Hagan se faufilait le long des ruelles à la manière d’un chat. Le pied leste, il ne produisait pas un son. Son regard accrochait le moindre reflet, il évitait ainsi les flaques. Du bout des doigts, il touchait les façades, qu’il longeait sans quitter l’abri des encorbellements, là où aucun rayon de lune pernicieux ne pouvait le trahir. Et de l’oreille, il s’assurait de ne pas perdre la trace de sa proie.

La jeune femme trottinait à quelque distance. Son pas, léger mais tendu, éveillait sur le pavé des échos que Hagan ne pouvait ni confondre ni égarer. À l’ouïe, les forêts brümiennes étaient autrement plus complexes à décrypter que les rues de Tristheim à cette heure de la nuit.

Malda paraissait savoir où elle allait. Elle ne s’éloigna guère. Quelques venelles, une cour et deux arches plus loin, elle finit par s’arrêter. Hagan s’approcha doucement pour jeter un coup d’œil, accroupi derrière un chasse-roue.

La jeune femme avait frappé à la porte d’une haute masure défraîchie ; étroite, couverte d’un torchis lépreux, très semblable à la plupart des habitations de ce quartier. Une lueur s’était allumée, derrière les carreaux poussiéreux de l’étage. Elle s’atténua pour se raviver au rez-de-chaussée et la porte s’ouvrit.

Une vieille dame en robe de nuit et empaquetée dans une courtepointe apparut, passablement contrariée. À cette distance, Hagan ne pouvait saisir la teneur de la conversation. Les deux femmes discutèrent un moment, puis la porte se referma et Malda s’éloigna.