J'étais assis sur le canapé devant la télévision, quand la porte s'est ouverte brusquement pour laisser place à Lucy. Elle file à toute vitesse dans sa chambre dont la porte se ferme en claquant. Je me lève pour lui demander si elle veut parler mais elle me répond en me disant de la laisser tranquille. Qu'est ce qui s'est passé ? Pourquoi elle est dans cet état ? Qu'est-ce qu'il lui a fait ? Elle ne peut pas être dans cet état pour rien. Il y a forcément une raison. Elle ne claque pas sa porte pour le plaisir. Et en plus, elle ne veut pas me parler. Je ne comprends pas Lucy. Décidément, je suis à la masse. Complétement à côté de la plaque. Je réessaie de frapper à sa porte. Je fais mon petit rythme. Mon rythme de toc. Ridicule. Seulement, je sais ce qu'ils représentent pour elle. Alors c'est rester. Et moi. Je reste derrière sa porte. Comme un enfant. J'attends. Sauf que je peux attendre longtemps. Une Lucy en colère est compliquée à faire parler.

Je finis par m'asseoir derrière la porte de sa chambre et j'attends. Elle va bien finir par dire quelque chose ou peut être qu'elle va sortir au bout d'un moment. A peine, ai-je pensé ça que je l'attends bouger dans sa chambre. Je m'attends à ce qu'elle ouvre la porte, seulement elle ne le fait pas. La porte bouge et j'entends Lucy glisser sur le sol. Elle fait comme moi. L'un et l'autre assit de chaque côté de cette porte. Je déteste cette situation. Je ne peux pas l'aider si elle ne me parle pas. Elle ne dit rien. Je rumine sachant que je ne peux qu'attendre. Elle bouge un peu. Du moins, je crois. J'entends un coup contre la porte. Un final ? je n'y réponds pas. Si elle veut que je sois là, que je l'écoute. Elle va devoir parler. Ce qu'elle finit par faire. J'en lâche un soupir malgré moi. Enfin, elle se décide.

— Romain, tu es toujours là ?

— Oui, bien sûr. Toujours. Qu'est ce qui s'est passé là-bas ?

— Rien, enfin... Déjà, chez Max il y a sa sœur, Mathilde. Et... Non rien.

— Et ? Continues, je t'écoute. Tu sais bien que je suis là pour toi. Je suis venu ici pour toi, ma petite étoile. Tu as avant tout ma meilleure amie, alors parles-moi. Même si lui je ne l'aime pas, toi ce n'est pas la même chose.

— Oui, je sais. Je suis un peu perdue dans mes sentiments. Je veux dire... J'ai toujours su que c'était toi et personne d'autre. Seulement je me suis énormément rapprochée et attachée à lui. J'ai même fait une crise de jalousie quand j'ai vu sa sœur dans son lit. Et puis, y a toi... Je... Je...

— Ne pleure pas, s'il te plait. Et ne t'inquiète pas, tu mettras tes sentiments au clair, seulement laisses-toi un peu de temps. En tout cas, moi je ne pars pas. Je ne te laisserais plus, soit en sûre. J'ai fait le choix d'arrêter de fuir. De te fuir. Alors fais-moi confiance.

— Mais... Je suis partie en courant. Il doit me prendre pour une folle. Je ne veux pas qu'il s'éloigne de moi.

Ce qu'elle me dit me fait mal, mais je ne peux rien faire contre ce qu'elle ressent. J'ai mis trois mois à réagir après avoir reçu sa lettre alors c'était obligé qu'elle se rapproche d'un autre. A quoi je m'attendais vraiment ? Elle ne pouvait pas m'attendre éternellement. Je ne peux m'en prendre qu'à moi. Mais c'est ma Lucy, ma petite Lucy à moi. Je ne veux pas qu'elle l'aime lui... Je veux qu'elle m'aime, moi. Personne d'autre. Ne le sait-elle pas ? Elle est ce que je veux. Elle est celle qui fait battre mon cœur. Mais est-ce qu'au moins je lui ai déjà dit ? Ne serait-ce qu'une fois ? Non, je ne l'ai jamais fait. En tout cas, je ne m'en souviens pas. J'allais lui dire un mot quand elle me coupe dans ma lancée. Alors je l'écoute.

