J'ouvre la porte de mon appartement et y laisse entrer Lucy. Je suis encore sur les nerfs. Seulement, comment lui résister ? Elle est perdue et cela se voit. Elle besoin de se poser un peu, rien de plus. Alors je prends la décision de la laisser entrer chez moi. Chose rare de ma part. Sauf qu'une chose inattendue s'est déroulée ensuite. Quelques secondes après avoir passé la porte, elle recule et me fonce littéralement dedans. Que lui arrive-t-il ? Pourquoi est-ce qu'elle a ce regard-là ? Elle se retourne, me regarde puis baisse les yeux avec son air triste. Cette réaction ne me dit rien qui vaille. Pourquoi Lucy réagirait-elle de cette façon ? Qu'a-t-elle vu pour faire un tel retour en arrière ? Elle m'a foncé dedans sans même s'en rendre vraiment compte. Je dois savoir ce qu'il se passe. Il y a quelque chose chez moi. Quelque chose qui fait fuir Lucy. Son regard. Elle a de nouveau son regard. Pourtant ses yeux lancent des éclairs. Ça sent mauvais pour moi. Je ne sais même pas pourquoi. Je ne comprends pas ce qu'elle a vu pour être dans cet état. Je sais, c'est une mauvaise idée mais je lui demande quand même.

— Ça ne va pas ?

— Bien sûr que non ! Tu m'amènes chez toi et il y a une fille dans ton lit ? Non mais, tu as quoi dans la tête toi ? Tu te moques de moi ? Tu essaies de faire comme Romain ? Vous allez tous les deux me rendre dingue ! Vous vous êtes donné le mot ? Non, sans blague !

— Calme-toi, Lucy... Ce n'est pas ce que tu crois... Je ne savais pas qu'elle était là, sinon...

— Ah oui ! Sinon, quoi ? Tu crois que je crois quoi ? Franchement, dis-le-moi ?

— Je... Je ne sais pas à quoi tu penses. Mais je peux t'expliquer.

— M'expliquer quoi ? Il n'y a rien à expliquer là, c'est clair. Je pars de chez moi, je te cours après et toi, tu oses oublier que tu as une fille dans ton lit ! Putain ! Max ! Tu as une fille dans ton lit ! Tu veux m'expliquer quoi au juste ? C'est très clair ! je n'ai pas besoin des détails !

Je reste bouche-bée, Lucy ne m'a jamais hurlé dessus comme ça. Je ne sais pas quoi lui répondre. C'est vrai qu'elle est dans mon lit, l'autre mais... Et puis d'abord qu'est-ce qu'elle fait là ? Elle m'a déjà fait coup comme ça. Elle recommence ses conneries. Je n'en peux plus, elle vient de gâcher toutes mes chances avec Lucy. Et comment elle a pu entrer ? Ne me dites pas qu'ils lui ont donné un double des clés ! Non, mais ils sont nuls, ils auraient pu me prévenir non ? C'est sûr, c'est trop compliqué pour eux de m'appeler ou de m'envoyer un message... Non, écrire un message, ou passer un appel, c'est hors de leur portée. Sérieusement, ils auraient pu me dire qu'elle arrivait ! Je n'aurais pas eu de problèmes avec Lucy. Je lui aurais expliqué avant de la faire venir ici. Dans mon appartement. Et puis, pourquoi elle est dans mon lit ? Elle ne dort pas la nuit ? Elle m'énerve déjà ! Merde ! Lucy ? Je ne la vois plus, je ne veux pas qu'elle s'en aille. Elle doit s'imaginer le pire... Alors qu'il n'y a rien. Vraiment, rien... Elle est partie. J'avais la tête dans mes pensées.

— Max, qu'est-ce qui se passe ?

— Tais-toi ! Je vais chercher Lucy.

— Fais ce que tu veux, écoutes. Ce n'est pas ma faute si elle a fait demi-tour en me voyant. Je n'ai rien fait. Tu le sais bien.

