Chapitre 4

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Lamont s’ennuyait. Profondément. Il avait passé sa journée d’une réunion à une autre, écouté un nombre incalculable de briefings et débriefings. C’est à peine s’il avait eu le temps de déjeuner.

Vincente Munsh, le secrétaire du Trésor, l’avait endormi avec son déballage de chiffres plus abscons les uns que les autres.

Les services secrets n’avaient toujours rien de compromettants contre Byron W. Jerr, le gouverneur de Californie. Celui-ci était son dernier grand opposant au pouvoir. Malgré tout ce qu’il avait tenté, Lamont n’avait pas réussi à s’en débarrasser. Cinq tentatives d’assassinat avaient échoué. Il avait dépêché une trentaine d’espions afin de connaître les travers de son adversaire. Tous avaient fait chou-blanc. C’était comme si Byron était un ange incarné, avec aucune casserole derrière lui. Mais il ne s’avouait pas vaincu. Jamais personne n’avait réussi à le battre. Il était un winner et ce n’était certainement pas cet enfoiré de Californien qui allait être le premier.

Pour l’heure, Lamont était assis dans le bureau ovale, une pile de dossiers attendant sa signature. C’était fou comme la bureaucratie américaine adorait le papier. À elle seule, elle devait pomper la moitié de la production mondiale annuelle. Le pire, c’était que chaque missive était en triple voire quadruple exemplaires. À la fin de la journée, il en avait mal au poignet d’avoir dû signer à tort et à travers tout ce qu’on posait devant lui. D’ailleurs, la plupart du temps, il ignorait ce qu’il paraphait.

À neuf heures, il estima en avoir fait assez. Le reste attendrait demain. Ou après-demain. Pour l’instant, il ne rêvait que d’un bon bain bouillant.

Comme chaque fois qu’il quittait son bureau, il fit tourner la machine à sous qu’il y avait fait installer. C’était un vestige du casino qu’il avait ouvert à Atlantic City il y avait une dizaine d’années et qu’il avait dû fermer un an plus tard. C’était un des rares échecs de sa vie. Ça l’avait même amené quasiment à la ruine. Mais il avait su rebondir. Aujourd’hui, il était riche à millions.

Un sept, deux cerises et une grappe de raisin. Perdu ! Peu importait. Ce n’était pas quelques piécettes qui changeraient sa vie.

Il déambula dans les couloirs jusqu’à ses appartements privés gardés par deux malabars en costume sombre.

Les premières semaines après son investiture, il s’était longuement promené dans la Maison-Blanche, en peignoir, un cigare dans une main, un verre de whisky dans l’autre. Son nouveau logement étant un véritable labyrinthe, il s’était perdu plus que de raison. Cela lui arrivait encore : le manque de sens de l’orientation était l’un de ses rares défauts. D’un autre côté, depuis aussi loin qu’il se souvenait, on l’avait toujours conduit là où il voulait. Il avait toujours eu un chauffeur. Il n’avait d’ailleurs pas le permis.

Pour ne rien arranger, chaque couloir ressemblait à son voisin. Le bâtiment avait une décoration plus que déprimante. Il manquait d’or et de marbre. Rien à voir avec son appartement new-yorkais. Le métal précieux y pullulait. La pierre veinurée aussi. Du sol au plafond, l’appartement transpirait la richesse. Pas celui de Washington.

Du moins, au début. Car depuis, il avait remédié à cela. Après de coûteux travaux, il avait l’impression d’être chez lui. Les moulures et les colonnes brillaient de mille feux. La moquette avait été remplacée par de vastes carreaux marbrés. Des tableaux de maître habillaient les murs. Sans oublier quelques statues çà et là. La nouvelle décoration était tout simplement prodigieuse.

Il parvint enfin dans son chez-soi. Il se serait cru dans son loft, à New-York. Il gagna la salle de bain où il fit couler l’eau chaude, y ajouta une pichenette de froid.

En attendant que la baignoire se remplisse, il se planta devant le miroir. Il aimait être rasé de près. Matin et soir, son rasoir courait sur sa peau ridée et tranchait le moindre poil qui pointait le museau. Ses cheveux avaient besoin d’une bonne coupe et surtout d’une teinture. Son blond platine commençait à se parcheminer de gris et il détestait ça. Demain matin, il ferait venir le coiffeur.

