12. Lucy

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Il se prend pour qui celui-là ? Non, mais franchement il m'énerve vraiment. Il nous fait ça petite crise. Comme si, moi je devais l'attendre sans rien faire, sans faire de nouvelles relations. Il pensait quoi ? Que j'allais l'attendre là, avec un livre à la main ? Non, moi j'ai continué à vivre ! J'ai continué à avancer ! Je sais que c'est moi qui lui est demandé de venir, c'est moi qui lui ai dit que je l'attendais. Mais même en l'attendant, je n'allais pas rester dans mon coin seule à déprimer. Non, je suis allée vers les autres. Je me suis enfin ouverte aux autres. Je suis sortie de ma bulle. Tout en étant encore connecter à Romain. Mon Romain. Oui, il m'énerve, il m'énervera toujours. Seulement, je l'avoue. Je ne peux pas me passer de lui.

Alors je prends une décision que je risque de regretter. Enfin, pas totalement. Donc je le laisse quand même entrer. Oui, je sais c'est bizarre mais c'est de tout même Romain alors je le laisse. Oui, et puis il finira bien par avoir ce qu'il veut. Je craque toujours quand c'est pour lui. Je suis incorrigible. Il est ma plus grande faiblesse. Comme je me décide à le laisser entrer et que je suis tout de même légèrement, pour ne pas dire totalement, énervée contre lui. Je décide de retourner me coucher. Je suis fatiguée, c'est le week-end, et en plus, il n'est que huit heures ! Alors, oui j'ai besoin de retourner au chaud dans mon lit. Je commence à tourner les talons pour me diriger vers ma chambre. Je sais que cela va rendre dingue Romain, mais il l'a bien cherché. J'entends la porte se refermer derrière lui. Je hausse les épaules et avance.

— Tu fais quoi là ? Oh Lucy ! Tu ne vas pas commencer !

— Commencer quoi, hein ? Tu m'as réveillé alors je retourne au lit pour dormir. Je suis fatiguée, tu m'as énervé et je déteste être debout si tôt le samedi ! Toi, occupes-toi en attendant. Au moins, tu comprendras peut-être ce que ça fait d'attendre quelqu'un !

— Ouais, elle a raison, tu nous as tous réveillé. Alors moi aussi je vais me coucher. Tu viens juste d'arriver, et je te trouve déjà super chiant. Franchement, Lucy, c'est vraiment lui que tu attendais ? Bon, on va se coucher et finir notre nuit ?

— Quoi ? Non, tu ne retournes pas te coucher avec elle. Je viens de faire trois heures de routes pour elle ! Tu ne crois tout de même pas que je vais te laisser aller dormir avec elle ! Tu te crois où ? Ce n'est pas chez toi que je sache ! Lucy n'a pas besoin de toi pour dormir ! Je suis venu pour elle !

— Et ? Lucy dit quelque chose !

— Ça ne sert à rien que je dise quelque chose. C'est une tête de mule, quoique je dise, il ne m'écoutera pas. Max, tu viens ou tu veux dormir avec Anne ?

J'adore mettre en rogne Romain. Il ne connait pas mon appartement, il ne sait pas que j'ai deux chambres. Donc en demandant à Max de venir, je sais exactement ce que je fais. Je veux juste voir sa réaction. J'ai juste envie de voir, de me prouver que j'arrive encore à le faire perdre pieds. Le fait que la lettre a fait son effet sur lui, me rend mon sourire. Et je ne peux m'empêcher de vouloir jouer avec ses nerfs. Il l'aura bien cherché en plus ! Non, mais ! J'attrape Max par la main pour qu'il me suive dans la chambre. Je sais que je joue avec l'un comme avec l'autre. Seulement, je ne peux pas laisser passer une occasion aussi belle de voir Romain avec sa tête de « tueur ». J'adore voir son regard, celui du mec énervé ! Il est trop chou quand il a cette tête-là. Cette tête me prouve que... Qu'il tient à moi, plus qu'il ne me le dit. Oh oh ! Romain vient de m'attraper par le poignet. Je me stoppe net. Je sais déjà ce qu'il va dire, mais je l'écoute tout de même. Je n'attends que ça. Qu'il dise cette phrase. Parce que j'ai une question très importante à lui poser. « Pourquoi est-ce qu'il est là ? ».