— Tais-toi, je t'ai dit ! On parlera après !

Elle m'énerve. Elle est impossible à vivre celle-là. Bon, je vais chercher Lucy, maintenant. Sinon se sera trop tard et elle sera surement parti chez elle... Quoique non, elle voulait éviter de croiser Romain. Elle va surement aller chez une des filles. Elles ne vont pas comprendre pourquoi, je lui ai fait cela. Je descends à toute vitesse. Je sors. J'avance sur le trottoir. Je suis stoppé dans mon élan. Quelqu'un a attrapé ma main avant que je ne sois trop loin. Je suis arrêté, j'hésite à me retourner. Le temps de cette hésitation à suffit, à la personne me tenant la main de m'enlacer. Oui, cette personne me prend dans ses bras. Je la laisse faire alors que je ne suis pas sûr de savoir qui c'est. Est-ce que c'est elle ? Est-ce que c'est Lucy ? Et si ce n'était pas elle ? Je n'y crois pas. Je suis absolument accro à cette fille, avec ses beaux cheveux blonds, son odeur... Tout. Je sais que c'est elle. Ce sont ses bras autour de moi. Qui me serrent comme si j'allais m'enfuir. Comme si j'étais son ancre. Elle me plait vraiment. C'est la première fois, qu'une fille me fait cet effet-là. Je sais que je ne peux rien espérer. Qu'elle a déjà choisi. Du moins, son cœur a déjà choisi. C'est elle. Elle n'est pas prête à accepter son choix. Alors elle essaie de se rapprocher d'un autre. De moi. Elle est perdue et moi, je m'attache de plus en plus à elle. Un peu trop. J'allais dire quelque chose lorsque les bras autour de moi se resserrent. J'entends cette voix, sa voix enfin.

— Je ne sais pas pourquoi mais je n'ai pas pu partir plus loin. Je sais que c'est bête, en plus il y a déjà une fille chez toi. Oui, une fille qui est même dans ton lit...

— Lucy ce n'est vraiment pas ce que tu penses. Cette fille...

Je n'ai pas le temps de finir, qu'elle me coupe la parole. Mais je dois lui dire. Elle se trompe. Cette fille n'est pas qui elle croit. J'essaie de lui expliquer. D'ouvrir la bouche pour qu'elle comprenne. Il faut qu'elle sache. Cette fille n'est pas ce qu'elle croit. Loin de là. Lucy en décide autrement, elle ne veut pas que je parle. Elle me le fait comprendre en mettant sa main devant ma bouche. Qu'est-ce qu'elle fait ? Je dois lui dire. Elle doit me laisser parler. Mais non.

— Chut... Si tu dis encore quelque chose, ça va rompre le charme...

Quoi ? Mais il faut que je lui dise. Il faut qu'elle m'écoute. Je sens que ses bras me relâchent. Non, elle va partir, je ne veux pas. Je me retourne aussi vite que je le peux. Je rattrape ses mains. Elle s'arrête de bouger, regarde nos mains. Maintenant elle a ses yeux face aux miens, je ne sais pas si je dois parler ou me taire. Je... Je... Si, je dois lui dire qu'elle se trompe sur cette fille, celle qui est en ce moment dans mon lit, dans mon appartement. Elle n'est pas importante dans le sens où elle le pense.

— Elle n'est pas ce que tu crois.

— Ce n'est pas ta petite amie ?

— Non, elle ne l'est pas. D'ailleurs, je ne reste jamais très longtemps avec une fille. Tu le sais. Ne fais pas cette tête. Je ne dis pas que j'y ai pensé avec elle. Ça non ! Ce serait trop étrange. Même impossible que j'imagine ça avec elle. Rien que d'y penser me donne envie de vomir.

— Comment ça impossible ? Et étrange ?

— Elle est... C'est...

— Max, alors tu l'as trouvé ta copine ?