— Romain, pourquoi tu ne t'aies jamais vraiment intéressé à moi ? Tu es toujours passé de fille en fille. Jamais tu ne t'aies dit que la fille juste à côté de toi pouvait avoir des sentiments pour toi. Je veux dire... J'ai grandi avec toi, j'étais là tout le temps, à chaque instant, j'étais là, avec toi. J'ai même fait les pires conneries... Mais jamais, non jamais tu n'as fait attention à moi. Tu n'as fait que suivre le jeu. Encore et toujours le jeu. Je n'ai jamais eu le droit à ton attention.

J'en reste bouche bée, c'est Ma Lucy qui dit ça... Elle vient, oui elle vient bien d'avouer qu'elle avait des sentiments pour moi. Qu'elle a des sentiments pour moi ? Mais pourquoi ne le dit-elle que maintenant ? Pourquoi ? Je... Je n'ai jamais rien vu, elle a raison. J'ai toujours pensé qu'elle ne pourrait jamais penser à moi comme ça. Avec toutes les épreuves que je lui ai fait subir. Je ne pensais pas. Non, je n'aurais pas cru qu'elle puisse développer des sentiments pour moi. Des sentiments que moi, j'ai pour elle. Pourquoi n'ai-je jamais rien vu ? Les autres m'en avaient pourtant parlé. Ils savaient. Je ne voulais juste pas les croire. Je ne pouvais pas croire que Lucy était attachée à moi. Pas à ce point. Pourtant, elle en a laissé des indices. Tellement. Je ne m'en rends compte que maintenant. Que maintenant qu'elle commence à parler. Elle s'ouvre. Elle pense que je ne ressens rien. Et Elle pleure encore, je l'entends. Et je n'en peux plus de l'entendre pleurer. Je l'entends bouger. J'espère qu'elle n'est plus derrière la porte. Il faut que je rentre dans sa chambre. Je ne supporte plus de l'entendre pleurer. J'entre dans sa chambre et la trouve allongé sur son lit. Je m'approche d'elle, et je m'assieds à côté d'elle puis je lui caresse doucement les cheveux. Elle me surprend en se retournant pour me prendre dans ses bras. Je suis tellement surpris. Pourtant cette étreinte me fait chaud au cœur. Mes bras se glissent tous seuls et entourent Lucy. Je dois la réconforter. Ma petite étoile qui pleure, c'est insupportable.

— Romain... Tu ne me laisseras jamais, hein... ?

— Non jamais, je te le promets. Tu es ma petite Lucy. Et j'ai toujours veillé sur toi... Je sais que j'ai fait des erreurs... Je suis désolé, tu le sais j'espère ? Je m'en veux tellement. Je t'ai fait beaucoup de mal. Je sais que tu es restée près de moi. Et je ne comprends pas pourquoi ? Alors même si, je ne comprends pas. Sache que je vais rester avec toi maintenant. Je ne t'abandonne plus.

— Oui... Romain ? Y a quelqu'un qui frappe à la porte... Mais je n'ai pas encore envie de te lâcher... J'aime sentir tes bras autour de moi, c'est si rare...

— En réalité, je ne veux pas non plus te lâcher. Et je n'aime pas Max parce qu'il est proche de toi... Et j'ai cette impression que tu m'oublies... Que tu penses plus à lui qu'à moi. Que tu as des sentiments plus forts pour lui que pour moi. Je ne veux pas te perdre, Lucy.

— Jamais je ne pourrais t'oublier. Crois-moi. Et puis, tu ne perdras pas. Tu sais que je suis tout à toi.

— Je me demande parfois si c'est encore le cas...

— Romain ? Je...

— Je sais. On en parlera plus tard. Ne t'en fais pas. Je vais aller ouvrir. Apparemment, on ne peut pas être seuls aujourd'hui.

Finalement je lâche Lucy, contre mon gré. J'aimerais pouvoir rester avec elle. Cela faisait longtemps que nous n'avions pas discuté. Que nous n'étions plus aussi proches. Elle me manque. Même si on habite ensemble. Elle me manque. Nos moments ensemble me manque. Je me lève, la regarde une dernière fois. Nous sommes connectés, je vois à son regard qu'elle non plus ne voulait pas qu'on se sépare. Mais je vais ouvrir. Et bien sûr c'est.... Euh... C'est... En fait je ne sais pas qui c'est, et j'en reste interloqué. Qui est cette personne ? Je ne la connais pas. Lucy, elle la connaît ? Je ne crois pas ou du moins elle ne m'en a jamais parlé. J'attends. Je ne comprends pas qui est cette personne. Elle doit voir que je ne sais pas qui elle est, elle me sourit. Elle ne dit rien. Encore deux minutes de silence et elle se décide à parler. Pas trop tôt. Non mais... On ne peut pas être tranquille...