— En plus, tu lui demandes de venir avec toi ! C'est la meilleure ! Je ferais tout aussi bien de repartir. Quelle idée, j'ai eu ! Je tombe toujours dans le panneau avec toi ! Tu m'appelles et j'accoure ! Mais que je suis bête, bien sûr que tu ne m'as pas attendu. Je pensais à quoi ? Je crois que c'est mieux que je reparte.

— Tu es venue donc à mon avis, elle ne va pas te laisser repartir de sitôt. Tu sais combien de fois elle a parlé de toi ? Combien de fois elle a pensé à toi ? Combien de fois elle était perdue dans ses pensées pour toi ? Tu sais combien de temps cela lui a pris de t'écrire cette lettre ? Tu sais à quel point cela l'a blessé quand elle a vu que tu n'arrivais pas ? Je pense que tu le sais, sinon tu ne serais pas là. Et ce que je crois également, c'est que tu étais dans le même état qu'elle. Donc, ne pense même pas à repartir. Elle ne te laissera pas le faire !

— Pourquoi tu dis ça ? Tu ne me connais pas ! Lucy donne pourtant l'impression de s'en contre balancer. Que je sois là ou non, cela ne change rien pour elle !

— Ne dis pas quelque chose dont tu ne sais rien, Romain. Tu me connais, et je te connais tout autant. Pose-toi les bonnes questions ! D'après toi, pourquoi je te donne cette impression-là ? Tu ne comprends donc pas ? Tu n'as même pas voulu qu'on parle quand je t'ai annoncé mon départ !

— D'accord, alors parles-moi ! S'il te plaît Lucy. Je suis là maintenant, je t'écoute.

Je ne l'ai jamais vu comme ça. Il a l'air à la fois si énervé et si fragile. Comme si, je détenais la clé. Comme si, tout dépendait de moi. Peut-être que c'est le cas. Après tout, il est là parce que je le lui ai demandé. Finalement, peut-être que je devrais effectivement me calmer. Me poser et réfléchir. Depuis que je l'ai vu sur le pas de ma porte, je n'ai cessé de me prendre la tête avec lui. Il serait temps, que nous nous calmions l'un et l'autre. Il faut que nous nous parlions. Mais, il reste un problème. Je n'en ai pas envie pour l'instant. Je ne veux pas parler avec lui. J'ai juste besoin de me reposer. Parce que maintenant qu'il est là, je ne compte pas le laisser partir. J'ai juste besoin de réfléchir à ce que cela implique. Son arrivée va amener de grands changements. Dans ma vie comme dans la sienne. Je me retourne enfin vers lui, je lui fais face et je sais. Oui, je sais que c'est de lui dont j'ai besoin. Lorsque mon regard tombe sur le sien, ma main lâche automatiquement Max. L'espace d'un instant, j'ai l'impression qu'il n'y a plus que Romain et moi dans la pièce. Je sens sa main glisser de mon poignet pour se loger dans la mienne.

— J'ai besoin de toi, Romain. Tu m'as manqué.

J'aperçois Anne derrière Romain, elle n'a pas l'air à l'aise du tout. Elle reste silencieuse et me fait un signe de tête. Je comprends immédiatement ce qu'elle essaie de me dire. C'est deux petites phrases ne sont pas restées dans ma tête et ont passé mes lèvres. Romain a toujours ses doigts entremêlés aux miens. Ils ne les retiraient pas et c'est la première fois. C'est la première qu'il laisse une partie de son cœur s'exprimer. Max qui était encore dans mon dos, s'agite tout à coup. Je l'entends se mettre en marche d'un pas décidé. Il fonce dans un couloir à une telle allure que je ne comprends pas ce qu'il se passe. Qu'est-ce qu'il lui arrive ? Pourquoi part-il de cette manière-là ? J'entends à présent la porte de la chambre d'ami claquée. Malgré cela, je reste près de Romain. Je n'arrive pas à me décider de le lâcher. J'ai peur que sa venue ne soit qu'un rêve. Sauf qu'un grand nombre de bruits se font entendre en provenance de la chambre dans laquelle est Max. Qu'est-ce qu'il fait ? Je vais devoir me résoudre à aller voir. Pourquoi fait-il autant de bruits ? Pourquoi est-il si énervé ? Je laisse progressivement glisser la main de Romain, je sais qu'il ne veut pas que j'aille voir ce qu'il se passe. Sauf que je me dois d'aller voir Max, il a été là et m'a soutenu. Il faut que je comprenne ce qu'il lui arrive.

