Prouve-le-moi
Il est de dos, sous la douche, l’eau tombant en pluie sur sa silhouette si virile, et je m’abandonne quelques instants dans la contemplation de cet homme qui connait mon corps mieux encore que moi. La tentation est trop grande. Nos derniers ébats n’ont fait que réveiller davantage mon appétit pour lui. J’en veux encore…
Je m’avance, me colle contre son dos et passe mes bras autour de lui. Je caresse son torse, mon menton posé sur son épaule. Il ne sursaute même pas. A croire qu’il m’attendait. Qu’il m’anticipait.
— Regardez-moi cette petite chatte qui vient ronronner contre moi, ricane-t-il. T’en as pas eu assez peut-être ?
— Hum… c’était trop court, minaudé-je en me frottant langoureusement contre lui. Et je n’ai rien senti, ajouté-je en caressant sa peau ruisselante. J’ai déjà oublié, conclus-je en effleurant sa queue du bout des doigts.
— Mais quelle salope…, siffle-t-il entre ses dents.
— Je t’ai entendu.
— J’espère bien, réplique-t-il en se retournant et en s’emparant de mon visage pour m’embrasser.
Il m’enserre de ses bras, me plaque contre le mur carrelé. Je réponds à son étreinte avec fougue, ma langue avide de rencontrer la sienne. L’eau brûlante qui cascade sur nos corps emmêlés et la vapeur qui nous environne ne me donnent pas autant chaud que lui. Il est l’étincelle qui met le feu à mes poudres.
— Tu es à moi, revendique-t-il férocement en dévorant ma gorge de baisers et de légères morsures. Tu le sais, n’est-ce pas ?
— Oui, soufflé-je les yeux mi-clos. A toi.
Mes seins semblent se tendre vers lui, réclamant toute son attention. Sa bouche accompagne les ruissellements de l’eau le long de ma poitrine, comme s’il étanchait sa soif de moi en aspirant mes pointes gonflées de désir. Je soupire en enfonçant légèrement mes ongles dans son cuir chevelu.
Il remonte pour m’embrasser et je m’empare de son sexe déjà fièrement érigé. Ma langue se fait tremblante contre la sienne, alors qu’il titille délicatement mon clitoris. Je le caresse avec douceur et fermeté, excitée de sentir dans ma main la quintessence de sa virilité réagir à mon contact.
— Je ne suis pas amoureux de toi, grogne-t-il soudain, son nez dans mes cheveux.
— Moi non plus, rétorqué-je.
— Je peux te baiser brutalement si je le veux, menace-t-il en saisissant mes mains pour les épingler au-dessus de ma tête.
Il est si arrogant, si sûr de lui… mon pouls s’accélère et résonne dans ma gorge. Je déglutis.
— Prouve-le-moi, le défié-je en soulevant une jambe pour la caler sur sa hanche.
L’éclat de ses yeux noirs à cet instant me provoque une décharge d’adrénaline. Il libère une de ses mains pour empoigner sa queue et la frotter contre mon sexe. Je penche la tête pour l’embrasser mais il se dérobe, à plusieurs reprises. Je crève d’envie de sentir sa barbe de trois jours contre ma peau, mais il reste distant et m’observe avec intensité. Il se branle contre moi, tout en gardant mes poignets plaqués au mur, provoquant un déferlement de plaisir dans tout mon être. Renversant la tête contre la paroi, je me mords les lèvres, les yeux clos. Mon excitation atteint des sommets, je deviens haletante.
Il me retourne face au mur, plaçant mes mains sur la faïence. Son sexe dur glisse le long de ma fente. Il écarte soudain mes fesses pour me pénétrer brutalement, et je l’accueille en entier dans un soupir délicieux. Je sens son souffle dans mon cou alors qu’il m’attrape fermement par les cheveux pour m’embrasser.
— Tends bien ton petit cul, m’ordonne-t-il en agrippant ma hanche. Mieux que ça ! fait-il sèchement en me claquant la fesse.
Je crie en accueillant la sanction avec délectation. Putain… j’aime tellement son autorité naturelle. Je me cambre au maximum, pour qu’il use et abuse de mon corps à sa guise.
— Là… comme ça… que tu la sentes bien au fond… au plus profond de toi…, me dit-t-il en intensifiant son étreinte.
Ses coups de reins puissants me collent contre la paroi et mes gémissements résonnent contre la céramique. Le contraste du carrelage froid contre ma peau brûlante exacerbe mes sensations. Mon corps est secoué de frissons. Je ne peux pas lutter. Je ne retiens plus mes cris et me laisse emporter par un orgasme dévastateur. Il éclate en moi comme un raz de marée ravageant tout sur son passage, s’immisçant dans la moindre de mes cellules, provoquant le black-out total de mon cerveau pendant quelques secondes. Je pourrais en pleurer tellement c’est libérateur.
Je n’ai pas le temps de recouvrer mes esprits que mon complice desserre son étreinte. Il me retourne face à lui et me prend par le bras pour me faire m’agenouiller devant lui. Je me laisse faire, hagarde, encore sous le choc de mon orgasme.
Debout devant moi, haletant, il me domine de toute sa hauteur alors qu’il achève de se branler sous mes yeux. Il me tient les cheveux et présente son sexe devant mes lèvres. Je l’engloutis sans la moindre hésitation. Je suis ce qu’il veut, ce qu’il désire. Son regard est rivé au mien et j’y lis des choses qui se passent de mots, alors qu’il se laisse aller dans un murmure rauque. Sa jouissance, douce et chaude, emplit ma bouche et je la laisse refouler le long de son sexe. Elle se déverse sur mon menton, ma poitrine, mon ventre. Je l’accueille comme un cadeau, son plaisir rejoignant enfin le mien.
Il inspire et expire profondément, comme pour se ressaisir. Il se retire et caresse ma joue tout en s’agenouillant à son tour. Il prend un peu d’eau au creux de sa main pour nettoyer mon visage avec douceur. Il a perdu son air de prédateur. Ses traits sont détendus. Il m’adresse un sourire tendre en passant son pouce sur mes lèvres. Il se penche et m’embrasse avec ferveur.
Il s’assoit à même le sol, le dos calé contre la paroi et m’ouvre les bras pour que je me blottisse quelques instants contre lui. Il ne prononce pas un mot. Moi non plus. La tête sur son torse, je me laisse bercer par le bruit de l’eau qui tombe toujours en pluie autour de nous. Ce silence d’après, l’un contre l’autre, est toujours apaisant. Nous savourons l’instant, cette plénitude et ce bien-être qui ne posent aucune question.
Mais au fond de moi, je sais.
Il peut essayer de se mentir et me baiser de toutes les façons qu’il veut… ses yeux ne pourront jamais nier cette évidence entre nous.
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