Cela fait déjà un mois que je suis là. Lucy a changé d'appartement. Sous son ordre, nous avons changé d'appartement parce qu'apparemment le sien n'était pas assez grand pour nous deux. Franchement, vous y croyez-vous ? En fait, je pense surtout qu'elle voulait en profiter pour avoir plus d'espace. Ce qui se révèle être le cas, car effectivement nous avons un appartement immense. Un grand salon, une grande salle de bain et trois chambres ! Sérieux, pourquoi trois chambres ? Nous n'en avons pas besoin ! A moins qu'elle pense recevoir de la visite. C'est vrai qu'elle est très proche de son frère, enfin du plus petit. Peut-être qu'il a prévu de venir. Je n'en sais strictement rien. Bon et puis, comme nous avons l'appartement le plus grand, Lucy en profite pour inviter ses amis. Je la soupçonne de le faire exprès pour éviter que nous nous retrouvions trop souvent tous les deux. Cela ne me dérange pas tant que nous passons un peu de temps ensemble, parce que c'est ce dont nous avons besoin, « du temps ».

Il reste tout de même une personne qui me dérange. Celui qui me dérange le plus c'est Max. J'ai l'impression qu'il est là constamment. Il ne la lâche pas, ou c'est elle qui ne souhaite pas qu'il s'éloigne. Le résultat est le même, il m'énerve. Je ne le supporte pas. Et il me le rend bien. Plus il passe du temps avec, moins j'ai l'occasion de renouer comme je le souhaite avec elle. J'aimerais pourtant que nous retrouvions notre complicité. Lucy me manque. Même si je suis là, je me sens loin d'elle. C'est fou mais vrai. La preuve, avant elle venait toujours se réfugier dans mes bras la nuit. Elle faisait beaucoup de cauchemars et cela l'apaisait que nous dormions ensemble. Mais depuis mon arrivée, nous n'avons pas dormi une seule fois ensemble. Je pense qu'elle m'en veut encore même si je suis là et que nous habitons ensemble. J'ai pu retrouver du boulot rapidement, la chance d'avoir déjà de l'expérience. Alors je l'aide parce que si je suis là, ce n'est pas pour en profiter. Non, c'est pour vraiment vivre quelque chose avec elle. Loin de notre origine, loin de ceux qui nous ont éloignés, loin du jeu. Lucy me sort tout à coup de mes pensées en me posant la question que je déteste le plus en ce moment.

— Dit Romain ? Cela te dérange si Max vient travailler avec moi ? Nous avons beaucoup de rendus cette semaine et puis voilà. Je travaille mieux quand il est là.

Cette question, je ne la supporte plus ! Max, Max, Max ! Toujours lui, pourtant elle a des amies et des filles qui plus est. Pourquoi toujours lui et pas quelqu'un d'autre ? Elle le fait pour m'énerver ? Qu'est-ce qu'elle cherche ? Je ne partirais pas. Qu'elle ne compte pas là-dessus. Non mais, je suis là, je reste. Je ne peux pas l'encadrer ce type, il me sort totalement de mes gonds. Elle n'arrête pas de le faire venir chez nous. Comme si, il allait arriver à m'éloigner de toi, Lucy ? Franchement, je ne sais pas à quoi tu joues mais cela ne va en aucun cas fonctionner. Sauf que même si, je pense non. Même si je ne veux pas qu'il vienne, je finis toujours par lui dire que sa présence ne me dérange pas. Bon, je passe par la phase où je m'énerve. Seulement, Lucy ne change pas d'avis. Elle me pose la question par politesse, c'est tout. Parce que quoique je dise, il viendra.

— Pourquoi c'est tout le temps lui qui vient pour travailler avec toi ? Anne, Rose ou Marie ne peuvent pas venir, elles ?

— Mais avec lui, je travaille mieux qu'avec les filles et tu le sais très bien. Merde à la fin ! Je ne vois pas pourquoi je te demande la permission alors que cet appartement est autant le mien que le tien. Tu sais quoi ? Tu m'énerve ! Pourquoi tu me prends autant la tête quand il s'agit de Max ?

