Cours ! Cours. Cours sans fuir, cours vers nulle part. Cours. Cours encore. Parce que c'est vivre. Parce qu'ainsi, tu ne chutes pas. Presque pas. Meurs un peu, à chaque fois, et vole.

Au fond, c'est un problème. Jamais assez joyeux pour rire, jamais assez triste pour pleurer. La voilà, la Vie dont ils parlent. Avancer, avancer toujours, quitte à se traîner, quitte à ramper. L'objectif est le même pour tous. Au bout du chemin. Au bout du temps.

Allez cours. Même si c'est sur place. Bondis. Enlisé, enlié, tends-toi de toutes tes forces vers l'avant. Tire ! Tire sur tes muscles, tire sur ton âme, fais hurler ton sang ! L'épuisement viendra trop tard.

Est-ce beau ? Est-ce vraiment beau ? « Ils ne savent pas que la vie est belle. » Moi non plus. Je ne sais pas. N'est-elle pas trop longue, surtout ? N'a-t-elle pas toujours un arrière goût amer ? Une ironie, un ricanement... Partout là où la joie a brandi son drapeau.

Ah, cours... quoi qu'on en dise, peux-tu t'en empêcher ? De chercher l'air encore, de tendre des doigts piteux vers la légèreté ? Peux-tu ? Tout arrêter, t'effondrer vraiment, comme il faudrait ?

Tu ne peux pas. Ta nature est mécanique. Il y a trop d'amour, dedans. Beaucoup trop.

Il faudra bien hurler, un jour.

Il faudra bien.