25. Lucy
Mais qu’est-ce qui m’arrive ? Où suis-je ? Pourquoi on a eu cet accident ? Je suis réveillée ? Et où est Romain ? Et Max ? Les autres où sont-ils ? Et moi, où est-ce que je suis ? Suis-je vraiment consciente ? Pourquoi est-ce que j’ai l’impression d’être vide ? Sans vie ? Je suis sortie de cette voiture. Je le sais. Pourtant, je sais aussi que je ne suis pas vraiment consciente. Sinon, Romain serait là. Avec moi. Oui, il ne me laisserait pas seule. Je ne peux pas le croire. Pas après tout ce que nous avons vécu. Non ! Romain ? Merde ! Où es-tu ? J’ai comme cette impression. Oui, l’impression qu’une partie de moi ne souhaite pas se réveiller. Je suis perdue dans un océan. Je suis perdue. Personne n’est là. Je suis seule. Du moins, c’est ce que je pensais au début. Parce qu’à présent que je me concentre, je crois… Oui. Je sens quelqu’un me tenir la main. Mais qui est-ce ? Qui est près de moi ? Je veux que cette personne sache. Oui, qui que ce soit, il doit savoir que je sens ses doigts. Que je sens ses doigts dans ma main. Je tente autant que je le peux. J’essaie de serrer la main. Peu importe à qui appartient cette main. Je donne tout ce que j’ai. J’ai besoin de sentir que quelqu’un croit en moi. Alors je serre mes doigts autour de cette main inconnue. Je crois. Non, c’est sûr. J’ai réussi à bouger, un mouvement presque ridicule. Mais je sais que cela à fonctionner. J’entends quelqu’un parler, seulement je ne sais toujours pas qui c’est. Je n’arrive pas à savoir. A qui appartient cette voix ? Je sais que je connais cette personne. Mais je n’arrive pas à me souvenir. Tout est flou. J’entends à nouveau crier. J’essaie de me concentrer sur la discussion. Sur ce qu’il se passe autour de moi.
— Lucy ? Infirmière ! Infirmière !
— Que se passe-t-il, monsieur ?
— Elle m’a serré la main, elle est réveillée ? Dites-le-moi ! Je veux savoir comment elle va ? Merde ! Mais dites quelque chose ? Elle va se réveiller ? Si, elle m’a serré la main…
— Non, elle est encore endormie.
— Mais elle...
— Ce ne sont que des spasmes musculaires, monsieur. J’en suis désolée.
J’entends cette personne parler, mais je n’arrive pas à réagir. Et je ne sais pas qui c’est. Qui est-ce que c’est ? Je veux savoir qui est cette personne auprès de moi. Pourquoi je ne me souviens pas à qui est cette voix ? Pourquoi je n’arrive pas à ouvrir les yeux ? Je ne comprends pas, mais qu’est-ce que j’ai ? Je n’arrive plus à bouger. Même mes doigts ne veulent plus répondre à mes ordres. Mon cerveau, mes idées, mes pensées, tout est embué. Je sais que je suis toujours en vie. Mais pourtant, je suis bloquée. Figée entre-deux monde. Entre-deux instants. Je reste impuissante. Je ne suis qu’un témoin de ce moment. J’entends celui qui me tient la main pleurer, sa main tremble. Pourquoi ? Qu’est-ce qui m’ai arrivé ? Cet accident est, a été si horrible que ça ? Vraiment ? Il pleure encore. Je veux qu’il arrête de pleurer. Il doit être fort peu importe qui il est. Il doit être fort pour nous. J’ai besoin de sentir, d’avoir une raison de me battre. Je sais que je dois ouvrir les yeux. Je tente en vain de me concentrer sur l’ouverture de mes paupières mais je suis coupée dans mes tentatives. Il vient de prendre la parole. Et… Ce qu’il dit me fait mal. Je ne comprends pas bien ses mots au début. Plus j’essaie d’écouter et plus les choses s’éclaircissent… Non ! Je ne veux pas ! Non ! Je ne veux plus savoir ! Arrête !
— Lucy, il ne me reste que toi. Alors écoute-moi bien. Je ne veux pas te perdre comme je l’ai perdu lui. Ton frère, Nicolas ne supporte pas de te voir comme ça avec tous ces branchements. J’avoue, aucun de nous ne supporte de te voir dans cet état. Lucy, je t’en prie, bats-toi ! Et tes parents sont encore là, bien sûr qu’ils sont là. Ils pleurent beaucoup. Ce qui est étonnants de leur part. Ils ont peurs et en réalité, nous avons tous peurs. Anne va bien, ils l’ont gardé seulement deux jours en observations. Nous allons tous bien… Enfin… Lui, il est parti le troisième jour. Il s’est réveillé et il allait mieux. Du moins, c’est ce que nous pensions tous mais ce jour-là son état s’est soudainement détérioré. Puis il... Il... Non, je ne peux pas te dire ça. Pas maintenant. Sinon, Mathilde va bien, c’est celle qui a eu le moins de dégâts. Et ton petit chouchou, Max, lui il a une jambe cassée. Il vient souvent te voir même si toi, tu es là à dormir. S’il te plaît, réveilles-toi. On a tous besoin de toi. Il n’aurait pas voulu que tu abandonnes à cause de lui. Il t’aimait. Vraiment ! Putain ! Lucy ! Il t’aimait ! Alors ouvre les yeux ! J’ai besoin de toi. Est-ce que tu le comprends ? Alors ouvre-moi tes jolis yeux. Aller, petite étoile ! Fais-le pour lui !
De quoi parle-t-il ? Qui est-ce il dont parle Lucas ? Qui est-ce qui est parti ? Je dors ? Mais pourtant, je l’entends et j’ai conscience de sa présence. Non, je ne peux pas être... Je serais dans... Dans le coma... Comment ? L’accident ? Lucas m’a dit qu’Anne, Mathilde et Max vont bien. Et Romain ? Romain... Il ne m’a rien dit sur lui. Pourquoi ? Pourquoi il ne me parle pas de Romain ? Je ne comprends pas. Où il est ? JE veux savoir ! Romain ! Mon Romain… Il a dit quoi déjà ? Il est parti… Cette phrase… Non ! Elle ne peut pas dire ce que je crois. Non ! Je commence à paniquer et j’entends ce bruit affreux comme un moniteur qui s’affole. Lucas me serre un peu plus la main puis il cri à l’aide. Oh non, qu’est-ce qui se passe ? Qu’est-ce qu’il m’arrive ? Mes pensées sont de plus en plus floues. Je perds… Plus rien, il n’y a plus rien. Je suis seule… Il est parti et le vide m’emplis… Le silence règne…
Annotations