frisson malgré la chaleur ambiante.

-Vos méthodes d’intimidation sont pas vraiment au point. Il dit ça plein d’aplomb et je sens bien qu’il tente un coup de bluff. Je dois bien avouer qu’il ne manque pas de cran. Ça m’amuse un peu, et en même temps ça m’agace.

-Ok. Qu’est ce que tu veux ?

Il sourit et j’ai quelque difficulté à ne pas le trouver sublime. Il glisse une de ses mèches de cheveux derrière son oreille dans un geste fluide et délicat. La sueur commence à humidifier son visage, il a un sex appeal étonnant.

-Je veux rester avec vous. Au moins pour un temps. Je ne connais rien à ce système. Ni ses coutumes, ni sa façon de fonctionner, ni ce qu’on doit y faire, rien de rien. Et je ne peux pas retourner vivre la vie que mon père a voulu pour moi. Alors voilà… J’aimerais juste que vous me laissiez une chance de tracer ma route. Pendant un temps.

-Qu’est ce qui te garanti qu’on va te garder avec nous une fois que tu auras supprimé ta saloperie de virus ?

-Je sais une chose sur ce système. Au moins une. Les vagabond légendaire comme vous respecte toujours un serment. Et je compte bien vous faire promettre de me garder avec vous si je supprime le virus.

A croire qu’il avait tout prévu ce petit con. Et j’ai accepté de faire ce serment, et comme promis il a stopper l’envoie du signal traceur au Cercle. Et comme je m’y étais engagé on lui a fait une place sur le vaisseau. Je lui ai même trouvé une cabine. Elle était minuscule, bruyante car placée à côté de la salle des machines. Je dis que j’allais le garder avec nous pour voyager, pas que le voyage serait agréable pour lui.

Annotations

Vous aimez lire Loopkin ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0