Les Yumis.

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Le soir même nous étions Punaise et moi dans ma chambre.

Je fumais tranquillement un cigare assis dans un fauteuil de rotin recouvert d’une peau de mouton retournée. Punaise, nue devant moi se caressait le crâne. Elle regardait ses pieds qu’elle avait en dedans, bref j’avais devant moi une petite fille prise en flagrant délit de vol de confiture, du moins c’est l’image que j’avais devant mes yeux agacés.

Je tirai une grande bouffée de mon cigare et je lui envoyai la fumée en plein visage.

_ Petite folle, tu aurais pu mener une existence tranquille et confortable. Regarde-toi dans cette psyché !

_ Je suis comme veut mon Maitre.

_ Mais putain ! Tu ne vois pas que tu as perdu ta belle chevelure rousse ? Et que tu es recouverte de tatouages des pieds à la tête !

_ Maître, une esclave n'a pas le droit de se plaindre. Et puis c’est le maitre qui m’a fait raser la tête et pas que la tête.

_ Bon, on va mettre une bonne fois les choses au clair. D’abord, lorsque l’on est ensemble, appelle-moi juste Teixó, ensuite c’est toi qui as voulu être mon esclave, moi j’étais contre. Mais puisque tu l’es, tu dois devenir un outil performant. Encore une chose je t’autorise à m’adresser la parole quand, et autant de fois que tu le veux.

_ C’est vrai maitre ?

_ Oui, et tu peux m’appeler Teixó.

_ J’aime mieux maitre, maitre. Alors pourquoi je suis comme ça ?

_ Je n’ai pas besoin d’une faible femme, je n’ai pas le temps de te protéger, tu dois pouvoir le faire toute seule et même parfois me seconder.

_ Oui maitre, mais encore ?

_ Tu veux tout savoir alors ok.

_ Ok ?

_ Oui, cela veut dire oui.

_ Ok, maitre.

_ Alors, je vais t’expliquer sans trop de détails. Tu as maintenant les mêmes caractéristiques qu’un ancien type de guerrières du nom de Yumis.

_ Elles étaient fortes, Maitre ?

_ Oui, c’étaient des ennemies redoutables.

_ Maitre, je n’en ai jamais entendu parler… C’était il y a longtemps ?

_ Oui, il y a des milliers d’années.

_ Maitre, vous vous êtes battu contre elles ?

_ Oh que oui, mais là n’est pas la question. Alors écoutes, ton corps a subi diverses modifications afin d'être préparées aux tâches à venir…

_ Maitre, pourtant je n’ai rien senti et…

_ Mais enfin ! vas-tu arrêter de m’interrompre à tout bout de champ ? Les tatouages que tu portes ne sont pas définitifs, ils sont faits d’une encre spéciale qui sera peu à peu absorbée par ton organisme, elle est activée soit par le rayonnement du soleil, soit par la voix. En outre cette encre éloigne les maladies que tu peux attraper dans les lieux où je vais, c'est pourquoi tu dois être absolument nue pendant la journée. Elle renforce ton ossature et ta musculation. C’est le pourquoi de ta nuditée pendant la journée, du moins tant que les tatouages sont apparents.

_ De toute façon, je sais que mon Maitre aime me voir nue. Mais pourquoi je ne suis pas comme une iŭgum ?

_ Comme une iŭgum ?

_ Oui, elles aussi sont très fortes, mais elles sont toutes bleue et elles souffrent beaucoup avant. Or moi je n’ai rien senti, je ne me souviens même pas comment je suis devenue comme cela ? Je ne suis pas sotte, je sais comme tout le monde que leur force vient de la couleur de leur peau. Mais moi je ne suis pas même d’une couleur unie, je suis jute couverte de dessins ?

C’était la première fois que Punaise ne m’avait pas donné du « Maitre », cela me fit sourire et je ne relevais pas cet oubli.

_ C’est normal tu as été endormie, il y a des enchantements que tu ne dois pas encore connaitre. Mais comme je te l’ai dit, on a utilisé sur ton corps une encre très spéciale, chaque signe a une signification, c’est comme des incantations magiques.

_ Je comprends Maitre, c’est une sorte d’écriture.

_ Tu as raison Punaise, c’est même un mélange de plusieurs écritures, il y a du japonais, de l’hébreux, du sanskrit et du nietzschéen, ce sont des langues anciennes depuis longtemps disparues.

_ Maitre, cela raconte quoi ?

_ C’est la transcription de plusieurs œuvre d’une part il y a le Yoga sūtra,

_ Et c’est quoi le Yoga sūtra ?