Oh non, elle ne pouvait pas rester dans le lit celle-là ? Je n'y crois pas. Elle a décidé de foutre sa merde partout ! Sérieux, elle me prend mon lit, viens chez moi, à mes clés. Tout cela sans mon accord et encore, elle arrive à s'imposer au centre d'une conversation. Conversation qui ne la regarde pas. Qu'est-ce qu'elle fait encore ? Elle se penche par la fenêtre. Elle est folle, elle va tomber, oui ! Non, mais elle le fait exprès ! Merde ! Mathilde ! Tu fous toujours le bordel partout où tu passes. Elle va vraiment finir par tomber ! Je ne suis pas responsable de sa bêtise. Tout de même ! C'est dangereux.

— Mathilde ! Qu'est-ce que tu fous ? Tu vas tomber !

— Mais non, je ne vais pas tomber. Je sais très bien faire attention à moi. Je n'ai pas tout le temps besoin de toi, tu sais. Je peux tout à fait me débrouiller toute seule. Je ne suis plus un bébé !

— Mais oui bien sûr ! C'est pour cette raison que tu es chez moi ? Si tu n'avais pas besoin de moi, tu ne serais pas là. Les parents ne t'auraient pas envoyé ici !

— Bon, d'accord. Juste, je ne suis plus une petite fille alors fais-moi confiance un peu. Les parents m'ont envoyé ici, pour que j'entre dans la même école que toi. Que je devienne un peu plus indépendante. Et ils m'ont dit que tu serais en colère alors ils m'ont donné de l'argent pour que nous puissions prendre un plus grand appartement afin d'avoir tous les deux une chambre. Ils ont eu raison ! Ton appartement est minable ! Comment tu fais pour vivre là-dedans ? C'est tout petit ! Un trou de souris !

— Je... Je vais y aller moi... Je vais faire un tour chez Anne.

— Non attends ! C'est à moi, d'aller faire un tour.

— Ouais c'est ça, vas-y. Tu n'auras qu'à faire un tour à l'agence immobilière et chercher un nouvel appartement pour nous deux. Vu que tu aimes perdre ton temps. Si cela ne tenait qu'à moi, tu vivrais toute seule. Je suppose qu'ils ne me laissent pas le choix ! Je vais devoir te supporter encore longtemps !

— Oui, toute ta vie, mon petit ! Tu vas adorer m'avoir dans tes pattes !

— Je...

— Reste-s'il te plait, je t'expliquerais c'est promis.

— Je... Bon, d'accord. Je reste, mais c'est juste que je n'ai pas envie de partir. Et j'aimerais savoir qui elle est exactement. Tu sais, moi et ma curiosité.

Mathilde est maintenant derrière nous, elle me sourit et s'en va. Enfin ! Je vais pouvoir expliquer toute la situation à Lucy. Elle verra que c'est seulement un quiproquo. Mathilde est juste ma petite sœur. Rien de plus. Oui, elle est chiante. Elle arrive au mauvais moment mais je ne peux rien y faire. Je ne vais pas laisser tomber. De toute façon, je ne peux pas. Je n'ai pas le choix. Nos parents aiment bien se débarrasser de nous. Ce ne sont pas des parents au top, ils pensent que tout ce que nous voulons, c'est de l'argent. Alors ils sont constamment au boulot. Ils partent tôt et rentrent tard. Ils pensent agir comme il faut. Je le sais. Juste, ils s'y prennent mal. Alors Mathilde. Pour attirer leurs attentions, se met dans des situations compliquées. Ceci explique cela. Enfin, cela explique sa présence chez moi. Et explique surtout pourquoi jamais, je ne pourrais envisager quelque chose avec elle. Lucy devrait le comprendre. Je suis sûr qu'elle va sourire. Elle va se penser bête. Alors qu'il n'y a pas de raisons. Elle a cru voir et elle a interprété la chose comme chaque fille l'aurait fait à sa place. Juste un quiproquo. Marrant mais pas agréable. Une situation compliquée.

— Viens. On sera mieux là-haut pour discuter. Crois-moi, tu ne vas pas le regretter.