Artisan du malheur (2)
Une forme souple et agile se glisse parmi les ténèbres enchevêtrées. Un loup, peut-être. Il bondit, se faufile, court pour rejoindre l’éclat pâle d’une lumière insaisissable. Le mufle est fin, les oreilles larges, la queue touffue. Il ne s’agit pas d’un loup. Un reflet accroche soudain son pelage soyeux. Un flamboiement roux. C’est un renard.
Tout à coup cernée de silhouettes massives et menaçantes, la bête prend peur. Elle crie, d’une voix tout humaine, sa terreur et sa douleur. Impuissante, elle subit un châtiment injuste. L’humiliation est plus cuisante encore que ses blessures.
Lorsque cesse son martyr, que les silhouettes se retirent dans les ombres dont elles sont nées, le renard n’est plus tout à fait là. À tout le moins, il n’est plus le même. Le flamboiement s’est terni. Inerte, il pend aux branches d’un vieil arbre argenté. La mort n’est plus très loin.
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