— Je ne sais pas, moi ! Je sais seulement que c'est casse pied quand il vient. Je ne l'aime pas. Vous êtes trop proche. Je ne peux pas le supporter ce mec. Sérieux Lucy ! Il m'agace ! Tu as vu comment il te regarde ? Il croit quoi ? Que tu lui appartiens ! Il rêve un peu lui !

— Hey, Romain ! calmes-toi. Tout va bien, c'est un ami. Et toi, tu es... Enfin tu sais... On se connaît depuis toujours. Donc arrêtes de te prendre la tête, là. Tu es vraiment pathétique quand tu t'y mets. Je vais appeler Max. Et ne me regarde pas avec cette tête ! Je sais à quoi tu penses !

— Pfff... Vas-y puisses que tu y tiens tant.

— Arrête. Je vais juste l'appeler. En plus, vous pourriez vous entendre j'en suis sûre.

Donc Lucy est partie téléphoner à Max dans sa chambre. Bien sûr quand elle revient, elle sourit. Ce qui signifie bien qu'il va venir. Enfin. Cela la fait sourire alors ça me va. D'accord, lui je ne l'aime pas mais elle, c'est autre chose. Elle est importante. Elle est tout, c'est vrai, elle est précieuse à mes yeux. Sinon jamais je ne serais là. Sa lettre m'a permis de venir au près d'elle, de retrouver ma Lucy. En aucun cas je souhaite qu'elle tombe dans les bras d'un autre que moi. Je sais, c'est idiot. Parce que je n'arrive pas à lui dire ce que je ressens pour elle. Je ne suis pas son petit copain mais je ne veux pas qu'on lui fasse du mal. Surtout qu'elle a déjà trop souffert par ma faute. C'est surement pour cette raison que je n'arrive pas à lui ouvrir la porte de mon cœur. Elle est Lucy, mon étoile, mon sourire. J'ai du mal à me voir sans elle. Alors de la savoir près de lui. Sauf qu'en ce moment, c'est lui qui est à l'origine de son sourire.

Quand Max fut arrivé, avec Lucy, ils s'installent sur le grand bureau pour travailler. Moi, je regarde la télé. Triste sort. Enfin, je préfère ça qu'à bosser en rentrant chez moi le soir. Je suis bien content d'avoir fini les cours et de bosser. Remarque, les cours ne doivent pas être aussi compliqués que ce que je pensais. Je les entends rire ensemble. Ce qui me fait tourner la tête vers eux. Je suis totalement déconnecté de la télé. Mon regard sur eux. Mon humeur change en un instant. Je reste figé ce que je vois m'énerve au plus haut point. C'est de cette manière qu'ils travaillent leurs cours ? Sans blague ! Putain, Lucy ! Elle ne lui dit rien qui plus est ! Merde ! Non, je ne le supporterai pas plus longtemps ! Il n'a pas intérêt à continuer ! Je ne peux plus résister ! J'ouvre ma bouche et tant pis. Lucy va l'en vouloir sauf que je ne peux plus me retenir.

— Non, mais c'est une blague ? Retire ta main de là ! Tu fous quoi ? Oh, Max ! Je te parle ! Enlève ta main tout de suite, sinon c'est moi qui vais le faire !

— Rien putain ! Tu t'énerves encore pour de la merde, mec. Tu as un vrai problème toi ! C'est bon. Il ne se passe rien. Qu'est-ce qu'il t'arrive encore ? Tu t'énerves toujours pour que dalle ! Sérieux, va te défouler ailleurs !