— Salut, moi c'est Mathilde. Je suis la sœur de Max. C'est bien ici qu'habite Lucy ?

— Oui c'est ici, mais ce n'est pas trop le moment-là.

— Si justement, elle est partie. C'est Max, je ne sais pas ce qu'il a mais il ne va pas bien. On dirait, enfin j'ai l'impression qu'il se sent mal. Elle ne voudrait pas venir le voir avec moi ? C'est important.

— Je ne pense pas que ce soit une bonne idée. Elle est dans son lit.

Juste au moment où je prononce cette phrase, je l'entends se déplacer plus rapidement que d'habitude. Qu'est-ce qui se passe encore ? Ne me dites pas qu'elle va retourner voir Max. Et sa sœur qui vient la chercher. Putain ! Dans quoi est-ce que je me suis fourré moi ? Elle arrive à toute vitesse, je ne peux pas le croire. Elle lui court vraiment après ? Je n'ai pas le temps de réfléchir à une réponse. Elle se poste à mes côtés. En fait, elle n'a pas la tête que je pensais voir. Au contraire, elle... Comment dire ? Elle est en colère ? Oui, j'ai bien l'impression que c'est le cas. Mais pourquoi ? Cette fille. C'est la faute de cette fille. Max et elle. Putain ! Elle est vraiment sa sœur. En plus, elle vient chez nous. Elle vient chercher Lucy, et moi ? Je n'existe pas ? Je me demande bien ce qu'il se passe dans la tête de Lucy en ce moment. Sérieusement. Je n'ai pas le temps de me poser plus de questions. Lucy vient de prendre la parole. Elle est en colère la petite.

— Tu me veux quoi toi ?

— Rien, seulement Max ne va pas bien depuis que tu es partie. Je pensais que tu voudrais, enfin que tu pourrais aller lui parler.

— Qu'est-ce que tu veux que ça me fasse ?

— Il n'a jamais été dans cet état pour une fille. Tu es spéciale, tu es différente des autres. Et puis, tu es jolie. Et je n'aime pas le voir comme ça. Tu pourrais venir avec moi.

— Ne me dis pas que tu vas y retourner ? Tu ne sais pas ce que tu veux ! Tu viens à peine de me dire que je ne faisais pas attention à toi. Mais tu as tort depuis longtemps je ne te vois plus comme une amie ou même comme ma petite sœur ! Non ! Pour moi tu es plus que ça... Je vais aller dans ma chambre peut être que je pourrais me calmer comme ça. Je suis encore trop sur les nerfs. Tu me rends dingue, Lucy.

— C'est toi ! Pourquoi tu me dis ça maintenant ? Romain ! Tu penses vraiment que je serais resté aussi longtemps si je ne t'aimais pas ? Mais, aujourd'hui je ne sais plus quoi faire. Il y a Max. Il compte pour moi. Peut-être pas encore autant que toi mais tout de même un peu.

— Euh... Je vais vous laisser... Je... Tu sais où trouver Max... Enfin, bientôt nous allons avoir un plus grand appartement... Mais pour l'instant tu connais le chemin.

— Merci Mathilde. Je viendrais peut-être après.

Je l'ai encore énervé. Je le vois dans son regard. En fait, elle est énervée contre tout le monde aujourd'hui. Elle raccompagne Mathilde à la porte et se retourne vers moi. Elle me sourit mais je sais bien qu'elle ne sait pas quoi faire. Elle est perdue. Elle ne sait plus quoi faire et quoi penser. Moi, on va dire que je ne l'aide pas vraiment. Comme elle raccompagne Mathilde. Je vais en profiter pour retourner dans ma chambre sauf que je sens ses doigts se refermer sur mon poignet. Quoi ? Elle me retient. Ses doigts sont si délicats sur ma peau. Je ne peux pas croire que je viens de penser cela. Ou peut-être que si. Je pense tout le temps à ce genre de choses quand Lucy est près de moi. J'adore son sourire, son odeur, sa douceur, la lumière qui brille dans ses yeux quand elle sourit... Ouh la... Je pense trop une fois de plus. Je... Oui, j'ai des sentiments très fort pour Lucy. Depuis longtemps, mais jamais, je n'ai osé lui dire. Lui avouer quoique ce soit sur ce que je ressens pour elle. Je laisse mon bras dans sa main. J'attends. J'attends, je sais qu'elle va parler. Elle va dire une chose. Et je sais que je ne pourrais pas résister trop longtemps. Je dois lui dire. Lui dire mes sentiments. Lui avouer.

