La mère est toujours très agitée. Même lorsqu’elle finit par succomber à l’épuisement, elle délire et marmonne des propos incompréhensibles dans son sommeil. À propos de ses enfants, essentiellement. Les gens, cependant, commencent à s’ouvrir. Le besoin de s’exprimer finit par excéder leurs craintes et superstitions.

Mais les bénéfices sont encore pauvres. Les uns parlent des victimes qu’ils ont connues, des personnes merveilleuses qu’elles étaient de leur vivant. Les autres réclament une protection divine. On me parle aussi de spectres, errant dans des brumes glacées, de châtiments d’Yseh, d’esprits anciens de la forêt, de satires, de feÿs ou de petits démons cruels.

Bien sûr, ces gens vivent encore selon des us d’un autre âge. C’est à peine si des échos des récents progrès, scientifiques et arcaniques, sont arrivés jusqu’ici. Sir Otto est toutefois plus enclin à prêter l’oreille aux racontars paysans. Le chevalier Malégide pressent qu’il y a une forme de magie là-dessous. Il affirme pouvoir presque la sentir depuis qu’il est arrivé, toute proche.