Il se plongea dans l’eau chaude. Il ferma les yeux et laissa son esprit divaguer. Il repensa aux jeux de la Saint Justin. Trois jours après, il entendait encore les victimes vociférer. Quelle douce musique pour ses oreilles ! Le mieux, c’était qu’il avait été seul. Il n’avait pas eu besoin de se coltiner Mary. Celle-ci avait préféré rester à New-York auprès de leur garçon de quatorze ans, Walter.

Mary détestait les jeux. Elle trouvait ça barbare. Elle n’arrêtait pas de le lui rabâcher, lui gâchant la fête. Mais qu’est-ce qu’il en avait à foutre de ce qu’elle pensait ? Il ne l’avait pas épousé pour ça. C’était sa plastique qui lui avait plu, pas son cerveau. Qu’elle en ait un, grand bien lui fasse. Ce qu’il cherchait chez elle, c’était sa beauté de scandinave et rien d’autre. Seulement celle-ci s’était fanée avec les années. Elle était encore bien conservée pour ses quarante ans. Mais les premières rides avaient fait leur apparition, autour des yeux, à la commissure des lèvres, sur son front. Le pire, c’est que la garce refusait de passer entre les mains d’un chirurgien esthétique. La peur des aiguilles arguait-elle. Quelle conne !

Mais bon, elle était à New-York. Soi-disant pour le bien de leur fils, pour l’éloigner des affres de Washington. Cela était valable il y a sept ans. Plus maintenant. Le gamin était quasiment aussi grand que son père et un fin duvet sombre encadrait son menton et ses lèvres. C’était un ado, bientôt un homme.

Lamont ne s’en plaignait pas cependant. Il avait trouvé la parade pour occuper ses mornes soirées à la Maison-Blanche. D’ailleurs, dès qu’il sortirait du bain, il irait peut-être en pêcher une. Non, pas peut-être : il irait en pêcher une.

L’eau chaude lui dénoua les muscles. Il avait mal partout. L’arthrose d’après les médecins. Malheureusement, les médicaments qu’ils lui prescrivaient n’étaient pas très efficaces. Comme il regrettait ses vingt ans ! Dire qu’il frôlait les soixante-dix. Combien d’années resterait-il encore au pouvoir ? Il se faisait fort de tenir jusqu’à ce que le pays soit revenu à la première place sur tous les plans. Ce n’était pas encore le cas. Il devait encore tenir. Pourtant, il se sentait si las. Le pouvoir était harassant ! Cela demandait d’être en pleine forme vingt-quatre heures sur vingt-quatre.

Peut-être serait-il préférable que je demeure seul cette nuit ? se dit-il. Mais non ! Une bonne séance de jambes en l’air me requinquera autant, si ce n’était plus, qu’une nuit complète de repos.

Il quitta son bain et enfila un peignoir. Il se sécha rapidement puis gagna le salon. Il ouvrit le bar en forme de globe terrestre et en extirpa une bouteille de whisky. Il s’en versa une première lampée qu’il ingurgita aussi vite. Une seconde et il quitta ses appartements.

― Restez là, ordonna-t-il aux deux sbires qui les gardaient.

De toute façon, il n’allait pas très loin. En plus, ce n’était pas comme s’il n’y avait pas des gardes disséminés un peu partout dans le bâtiment.

Il descendit d’un étage, remonta le long couloir. Deux autres molosses gardaient une porte sous étroite surveillance. Un panonceau indiquait Secret Service Access. Peu de gens savaient ce qui se cachait réellement derrière. Bien évidemment, Mary était une de celles qui n’en savaient rien.

Lamont poussa la porte et pénétra dans une vaste pièce à la lumière tamisée. Des teintures aux images subjectives paraient les murs. Le sol était couvert de coussins dans lesquels étaient lovées une quinzaine de somptueuses demoiselles dont la plus vieille avait à peine vingt-cinq ans. Il y en avait pour tous les goûts : blanche, noire, métisse, petite, grande, avec de petits seins, avec de gros melons, blonde, brune, rousse. Lamont les avait toutes sélectionnées en personne. Il les avait aussi toutes testées ! Elles formaient son harem personnel.

Parfois, il partageait avec certains hauts-dignitaires. Dimitri Lapounev, le président russe, en était friand. En sept ans, Lamont l’avait reçu une bonne quinzaine de fois et son homologue avait grandement apprécié le savoir-faire des donzelles américaines.