_ Ce sont des postures attribuées à Patañjali, c’était la référence de toutes les formes de yoga. C’était une pratique multi millénaire qui visait à apporter un équilibre entre le corps, le mental et le spirituel. C’était aussi une philosophie et une discipline comportant diverses techniques pour parvenir à cet objectif. Le mot « yoga » vient du sanskrit et signifie « lier », « attacher », « mettre sous un joug » et c’est excellent pour une petite esclave comme toi. Il désigne l’union du corps, de l’esprit et de l’âme. Je suis certain que tu adoreras.

_ Je fais confiance à mon Maitre.

_ Je peux savoir pourquoi tu as refusé ta liberté ?

_ Oh Maitre c’est simple et pourtant pas si difficile à expliquer.

_ Poursuis, je veux comprendre.

_ Depuis combien d’années mon Maitre possède son roojas ?

_ Depuis plus de 800 ans pourquoi ?

_ Maitre, en général qu’elle est la durée de vie d’un roojas ?

_ Entre 160 et 250 ans ils ont la même durée de vie que les humains sur Exo.

_ Mon maitre sait-il seulement son âge ?

_ C’est vrai que vu sous cet angle… je ne peux pas vraiment te donner ma date de naissance, de toute façon cela n’aurait aucune signification à tes yeux et cela serait trop compliqué à expliquer.

_ Je sais que mon Maitre est un Reg, un demi-Dieu, un héros de légende et je suis certaine que mon Maitre prendra soin de sa petite esclave, je l’ai su dès le premier soir.

_ C’est un pari risqué que tu fais là, petite Punaise.

_ J’en accepte l’augure mon Maitre. Je sais aussi qu’avec mon Maitre, je ne m’ennuierai pas. Et je suis certaine, oh oui, vraiment certaine que même étant votre esclave, je serai respectée et crainte de presque tout le monde.

_ Tu es une petite maligne. J’ai une autre question, tu n’as pas un autre nom que Punaise ?

_ J’aurai le nom que veut bien me donner mon Maitre. Mais c’est vrai, avant que d’être une esclave, je m’appelais Ashka Der Booka Kalléjan, étudiantes de l’École Supérieure de la Confrérie des Scribes disciple de Vādshāh.

_ Dis-moi Ashka, Der n’est-ce pas un titre de noblesse ?

_ Oui mon Maitre, mais un tout petit, cela équivaut à chevalier je crois.

_ Eh bien, Comme je n’aime pas Punaise et que je suis trop fainéant pour en chercher un autre… Je crois que l’on va garder Ashka.

_ Merci Maitre, mon Maitre est trop bon. Mais mon Maitre peut-il me parler encore de mes tatouages ?

_ Si tu veux, il y a aussi le Livre des cinq anneaux, connu sous le nom de Traité des cinq roues, en japonais Go rin no sho 五輪書, c’est un traité sur le sabre kenjutsu, il y a aussi le Krav-maga qui est un art martial, ainsi que le Traité des Illusions.

_ Oui Maitre, Mais en quoi ces tatouages sont-ils magiques ?

_ Tu vas vite comprendre, rien ne vaut l’exemple pour enseigner à l’élève. Mais je devrais plutôt dire au disciple. Ainsi tu comprendras aussi le pourquoi de ton nouveau collier. À l’origine celui-ci avait plusieurs fonctions dont celles d'empêcher les tentatives d'évasion, et de transformer les Yumis en munition.

_ En munition, Maitre ?

_ Tu vas comprendre, si tu me laisses poursuivre. Ton collier est verrouillé en permanence, mais cela tu en as l’habitude. Par contre, je peux le contrôler jusqu’à une distance de plus de 5 parasanges, si je le désire, je peux déclencher une fonction qui entraînera des conséquences fatales pour ta petite personne. Au choix, j’ai la possibilité d’activer une aiguille empoisonnée qui s’enfoncera dans ton cou, ou une explosion qui détruira tout autour de toi dans un rayon de dix pas. Mais ton collier a entre autres, une fonction d’apprentissage, comme je te l’ai pas dit, il est relié à mon Oracle. Regarde bien… je jouai quelques secondes avec mon bracelet et dans l’espace, l’hologramme d’Ashka apparu avec tous ses tatouages, j’en choisis trois 犬の顔 qui étaient écrits sur son avant-bras gauche et je prononçai à haute voix, Inu no kao, cela veut dire tête de chien ou visage de chien. Immédiatement mon esclave prit cette position, elle se mit à quatre pattes, les genoux décollés du sol, et le bassin basculé vers l’avant. Ses membres supérieurs étaient tendus et sa tête penchée en avant sous une longue expiration. Tu vois je te commande comme un pantin. Cette position est aussi appelée Adho Mukha Svansana. Elle favorise le soulagement des douleurs de la colonne vertébrale et une bonne circulation sanguine. Comme tu peux le constater ces trois caractères 犬の顔, commencent à s’estomper. Au bout de dix à quinze répétions ils seront totalement effacés, mais seront intégrés dans ta mémoire pour la durée de ta vie entière.