— Tu as promis de ne plus me laisser, tu le sais ça ?

— Oui, je sais. Mais je ne supporte pas qu'il soit là. Je ne supporte plus sa présence. Je ne supporte plus que tu sois proche de lui. Je te veux avec moi.

Elle a arrêté de respirer pendant une seconde, peut-être un peu plus mais, je n'ai pas compté. Elle me regarde. Si elle reste encore fixée sur moi longtemps je ne saurais plus quoi faire. Ma dernière phrase à passer mes lèvres sans que je ne m'en rende compte. Elle a été plus loin que mes pensées. Je fixe mes yeux dans les siens. J'espère. Oui, j'espère y voir une chose. Je ne sais pas à quoi je m'attends réellement. Peut-être... Oui, elle est là. La petite lumière qui brille dans son regard. Cette lumière est présente chaque fois qu'elle s'apprête à me lancer un défi. Mais le jeu est fini. Et les deux seules personnes présentes dans cette pièce, c'est nous. Nous deux, face à face. Je sais qu'elle va me lancer un défi.

— Alors embrasses moi...

Quoi ? Je savais qu'elle allait me lancer un défi. Mais Je ne suis pas sûre d'avoir très bien compris. Elle veut que je fasse quoi ? Elle ne vient tout de même pas de me dire de l'embrasser. Et si c'est vraiment ce qu'elle vient de dire, est ce que j'ai le droit de le faire ? Vraiment ? Est-ce que c'est ce qu'elle veut ? Après tous les doutes dont elle m'a parlé. Elle me demande réellement de l'embrasser ? J'hésite. Mais pourquoi ? N'est-ce pas ce que j'attendais ? Je me décide. Je m'avance... Lentement puis je m'arrête. Elle me regarde toujours. Elle attend, elle m'attend encore et toujours. Elle m'a toujours attendue. C'est seulement aujourd'hui que je m'en rends compte. Elle est si belle, c'est ma petite étoile. Elle a toujours été ma lumière. Elle m'a sortie, je ne sais combien de fois des galères dans lesquels je m'étais mis. Elle arrive à me rendre le sourire à tout moment. Elle arrive à gérer mes colères. Elle arrive à me supporter tout simplement. En vérité, elle est la première à m'accepter avec tous mes défauts. Elle est celle qui accepte tout de moi. Elle m'accepte moi. Pourtant j'ai toujours été jaloux des petits copains qu'elle a eus. Je voulais être à leur place et maintenant que c'est la devant moi... Je ne suis plus sûr de ce que je dois faire. Comment devrais-je réagir ? Après tous ces instants passés ensemble, j'arrive encore à avoir de l'hésitation. Comment Lucy peut-elle encore me faire confiance ? Comment peut-elle avoir envie que je l'embrasse ? Elle me surprendra toujours. Et j'espère bien que cela ne changera jamais. Je l'aime telle qu'elle est. Finalement Gaël avait peut-être raison... Je suis fou de Lucy. Je... Oui, aller Romain dis-le. Tu es... Je suis... Oui ? Je suis quoi ? Je suis amoureux de Lucy... Putain ! Je ne me rends compte qu'à présent de l'ampleur des sentiments que j'ai pour Lucy. Mais elle ? Elle ressent quoi ? Que veut-elle vraiment ? Je ne comprends pas. Cela doit faire trop de temps qu'elle attend. Qu'elle m'attend. Je vois ses lèvres bougeaient. Au début, je n'entends pas ce qu'elle me dit. Elle réitère sa tentative et je reviens à moi. Beaucoup trop vite.

— Alors Romain, tu ne veux pas m'embrasser ?

— Lucy ?

— Oui ?

— Tu es sûre ?

— Embrasse-moi !

Je... Je me décide enfin et je...