L'embouteillage

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Embouteillage.

C’était le soir. Je roulais au volant d’une petite citadine, de retour d’un voyage d’affaires.
La pleine lune brillait haut dans le ciel et donnait aux arbres de part et d’autres de la route des effets étranges, d’ombres fantomatiques, issues de mes livres d’enfance ou d’histoires d’extra-terrestres. La série X-files me revenait en mémoire avec Mulder et ses croyances. La très scientifique Scully souvent ébranlée dans sa logique.

Les voitures ralentissaient, peut être un accident.
En cet instant, nous étions tous à l’arrêt. Je coupai le moteur. La lune avait disparu. A la place, de gros nuages que je voyais rouler, au-dessus de nos têtes. J’étais également sortie de l’habitacle.

L’occupant d’un véhicule de fonction aux sigles d´une entreprise, remontait la file en quête d’information. La quarantaine bien sonnée, les cheveux quelque peu grisonnants, en cette fin de journée était d’une élégance rare.

Au loin, le tonnerre se fit entendre.

– Zut me dis-je, il va encore pleuvoir.

Perchée sur mes hauts talons, j’arpentais le bitume, impatiemment. Habillée d’un tailleur classique bleu marine, tenue de la compagnie où je travaillais, j’avais hâte de me changer.

Je souhaitais m’adresser à l’homme qui cette fois-ci s’avançait en sens inverse, dans ma direction, lorsqu'un orage a éclaté.
Je suis restée au milieu de la route, bouche ouverte, transportée dans le temps qui venait à l’instant de s’arrêter. Il me fixait de ses yeux bleus intenses.
Un éclair. La foudre ne tomba pas très loin.

Les minutes s’étaient arrêtées. Nous marchions l’un vers l’autre. Mon coeur battait à tout rompre, je ne voyais que lui. Mes longs cheveux flottaient au gré du vent qui s’était levé.

Il me tendit la main droite avec dans le creux un objet. Les éclairs le faisaient briller. Il le tenait délicatement au creux de ses doigts. Je tendis lentement ma main vers la sienne, en ce moment unique et intense où nos regards ne se lâchaient pas, tenus par nos coeurs battant à l’unisson.

Mes doigts se posèrent sur sa joue gauche. Mon corps entier se rapprocha du sien. Mes lèvres d’un rouge intense brillèrent sous l’éclat d’un autre éclair. Mon visage proche du sien, je sentis l’eau de toilette qui émanait des grains de sa peau.

- Coupez, coupez ! dit une voix autoritaire, cette fois-ci cette prise est la bonne. Nous ne changerons plus rien. C’est parfait. J’espère que notre couturier sera content pour ce clip. Il se frotta les mains et ses yeux se plissèrent en un sourire satisfait.

© Mantille 09-04-2014

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