_ Maitre cela ressemble beaucoup à la gymnastique sacrée de Vādshāh.

_ Oui je sais. Ta belle chevelure rousse a été rasée, mais ne t’inquiète pas, elle repoussera rapidement.

_ Maitre, fallait-il aussi m’épiler les poils pubiens ? c’est encore plus dégradant que ma vente sur le marché de Castelkatar.

_ C’est normal, tu as reçu un conditionnement Yumi, de première génération. À l’origine les Yumis étaient comme je te l’ai dit des combattantes kamikazes produites en masse.

_ Comment cela produites en masse ? Et que veut dire kamikaze ?

_ Tu ne vas pas m’interrompre toutes les cinq secondes ? Je vais te demander un effort d’imagination. Imagine une machine qui ferait le même travail qu’une poule. Elle pondrait nuit et jour des centaines, voire des milliers d’œufs et dans chaque œuf, il y aurait une jeune fille qui aurait entre trois semaines et seize ans, selon le bon vouloir des généticiens, je veux dire des mages. Celles qui écloraient déjà adolescentes seraient les kamikazes, une seule bataille, un seul combat et boom ! Finita la commedia !

_ Maitre, vous ne m’avez toujours pas expliqué le mot kamikaze.

_ Un kamikaze, est un guerrier, un fou de guerre qui ne cherche pas à épargner sa vie. Il combat jusqu’à la mort.

_ Maitre ! Cela veut dire que je vais bientôt mourir ?

_ Mais non idiote, tu n’es pas une vraie Yumi, tu possèdes juste certaines des caractéristiques de ces femmes. De toute façon il y avait plusieurs sortes de Yumis. Mais c’est aussi vrai que les mages n’avaient pas besoin d’investir dans des vêtements pour leurs soldates à usage unique. D’ailleurs, ils leur donnaient le nom d’objets et elles portaient un matricule tatoué sur le pubis, sur le front et sur la nuque. Durant leur brève existence elles étaient maintenues et entrainées captives dans des camps ou plutôt des fermes. Elles devaient être faciles à garder propres. Une simple douche à l'eau froide devait être suffisante. C’est pour cela, que tous les poils du corps, à l'exception des cils, devaient être rasés. Il fallait que l’encre pénètre la peau et disparaisse dans le muscle et même dans les os. C’était surtout valable pour les Yumis de première génération qui était le rang le plus bas des sections d’assaut, au risque de me répéter elles étaient produites en masse.

_ En masse comme des centaines ?

_ Des centaines ??? Tu veux dire des dizaines de milliers, voire des centaines de milliers. Tu comprendras que cela n’avalait donc aucun sens économique de leur fournir un vêtement. C’étaient des guerrières nues, uniquement équipées d’une arme blanche.

_ D’armes blanches ?

_ Oui Ashka, il y a plusieurs types d’armes. Une arme blanche est une arme tranchante, perforante ou brisante dont la mise en œuvre n'est due qu'à la force humaine ou à un mécanisme auquel elle a été transmise, à l'exclusion d'une explosion, et ceci qu'elle soit constituée de bois, de pierre, d'os, d’arête, de métal ou de matériaux composites, etc., etc., etc.

_ D’une explosion ?

_ Oui d’une explosion un jour je te montrerai.

_ Mon Maitre est véritablement un Roi Démon comme je l’ai entendu dire.

_ Arrête de dire des sottises. Pour en revenir aux Yumis, elles apprenaient à vivre avec un minimum de moyens. C’étaient juste des machines à combattre. Des animaux enragés qui devaient être dressées aux combats de toutes sortes. Donc au début de leur entraînement, des sanctions physiques et des contraintes étaient nécessaires. À cette fin, des anneaux étaient placés sur leur corps comme sur le tien à des endroits particulièrement sensibles, ils pouvaient également être utilisées à des fins de punition. En standard, ce qui est ton cas, tous les objets avaient deux anneaux en acier solide aux mamelons et un autre anneau traversait le septum nasal. Le but principal de ces anneaux étaient de pouvoir appliquer des sanctions rapides en cas de faute. En cas de rébellion des anneaux supplémentaires pouvaient être fixés au clitoris, au périnée, à l'anus, aux lèvres, aux sourcils ou aux oreilles, ainsi qu'aux lèvres extérieures et intérieures.

