La mère est hystérique. Traumatisée. Elle hurle et se cache sitôt que quelqu’un l’approche. Dans ces conditions, je n’ai rien pu en tirer. Elle se calmera peut-être, avec le temps. Ou alors, je devrai recourir à la brumeuse pour l’apaiser.

J’ai donc interrogé le gamin. Il doit avoir huit ou neuf ans, mais ses joues rondes et ses boucles blondes le font peut-être paraître plus jeune. Il est calme et peu loquace. Il n’a pas l’air effrayé. Je crois qu’il ne se rend pas compte. Il a demandé plusieurs fois après sa mère. Elle semble lui manquer, mais ils sont tenus séparés, pour l’instant, tant qu’elle est dans cet état et ne se laisse approcher par personne.

Il ne m’a pas appris grand-chose. En vérité, il est orphelin. Sa famille a péri durant les pillages mörnvardiens. Mais tandis que nous discutions, du moins alors que je le soumettais à mon interrogatoire, j’ai peu à peu compris que les six membres de sa famille qui ont été fauchés par le Voleur de Visages l’ont été séparément, à des moments différents. Ce ne peut être un hasard. On s’est acharné sur cette famille.