Désillusions
Louise, toujours très matinale malgré une contrariété de la veille et une nuit agitée, tient dans ses mains son téléphone dont la sonnerie venait de l'avertir du dépôt d'un message.
Il va sans dire qu'elle adore recevoir des nouvelles de ses proches, des petits mots gentils pour éclairer sa journée.
Mais là, à en croire sa mine déconfite, son visage douloureux où l'on sentait les larmes monter, l'agacement, plus que la colère, leur refusait la sortie, et d'exprimer ainsi librement sa peine.
Louise, qui n'en croyait pas ses yeux, relut le message de cette prétendue amie dont les mots agressifs, percutants diffusaient des graines de discorde dans tout le métavers.
Son sms, long de deux kilomètres la reléguait au rôle de juge et non d'écoute ou de conseils des problèmes de cette fausse dame de coeur. Elle les connaissait bien et prévoyait même l'issue depuis des semaines ! Et ça, Louise ne l'admettait pas, jamais elle ne se permettait en aucune façon de juger quiconque.
Déjà, la veille, à l'office de tourisme où elles s'étaient rendues ensemble pour se renseigner sur le parcours des soixante-dix bornes des "ambulassons", un petit pique, mal placé, avait déjà créé une division entre elles.
Mais Louise, volontairement, avait préféré ne pas relever. Juste, son corps courbé exprimait la douleur des mots bien reçus en plein coeur, et elle était rentrée chez elle, complétement décontenancée.
Ce courrier, ce matin, plein de reproches, de rancoeur envers elle engendrait une fracture dans tout son être.
Pourtant, elle l'avait bien cernée cette fausse amie, dont le besoin d'une cour pour avancer la rendait toujours très haut perchée, et ne mesurait pas ses propos rabaissant voire insultants.
Louise posa ce messager comme s'il lui brûlait la main. Elle prit trois grandes inspirations, et décida de ne pas répondre à ce courrier malfaisant, ce déballage de rancoeur, au travers duquel tout son mal-être transpirait.
Plus tard, dans la matinée elle supprimera cette correspondance, sans la relire. Sa manière à elle de prendre du recul, face à cette agression verbale.
Elle alla préparer le café pour Gilles, son amoureux, et en lui déposant la tasse sur son bureau, se serra tout contre lui, pour chercher le réconfort dont elle avait grand besoin.
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