Je ne comprends pas, pourquoi ne pas m’avoir dit la vérité avant? Pourquoi je n’ai pas eu le droit de savoir que j’ai deux filles... Serena dit m’aimer pourtant elle m’a caché la vérité pendant si longtemps... Je sais que mon père est très dur et qu’il ne laisse pas vraiment le choix mais de là à me cacher une personne aussi importante... Non, je ne peux pas la comprendre. Nous étions jeunes à ce moment-là, nous n’étions peut-être pas encore prêts à être parents... Enfin, personne n’est prêt à être parent à cet âge-là, seulement je ne l’aurais pas laissé, j’aurais tout fait pour rester avec elle, et surtout j’aurais essayé de subvenir aux besoins de nos deux filles... Quoique mon père m’avait déjà fait partir au Canada... Je ne sais plus quoi penser. Voilà, qu’à plus de trente ans, j’apprends que je n’ai pas une fille mais deux. Cela me fait un choc et en même temps je suis heureux. J’aurais tout de même aimé savoir, j’aurais voulu apprendre à la connaitre comme je l’ai fait avec Lucy quand elle a compris la vérité... Sara est autant ma fille que Serena... J’ai tellement de questions à lui poser... Tellement de choses à apprendre d’elle. Comment elle est, ce qu’elle aime. Toutes les choses les plus importantes dans sa vie...

— Tu es soucieux... Enfin, je ne dis pas que je ne te comprends pas bien au contraire. Et Lucy à raison, j’aurais dû essayer de vous dire la vérité plus tôt. J’aurais dû me révolter contre Arthur... Mais je n’ai pas pu, je ne voulais pas perdre Sara, déjà que j’ai dû rester assez loin de Lucy...

— Oui, comme on dit avec des si, on referait le monde... Seulement, nous ne pouvons pas revenir en arrière. Et je pense que je comprends Lucy, j’aurais aimé connaître l’existence de ma fille avant aujourd’hui... Tu aurais pu essayer de reprendre contact avec moi, avant que je ne le fasse il y a quelques jours.

— Oui mais... Je... Tu as raison, j’aurais dû. Tu as des questions à me poser? Parce que je lui ai dit de venir en train pour venir vous rencontrer... Et vu que je loge chez toi... Je ne veux pas qu’on soit de trop... Si tu veux, nous irons à l’hôtel le temps de trouver quelque chose à nous ici... Ou alors, nous retournerons dans notre maison dans le sud...

— Arrêtes tout de suite, ne dis pas n’importe quoi! Bien sûr que vous pouvez rester chez moi! Je veux la connaitre, je veux savoir comment elle est.

— Elle est très têtue. Comme Lucy en fait, quand elle a une idée en tête elle s’y tient même si il arrive qu’elle ait tort... Elle se ressemble beaucoup en fait... Elles sont blondes toutes les deux, avec tes magnifiques yeux bleus... Elles sont presque identiques, sauf que Sara est plus bronzée que Lucy. En même temps, Lucy n’étudie pas vraiment dans des villes où il fait très beau.

— Et après, elle vient te voir et te dit avec son petit air tout mignon, tu sais en fait tu avais raison.

— Exactement! Ah ah, elles sont si belles, et elles n’ont pas l’air de vouloir arrêter leurs études. D’ailleurs Sara a fait un Bac S, qu’elle a eu de justesse. Maintenant, elle est en fac de médecine. Elle s’en sort même si c’est très dur.

— Ah comme c’est étrange. C’est ce que Lucy aurait voulu faire si elle était restée en générale. D’ailleurs, elle fait quoi? Lucy? Viens! Qu’on discute tous les trois, tu ne veux pas savoir des choses sur Sara?

— Je ne peux pas, je suis au téléphone! Et ne crie pas comme ça, je ne suis plus en colère!

— Alors ne crie pas, si c’est le cas! Tu fais quoi au téléphone? Lucy, ta mère est là et moi aussi, tu pourrais au moins avoir la politesse de rester avec nous pour discuter!

— Je suis au téléphone avec Sara !

Quoi? Avec Sara? Sara, ma fille, sa sœur? Mais comment? Je veux dire, Lucy n’avait pas son numéro, elle ne savait même pas qu’elle a une jumelle... Je regarde Serena, à son visage je crois comprendre que c’est elle qui a fait en sorte que Lucy et Sara se parlent. C’est bizarre parce que je n’ai pas entendu Lucy crier une seule fois... Et il est déjà plus de 22h30, Romain et ses deux meilleurs amis vont sûrement arriver, rentrer du cinéma. Les films sont longs de nos jours mais tout de même.

— Tu sais, je suis contente de vous avoir dit la vérité.

— Je suis... Je suis aussi content que tu nous l’aies dit. Et je suppose que c’est toi qui as donné le numéro de Lucy à Sara. Je pense que tu as bien fait... Elle a réagis un peu violemment toute à l’heure mais je ne crois pas qu’elle soit vraiment en colère contre toi, c’est juste de l’incompréhension. Et aussi, peut être le fait que tu l’as laissé, elle, plutôt que Sara. Elle est juste blessée.

— Oui oui, c’est bien normal.

— Oh, vous êtes encore là? Lucy n’est pas avec vous? Il s’est passé quoi?

— Rien de grave Romain, ne fais pas une tête pareille. Lucy est dans la chambre, elle est au téléphone avec sa sœur.

— Sa sœur?

— Quoi, sa sœur? Qui a une sœur?

— Moi!