Je ne sais pas faire. Je ne sais pas.

Ignorer l'électricité qui passe entre vous et moi quand je me risque à croiser vos regards. Ignorer vos visages qui changent, le malaise palpable, le questionnement affolé.

Savez-vous pourquoi je vous fuis ? Savez-vous pourquoi j'ai peur ?

Je ne crains ni vos gestes, ni vos jugements. Je crains votre angoisse, je crains votre crainte. Je crains la tristesse soudaine qui mouillera vos yeux. Et puis vos compliments bien plus que vos reproches. Ces compliments qui masquent, ces compliments qui couvrent, et dessous... Quoi, dessous ?

Savez-vous pourquoi je freine, pourquoi j'ai toujours un pied dehors ?

Parce qu'avant de vous faire du bien, je vous ferais du mal. Parce qu'avec ma légèreté, j'apporte une boule de plomb.

Si j'avance, alors... Si j'avance vers vous. Si j'avance vers toi ?

Tu serais mon salut, je le sais. J'ai vu tes ailes timides déployées, invisibles. J'ai senti les remous de l'eau vive dans ton sang. Il y a tant de chose à chérir, tant de choses à accompagner. Créature faite pour être une, qui jamais ne possède et jamais ne s'enchaîne. Ton œil a brillé sous tes cheveux fous... Brillé pour quoi ? Pourquoi... Mais pourquoi tu brilles ? Des diamants de lumière dans ton joyeux torrent.

Ah... Pas d'inquiétude, allons, tu n'es pas en danger. Je n'approcherai pas. Je resterai bien loin, là où personne ne voit. Sagement, derrière la barrière qui vous protège de moi. Quitte à ne pas guérir. Quitte à garder le plomb fixé pour toute la vie, à mes poignets, à mes chevilles, à mon cou.

Je serais triste encore un peu, ce n'est pas tellement grave.

C'est mieux comme ça, non ?

Non ?