_ Mais Maitre, moi je ne me rebelle pas ! alors pourquoi j’en ai ?

_ Comme je te l’ai dit, c’est la procédure standard.

_ Ok Maitre, mais le clitoris ?

_ Non c’est vrai, celui-là c’est pour me faire et te faire plaisir, d’ailleurs il est tout petit et différent de ceux que tu portes aux seins et au nez.

_ Mon maitre veut que je ressemble à un kurt avec cet anneau dans le nez ?

_ À Migalana je te le ferai peut-être enlever. Aurais-tu d’autres plaintes à me faire petit objet ?

_ Mon maitre se moque de la petite Ashka. Mais oui Maître, je pense qu’on m’a posé un mauvais collier, il est trop petit.

_ Oh, pourquoi cette remarque Ashka ?

_ C’est beaucoup trop serré, maître.

_ Approche !

Ce qu’elle fit.

_ Ça m’a l’air bien, esclave.

Je vis bien qu’elle fut surprise de ma réponse. Car je n’inspectai même pas le dit collier.

_ Mais, Maître, je ne peux même pas glisser un doigt sous ...

_ Silence !

Elle fut surprise par mon ordre péremptoire. Elle resta là, devant moi, bouche ouverte bras ballants.

_ Alors, fille, que portes-tu autour du cou ?

_ Un collier, Maître.

_ Quel genre de collier est-ce, esclave ?

_ Un collier d’esclave, maître ?

_ Parce que tu es une... ?

_ Esclave, maître.

_ Exact, tu es mon esclave, une chose, un objet, ma propriété. La possession de quelqu’un. Il est serré, large et lourd de sorte que tu en sois constamment consciente. Il n’est pas là simplement pour faire beau ou comme outil de formation… il est là pour te rappeler ton choix, que tu n’es rien d’autre qu’une esclave. Il est aussi là pour dire aux autres que tu n’es qu’une chose. Il est là pour que tu puisses être conduite en laisse. La seule façon de le faire disparaître est que tu arrêtes d’être une esclave. Et toi, comme moi, savons que cet événement a très peu de chance de se produire. Ce n’est pas un bijou. Il n’est pas là pour ton bienêtre, mais pour ton propriétaire, en l’occurrence moi. As-tu mangé avant de monter dans ma chambre ?

_ Oui, maître.

_ As-tu pu boire ?

_ Oui maître.

_ Eh bien, ce collier te va bien. Tu peux manger, boire, respirer et, malheureusement, parler. Mais cela peut aussi se corriger. Si je t’entends encore te plaindre à ce sujet, je te ferai porter un bâillon. As-tu d’autres questions esclave ?

_ Oui, maître, mes bracelets sont plus lourds ! j’en ai aux poignets et aux chevilles, alors que lorsque j’étais l’esclave de maitre Llamal, je n’en portais qu’un à la cheville droite et il était beaucoup plus léger.

_ La formation pour devenir une Yumi est difficile. Tout ton corps doit s’habituer à l’effort. Dans quelque temps ils seront même alourdis. Je ne sais pas si tu as remarqué, mais en plus des signes, ton corps est recouvert de lignes, c’est ton exosquelette. Ces traits, ces figures étranges seront-elles aussi absorbées par ton corps, elles te donneront une force, une agilité, une endurance qui ira au-delà de ton imagination. Et avant que tu ne me poses la question, les objets comme toi sont marqués en permanence d'une marque de chair. En règle générale, c’était le code de la brigade qui était marqué sur la zone pubienne, c’est pour cela que ton pubis est glabre, je t’épargne les détails et le nom de l’outil. Mais il est tatoué définitivement sur ta peau, ainsi tu portes désormais mon sceau. C’est la raison impérative pour laquelle cette région de ton corps doit être gardée sans poils. Mais pour le cas où cette partie serait cachée il y a un rappel de cette marque entre tes seins. Cependant il ne peut être compris que par des Reg et des Hors-Loi.

_ Ok maître.

_ Gontran m’a affirmé qu’en plus, il t’avait apporté quelques modifications en matière de prouesses sexuelles. Il m’a dit, qu’il accordait la plus grande importance à la formation de ses esclaves sexuelles. Il parait que tu as acquis la capacité de fournir un service sexuel long et soutenu à ton propriétaire. J’ai hâte de voir cela !

_ Maître, avais-je besoin de cela ? Vous savez que la performance dépend de l’homme et non de la femme qui est par nature beaucoup plus endurante.

_ Ashka ! veux-tu bien te taire et me laisser mes illusions.

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