7/52 - Médusé
Je n'aurais pas dû lever les yeux vers lui. J'aurais dû faire comme d'habitude, garder mon regard fixé sur ses lèvres pour y lire les mots. Apprécier sa voix, aimer son sourire, ce n'étaient pas des raisons suffisantes pour prendre le risque. Ça n'a pas attendu, la simple connexion de nos regards a évaporé toute forme de concentration. Son sourire a doucement disparu, sa voix s'est peu à peu éteinte... J'ai senti dans mon ventre l'énergie qui chasse le doute, celle qui glace et brûle comme un malaise vagal. Je l'ai vu pâlir, sa main autour de mon poignet s'est raidie un instant, avant de perdre toute force et tomber avec son bras le long de son corps figé. J'ai dû m'arracher à lui avant qu'il ne se change en pierre.
Là, voilà. C'est fini, pardonne moi. Pardon. Je le sais depuis longtemps, que je ne dois jamais faire ça.
Ça y est, il revient à la vie, je le sens se réchauffer, je vois du coin de l’œil son corps reprendre sa souplesse. Il laisse échapper une toux nerveuse, avant de forcer un rire derrière ses lèvres serrées.
Et il s'en va. Il bredouille, il dit qu'il reviendra. Mais non. J'en suis certaine. Je sais qu'il ne reviendra pas. Pas celui-là. Je l'ai regardé trop longtemps. La glace a atteint son cœur. Il ne reviendra pas.
Quand ils fuient, ils ne reviennent jamais.
Il ne reviendra pas.
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