Direction le Sud (brouillon).

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Étant prudent de nature, je décidai de m’en tenir à mon plan initial, attendre et voir venir. Les six bahweins* avaient peut-être tout comme moi trouvé un refuge.

Ici, ma position était inexpugnable. J’avais suffisamment de provisions et d’eau pour tenir un siège. Autour de moi et sur trois bons parasanges* la hamada* était aussi plate que ma paume.

Je scrutai donc l'horizon à la recherche d'un signe de vie, mais rien ne se montrait. Je me demandais si je n'avais pas commis une erreur en m'arrêtant ici. Peut-être aurais-je dû continuer ma route ?

Mais fidèle à ma première idée, je décidai de passer le reste de la journée à me préparer au cas où il y aurait des survivants à l'ouragan.

Un bon feu, un bon tchay*… et même que j’en profiterai pour fourbir mes armes, ainsi qu’une bonne partie de mon armure sans d’ailleurs oublier celle de What.

En bas, mon roojas avait trouvé une grosse flaque où nettoyer son plumage et il s’ébrouait à tout va.

Une fois entretenues et aiguisées, je rassemblai mes armes et mon armure à l’entrée de mon abri. Je fis ensuite le tour de mon refuge pour m'assurer que tout était en ordre, que je n'avais rien oublié, j’avais même rempli mes outres et relevé mes pièges, ce soir What et moi nous mangerions encore de l’anguille des sables.

Puis je retournai au sommet de mon rocher finir mon tchay. J’observais les alentours, l’air était d’une limpidité cristalline. Le regg* était toujours désert.

Je restai, l'œil vigilant, l'oreille aux aguets et ma longue vue dans une main. Machinalement je fouillai dans mon Le'aokuu*. Il est vrai qu’avec tous ces événements, je n’avais pas pris la peine de vérifier ce que contenait la bourse que j’avais nuitamment subtilisée à Théodore Argrigent. Immédiatement je compris pourquoi les bahweins* me faisaient la chasse. Ce n’était pas pour la cinquantaine de pièces d’or et d’argent, non ce n’était pas pour cela, mais pour une autre petite bourse de taffetas, qui contenait sept Jièms* d’un jaune presque blanc, aussi lumineux que sept soleils. Comment estimer la valeur de ces pierres ? une seule aurait suffi à acheter un duché, pour sept, j’aurais pu lever une immense armée ou acquérir un royaume. Mais pour moi, elles représentaient autre chose, le carburant nécessaire au bon fonctionnement de mon Oracle*.

J’entrepris de délasser le brassard qui masquait l’artéfact. La dernière fois que je l’avais fait, c’était pour constater avec amertume que ma batterie était descendue sous les 5%. Cela voulait dire pour moi, un max d’emmerdes. Bien évidemment, je savais qu’elle ne baisserait pas beaucoup plus. Mais sous les 5%, j’avais droit au minimum. Juste le maintien de mes fonctions vitales. Chaque gemme de jièm*, c’était 10% supplémentaires d’énergie pour mon Oracle vorace. Maintenant, je pouvais enfin, m’afficher ouvertement comme un Reg* et non comme un Res*. En même temps que les jièms se dissolvaient au contact du bracelet, je sentais une nouvelle vitalité imprégner tout mon être. J’avais enfin accès à un micro-drone de surveillance et au service météo. Une petite mouche électronique s’échappa du bracelet, une vision panoramique holographique s’afficha devant moi, confirmant l’absence de danger.

Par acquis de conscience je fis faire une dernière rotation à mon drone, mais avec la vision thermique poussée au maximum histoire de voire… que ces coquins avaient survécus et qu’ils avaient pris la direction de l’Ouest, celle que j’aurais du prendre. Ces bâtards voulaient me tendre une embuscade. Le drone suivit sur plusieurs parasanges les traces laissées par les queues et les pattes des lézards.

La nuit me porterait conseil. Je me préparai donc, en rassemblant des branches et des bûches dans mon abri, et à la nuit tombée j’allumai un feu pour me tenir chaud et faire ma cuisine. C’est vrai qu’à plus de deux mille mètres les nuits étaient fraiches. Une chose était certaine demain je prendrais au Sud en direction des Bois Étranges*.

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