— Je ne m'énerve pas pour rien ! Vous êtes en train de travailler là ? Non, parce que je n'en ai vraiment pas l'impression. Putain ! Mais merde ! Tu bosses avec elle ! Elle ne t'a pas demandé de lui sauter dessus ! Quoi ? Tu appelles ça travaillé toi ? Moi non, vous étiez main dans la main à vous regarder. A vous regarder droit dans les yeux ! Tu penses que je ne sais pas ce que vous vous apprêtiez à faire ? C'est quoi encore ce bordel ! Et toi, ne me réponds pas surtout. Merde, mais réagit Lucy ! Dis quelque chose !

— Tu vas arrêter oui ! Sérieux Romain... J'en ai marre, tu ne sais pas ce que tu veux. Tu ne me dis rien mais dès que je m'approche de quelqu'un d'autre, tu bouillonnes. C'est vraiment grave. Comment veux-tu que j'arrive à m'y retrouver ? Mon cœur ne sait plus et ma tête... N'en parlons pas, toutes mes pensées sont confuses. Je pensais que tu étais revenu pour... Je ne sais pas et maintenant que je me rapproche de Max. Que j'apprécie vraiment. Toi, tu te réveilles ! Tu t'énerve ! Non, se serait trop simple.

— Lucy, tu veux dire que je t'intéresse... ?

— Vous êtes tous bête ou vous le faites exprès ? Ma parole, j'ai vraiment du mal à les choisir. Je dois être aussi idiote que vous !

— Pardon ! Lucy ! Je... Merde ! Laisse-moi du temps, tu veux ! Tu me connais. Je ne peux pas changer du jour au lendemain en un claquement de doigts. Oui, je suis là et oui, je suis venu pour toi. Mais putain ! Pourquoi ? Pourquoi tu me fais ça ?

— Je ne te fais rien ! Tu te le fais tout seul ! Tu nous brises une fois de plus. Et tu ne me brises pas que moi, toi aussi tu te fissure. Plus tu attendras et plus je m'éloignerais. Parce que... Je...

— Tu as l'impression que le jeu continu.

Oui, c'est exactement ce qu'elle voulait dire. Je le sais parce que je pense à la même chose. D'accord, nous sommes de chez nous, loin du passé, loin des gens que nous connaissons, loin de tout ce qui a fait que le jeu existe. Pourtant à cet instant. Nous avons l'impression l'un comme l'autre d'être en plein milieu d'une de nos parties. Et ni elle, ni moi n'en sommes les gagnants. Loin de là. Plus je m'énerve sur elle, plus elle s'éloigne de moi. Bien sûr, buté comme je suis, plus elle est proche de ce type, plus je m'énerve. On est dans une boucle infernale. Une boucle qui ne cesse de se répéter sans arrêt. Aucun moyen de s'en sortir. Ou peut-être que si, il y en a un. Mais je ne suis pas prêt. Elle non plus. Nous ne sommes pas prêts à nous dire ce que nous avons sur le cœur. Nous avons peur, elle peur que je l'abandonne une fois de plus, moi, qu'elle me rejette pour tout le mal que j'ai pu lui faire. Finalement, elle a peut-être raison de se laisser le choix. Peut-être que je devrais accepter qu'elle soit proche de lui.

Non ! Et pourtant... Non, je ne veux pas. Elle est à moi. C'est ma Lucy ! Merde ! C'est la première fois que j'ai aussi peur. Oui, parce que c'est la première fois que nous avançons sans savoir. Sans savoir le but et la raison de nos choix. Avant, le jeu nous guidait, certes pas dans les bonnes directions. Mais au moins, on savait que quoiqu'il arrive, nous nous retrouverions. Aujourd'hui, est-ce toujours le cas ? Même si, je la laisse explorer ses sentiments, reviendra-t-elle vers moi ? Je sens que Max, nous observe. Il ne comprend pas tout. Il a arrêté de parler depuis que Lucy a évoqué le fait, qu'il l'attire. C'est ce que signifié le geste qu'elle l'a laissé faire. C'est ce qui signifie qu'elle explore de nouveaux sentiments... Mais pourquoi maintenant ? A-t-elle autant de doutes que moi ? Parce que nous deux ensembles, comme un couple, c'est du jamais vu...