— Qu'est-ce qui ne va pas ? Dis-moi Max, s'il te plaît. Qu'est-ce que tu fais ?

— Je vais partir, Lucy. Je vois bien comment tu le regardes et surtout, comment lui tu regardes. Tu ne l'as peut-être pas remarqué mais c'est gros comme une maison. Alors je sais que le mieux pour moi est de partir. Vous devez discuter. Vous en avez besoin. Alors je vais rentrer, de toute façon, je ne me sens plus à ma place. Il est là pour toi. Alors tu n'as plus besoin de moi.

— Euh... Max, je ne veux pas... Je ne veux pas te blesser. Je t'ai raconté qu'avec...

— Je sais Lucy. Tu m'as déjà expliqué qu'entre toi et lui c'est compliqué. Que votre histoire a été mouvementée. Je sais que tu as besoin de réponses, lui te les donneras surement. Et je t'adore, c'est exactement pour cette raison qu'il faut que je m'en aille. Toi, il faut que tu lui parles, crois-moi. Il n'y a que ça qui te rendra ton sourire. Puis, j'ai vraiment envie de le voir ce sourire. Putain ! Il m'énerve, j'aurais... J'espérais un peu qu'il ne vienne pas ! Seulement, je vois bien que toi, c'est ce que tu attendais. Parce que malgré tout, malgré ta colère quand tu l'as vu, ton sourire est apparu instantanément...

— Max...

— Non, tu sais que j'ai raison.

Oui, je sais qu'il a raison. C'est pour cette raison que je le regarde me sentant impuissante. Effectivement, il ramasse ses affaires, prend son sac. Il est sur le départ. Sans savoir pourquoi, cela me blesse qu'il me laisse seule. Même si je sais qu'il le fait pour que je puisse mettre mes idées aux claires, et que je puisse parler avec Romain. J'ai cette impression d'abandon. Il a dû sentir que son départ me perturbe un peu. En passant près de moi, il dépose son sac sur le sol et finit par me prendre dans ses bras. Merci, Max. Vraiment. En se détachant de lui peu à peu, je sens ses lèvres se poser sur ma joue. Je suis surprise mais je le laisse faire. A la suite de cette bise inattendue, il me laisse seule dans cette chambre. Il est parti.

Lorsque je décide de bouger et de retourner dans le salon où se trouvent Romain et Anne. Je les entends qui sont en pleine discussion. Pourquoi ? De quoi sont-ils en train de parler ? De Max ? De son départ ? Non, je ne pense pas. Sinon, pourquoi s'arrêteraient-ils de parler en m'apercevant ? Parce qu'évidemment, c'est ce qu'ils viennent de faire. Je ne sais pas du tout pourquoi. La seule chose que j'en comprends, c'est qu'ils parlaient de moi. Sinon cela ne les aurait pas dérangés que je sois dans la même pièce qu'eux. Qu'est-ce qu'ils me cachent ? Romain, j'espère que tu ne comptes pas recommencer une partie de notre jeu. Je ne pourrais pas le supporter, enfin... Non, je ne veux plus que le jeu nous guide dans nos choix. Max a totalement raison. Nous devons parler. Sauf que ma curiosité prend le dessus sur ce qui serait à faire. Je veux savoir de quoi ces deux-là parler !

— Je vous dérange peut-être ? Vous parliez de quoi ?

— Rien... Tu es toujours aussi curieuse ? Tu n'as pas changé dit. Tu fourres ton nez partout.

— Oh ça va. Avoue que si je n'étais pas aussi curieuse, tu aurais eu des problèmes !

— Mmh... Lucy ? Je vais faire comme Max et partir. Je suis contente que tu sois enfin là, Romain. Au moins, Lucy a retrouvé son sourire. Et puis, je pense que la conversation qui vient de débuter ne me concerne pas.

— Merci Anne. Toi, tu as une réaction plus mature que l'autre !

— Oui, enfin je pense qu'il a ses raisons. Max te ressemble. Du moins, c'est ce que je trouve en ayant eu l'occasion de discuter un peu avec toi. Lucy, on se dit à bientôt.

— Non, attends. Juste un moment... Tu permets Romain. Comme ça cela te laisse le temps de monter tes affaires ici.

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