Garm.
Lorsque vous êtes l'un des hommes le plus riche de Domina*, il n'y a pas de choix à faire. Seuls les pauvres doivent faire des choix. Pour Garm, en revanche, seul compte son bon vouloir.
Lorsque vous êtes l'un des hommes, le plus riche de Domina*, les gens vous regardent différemment ... ils ne voient pas votre taille ... ils ne voient pas vos cheveux à peine grisonnants ... ils ne voient pas vos cicatrices ... ils voient juste votre or et l’Oracle* à votre poignet gauche !
Les mauvaises langues disent que le sénateur Garm a plus de 1000 ans, mais en réalité il a beaucoup plus.
Certains l'appellent Généralissime, d'autres le Roi des lenos*, certains l'appellent simplement le Diable, d’autres encore disent qu’il fait partie des Rois Démons… Peu importe ce que les moutons pensent, mais pour ceux qui le connaissent, connaissent son argent, son pouvoir. Et seuls les Dieux et un certain Teixó savent à quel point il est riche et puissant.
Mais tous les Dominiens se doutaient qu’il possédait de nombreuses affaires réparties sur l’ensemble des mondes connus, que son emprise s'étendait des bords de la Mer de Silex aux confins de l’Hyperborée. et il était même dit qu'il pourrait, s’il le voulait, financer son propre empire, avec ses richesses, son savoir et ses relations.
On disait aussi que le sénateur Garm serait le pouvoir derrière l’Empereur, en tant que chef des Régénérés et principal actionnaire de la Guilde Souveraine.
C’était même lui qui avait déclaré la légitimité du jeune Empereur peu après l’éviction de Salgon*. Mais beaucoup soupçonnaient aussi qu'une fois qu’Honorius aurait servi ses plants, Garm trouverait simplement des serviteurs disposés à éliminer le jeune homme. Mais on dit tant de choses sur une légende vivante.
Pourtant le sénateur Garm était l'un des principaux quirites* de Domina avec de nombreux grands projets, tel que la construction de l'amphithéâtre ou des égouts financés sur ses fonds propres.
Tout le monde connaissait son amour des combats, c’est pour cela qu’il dirigeait les plus grands Ludus* de Domina* et d’Aquilata*, où ses combattants s'entraînent pour lui faire honneur, les plus valeureux avaient même le privilège de le combattre dans l'arène qui porte toujours son nom. On disait même que parfois il utilisait ses gladiateurs pour des activités plus secrètes.
Et le sénateur Garm se devait d’organiser le plus grand événement de l'année 2763, où ses plus belles courtisanes devraient divertir ses meilleurs gladiateurs ainsi que l’aristocratie de l’Empire, il fallait que tous puissent entrapercevoir et apprécient l’étendue de son pouvoir.
Pour ce genre de manifestations, il ne faisait confiance qu’à une personne, qu’à Dame Lupus* mère du demi-frère de l’Empereur et amante de la mère de ce même Empereur, toutes deux avaient été d’anciennes pensionnaires d’un de ses palais des plaisirs.
Il est vrai que dans Domina, la prostitution était universellement acceptée. Même si les prostituées étaient considérées comme des parias. Et qu’elles n’avaient presque aucune protection juridique, il n’en était pas moins vrai que pour certaines et même certains, c’était la chatière par laquelle on pouvait espérer accéder au luxe et même au pouvoir.
Garm étant un personnage complexe, il avait même fait voter au Sénat un impôts sur les revenus des lenos et des prostitués. Et plus étrange encore il soutenait Honorius dans son combat contre l’esclavage. Et le moins que l’on puisse dire c’est que cette tâche était des plus ardue.
Par un bel après-midi de printemps, tandis que le soleil jetait à l'orient une radieuse clarté et faisait bondir ses rayons sur les croupes des oliviers argentés…
Garm éperonna son cheval, il était en vue d’un palais, celui de Dame Lupus, construit sur le penchant abrupt du Mussilippe*. C’était une vaste demeure toute élégante, dont les baies aux moucharabiehs de bois dorés laissaient pénétrer de toutes parts la lumière, l'air et la fraîcheur. Des jardins en terrasses encadraient de leurs délicats massifs un paysage délicieux. De là, on découvrait sur la droite les hauts murs d’enceinte derrière les dernières insulae* de Domina et sur la gauche, s'incurvant en demi-cercle, les longues falaises ocre de Mansénéa*, ainsi que l'admirable côte du même nom et léchant la roche, les eaux calmes du golfe de Domina.
Dans ce ciel bleu, des oiseaux blancs tournaient et jetaient autour d’eux des cris stridents. Puis d’un coup, c’était le reflet argenté d’une aile. En bas donnant la réplique, des voiles blanches sur des flots bleus souvent ridées par le sillage d'une galère ou d’un mégadromon*, qui tournait le Cap Béart*.
***
La Domina Lupus appartenait à cette classe de femmes rares, qui répandent autour d'elles ce je ne sais quoi, de parfum de sensualité, de joie, de félicité, dont le rire illumine une journée, dont le sourire console, dont la voix harmonieuse calme ou excite les passions selon sa volonté.
Elle était désormais riche, célèbre, toujours belle et enfin, pour que la Domina n'eut rien à souhaiter de plus en ce monde, elle possédait de véritables amis, dont la joie augmentait sa joie. Depuis plus de trente ans un attachement l'unissait à Garm.
- Je te remercie de t’occuper de l’organisation des festivités des prochaines Dionysies*.
- Maitre, C’est toujours un plaisir de te rendre un si petit service, d’autant qu’Honorata sera largement mise à contribution.
- Quelle drôle d’idée, après toutes ces années, de m’appeler encore Maitre.
- Comment pourrai-je oublier ? c’est d’une certaine façon l’anniversaire de notre rencontre. En sorte, poursuivit cette dernière, que celle à qui l’acheteur a dit : Tu m'appartiendras, lui appartienne, corps et âme, même avant de s'en douter, elle sera son esclave pour sa vie entière, surtout si cet homme est son sauveur. Surtout si cet homme s’appelle Reg Garm.
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