32. Thomas

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Il quitte sa chambre, enfin. Il va la laisser enfin tranquille ! Elle n’a vraiment rien fait de mal. C’est moi, et seulement moi qui devrait faire face à la fureur de mon père. Elle est innocente. Vraiment. C’est moi étant jeune et sans cervelle qui ait fait une erreur. Bien que je ne considère pas Lucy comme une erreur, j’avoue avoir agi bêtement à l’époque. Je ne pensais pas que cela pourrait m’arriver. Il a suffi d’une fois et Lucy. Ma petite Lucy est arrivée dans mon monde. Peut-être qu’Arthur a raison. Je n’aurais pas dû traverser l’océan pour la rejoindre mais comme ne pas faire autrement. Elle est ma fille. Je ne peux pas rester les bras croisés quand j’apprends qu’elle est dans un état critique. Non ! Je ne pouvais pas rester là-bas sans rien savoir. Je voulais être sûr qu’elle revienne, qu’elle soit sauve. Je ne peux pas perdre ma fille. Pas alors que j’étais si loin d’elle. Je pose ma main sur la petite main frêle de ma fille et m’excuse, c’est plus fort que moi.

— Je suis désolé, Lucy. Il a peut-être raison. Je n’aurais pas dû venir. Regarde, la manière dont tout vient de se passer.

— Mais bien sûr que si, c’est ton droit ! Tu as totalement le droit d’être là. Quoiqu’il en dise. Après tout, il n’est pas mon père, c’est mon grand-père. Rien d’autre. Il n’est pas mon père. Ne l’a jamais été.

— Comment ça ? Non, mon père et aussi le tien. Je le sais, Tu as grandi avec moi. Tu es ma grande sœur.

— Pardon, Nicolas. J’ai grandi comme si j’étais ta sœur, c’est vrai. Seulement, Arthur est mon grand-père, il n’est pas mon père. Il m’a juste gardé parce qu’il n’en a pas eu le choix. Et surtout parce qu’il n’a pas laissé le choix à mon père. Mon père a dû m’abandonner avec lui, avec Arthur. Monsieur Arthur n’a pas su accepter les actes de son fils. Mais, il a tout de même gardé son erreur à l’œil.

— Mais maman aussi a toujours menti ? Et qui sont tes parents alors ?

— Pourquoi, tu ne nous en as jamais parlé ?

— Ne vous en prenez pas à Lucy, tous les deux. Elle ne pouvait pas. Elle ne pouvait rien vous dire. Papa l’a toujours surveillé, et au moindre faux pas, il y avait eu des répercussions. Je pense que Romain peut en témoigner. N’est-ce pas ? Dis-moi combien de fois, Lucy s’est retrouvée en pleurs dans tes bras au plein milieu de la nuit ? Combien de fois t’en a-t-elle expliqué la raison ?

— Euh…

— Des répercussions sur qui ? Enfin contre qui ? Pas seulement sur Lucy, sinon j’aurais vu quelque chose. Lucy, dis-moi.

— D’accord, Nicolas. Je… Il y avait des répercussions sur moi mais… Mon père aussi, et ma mère… Nous n’en parlons presque jamais. Arthur lui a donné une grosse somme d’argent pour qu’elle disparaisse de ma vie. Pour qu’elle ne reprenne plus jamais contact avec moi. Elle m’a abandonné alors que je n’étais encore qu’un bébé. Elle a accepté, je sais que c’est horrible. Mais elle a fait ça pour moi. En pensant, me protéger. Elle était jeune alors je peux comprendre qu’elle croyait bien faire en me laissant avec mes grands-parents. Mon père, lui, Arthur ne pouvait pas le payer, lui couper les vivres en revanche, il le pouvait. Du coup, mon père a dû partir pour continuer ses études et travailler dans un autre pays. Il est parti contre sa volonté, contre son souhait de rester s’occuper de sa fille. De moi.

— Comme Thomas ? Ton père est parti… Oh, je crois que j’ai compris.

— Je crois avoir aussi compris, Nicolas. Thomas n’est pas vraiment ton frère… En réalité, il est ton père n’est-ce pas ? N’est-ce pas Lucy ? Voilà ta vérité ? Ton père est Thomas.

— Lucy, pourquoi en avoir parlé ? Tu aurais pu garder le secret.

— Mais papa, je ne pouvais pas leur mentir plus longtemps. Après ce qu’il vient de se passer, alors que tu es seulement venu pour voir mon état, je ne pouvais tout simplement plus.

— Je sais, ma chérie. C’est juste que maintenant qu’ils savent la vérité, Arthur va être très en colère. Je pense qu’il est temps que je revienne vivre ici.

— Mon père est un monstre… Comment a-t-il pu vous faire ça ?

— Nicolas, non, ne dis pas ça. Ne t’en fais pas, toi, il t’aime. Tu n’as pas fait d’erreur comme ton grand frère.

— Tu n’es pas une erreur ! Et quoiqu’il dise, je ne laisserais personne te faire de mal.

— Merci Romain…

Je regarde ses trois jeunes, mon petit frère, ma fille et son copain. Ils sont solides. Ils se soutiennent. Ce qui me fait replonger dans mes souvenirs. Retourner à l’époque où j’étais avec elle. Ma belle blonde. Mon amour de jeunesse. La mère de ma fille. Elle représentait la lumière de mes journées. Même en apprenant sa grossesse surprise, je l’ai accepté. Certes, nous étions jeunes mais je ne pouvais pas penser à abandonner ce petit être. Cet être créé résultat de notre union. Un témoin de notre seule et unique nuit ensemble. Papa, Arthur, il a très mal pris la nouvelle. Et elle s’est éloignée. Laissant notre Lucy à cet homme. Mais peut-être que Lucy dit vrai. Peut-être pensait-elle protéger notre fille en lui laissant. Elle ne connaissait pas vraiment mon père. Elle ne pouvait pas savoir ce qu’il ferait subir, ce qu’il a fait subir à notre fille. Une idée s’immisce dans ma tête. Une idée un peu folle. Pourtant, je sens qu’elle peut aider Lucy. Peut-être que si je retrouvais ma jolie blonde, peut-être que Lucy pourrait retrouver son sourire d’enfant.

— On pourrait peut-être la retrouver. Je veux dire, on pourrait rechercher ta mère si tu le souhaites. Arthur doit avoir gardé un œil sur elle pendant un moment pour être certain qu’elle ne reviendrait pas pour toi. Fou comme il est…

— Vraiment ? On pourrait ?

— Je pense. Si tu le souhaites, je ferai tout pour.

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