Quand elles l’aperçurent, leurs piaillements cessèrent. Elles le contemplèrent avec envie. Pourtant, près de cinquante ans les séparaient. Mais l’attrait du pouvoir était le plus fort. Malgré sa peau fripée, ses yeux fatigués et sa bouche en cul-de-poule, Lamont était un apollon à leurs yeux.

Il prit son temps pour choisir sa promise du soir. Finalement, il opta pour Callista, une grande black aux longs cheveux raides et aux jambes interminables. Elle n’avait par contre pas beaucoup de poitrine mais Lamont savait qu’elle connaissait des positions pour le moins étonnantes bien qu’elle n’ait que dix-neuf ans. À chacune de leurs ébats, elle lui en apprenait une nouvelle. Lamont l’appelait sa Shéhérazade du sexe, en référence à celle des contes des Mille-et-une nuits. La première était diplômée es-Kamasutra, la seconde es-histoires.

Lamont et sa dulcinée quittèrent la pièce. La porte ne s’était pas encore refermée que les poulettes se remirent à caqueter.

L’amante se colla à lui durant tout le trajet. Elle avait ordre de ne parler qu’à l’invitation de Lamont. Aussi se contenta-t-elle de minauder, de ronronner telle une chatte en chaleur.

Sitôt dans les appartements, Lamont lui ordonna de se déshabiller. Elle fit glisser sa robe légère. Elle était nue en dessous. Son sexe était légèrement poilu.

Lamont retira son peignoir. Il bandait déjà. Callista se mit à genoux et engouffra sa bite. Sa langue était experte, sachant parfaitement quelle partie du gland titiller pour faire monter le désir.

Après une longue fellation, Lamont la força à se lever. Il la poussa sur le lit et se jeta sur le vagin de la belle. Il le bouffa, mordit les lèvres, le clitoris, faisant gémir Callista. Elle mouillait et, régulièrement, trempait le lit avec ses éjaculations de femme fontaine. Lamont adorait quand elle l’inondait de sa semence. Mais, ce soir, la source semblait tarie.

Lamont délaissa le paradis de Callista et se jeta sur ses seins. Il laissa les marques de ses dents sur sa poitrine, mordant parfois à la limite du sang. Callista aimait ça. Elle aimait tout dans le sexe, même quand ça faisait mal.

Lamont pénétra son maîtresse sans ambages. Elle poussa un petit cri plaintif. Ses cuisses claquaient à chaque va-et-vient. Le bruit décupla son excitation. Il la fourragea sauvagement, sans ménagement. Callista enfonça ses ongles dans le dos, le marquant.

Soudain, Lamont fut aspergé par les puissants jets de Callista. Il en eut plein le bas-ventre, l’entrejambe. Ses couilles dégoulinaient, trempant les draps.

― Qu’est-ce que tu proposes de nouveau aujourd’hui ? suscita-t-il.

― Ça ne te dirait pas de retomber en enfance, de faire de la balançoire.

― Avec toi, je suis prêt à tout.

Callista l’invita à s’allonger au bord du lit, les pieds posés au sol. Son membre s’élevait telle la tour de Pise, attendant de disparaître à la vue. Callista répondit à son envie : elle s’accroupit sur le mât dans une position qui lui donnait l’air d’une grenouille. Puis elle poussa sur ses cuisses. Elle remonta, redescendit, remonta encore. Son vagin semblait avoir rétréci.

Sans doute à cause de la position de la belle, pensa Lamont.

Le con compressait sa bite. Le gland courait le long de la paroi parfaitement lisse, envoyant des décharges électriques dans tout le corps du président.

Très vite, celui-ci sentit l’extase poindre le bout de son nez. Il tenta de la retenir. Mais son amante savait y faire. Dans un long râle, il déversa son sperme en elle.

― Viens ici, ordonna-t-il quand il reprit ses esprits.

Callista savait ce que cela signifiait. Elle approcha sa chatte de la bouche de son amant. Celui-ci la fourragea de sa langue. Sa semence dégoulina dans son gosier. Il s’en reput avec délice. En même temps, il fit monter l’excitation chez sa compagne. Bientôt, elle lui inonda le visage.

― Quelle salope tu fais ! s’écria-t-il.

Ils s’allongèrent côte à côte, dans les draps souillés de leurs ébats. Ils respiraient bruyamment. À une époque, Lamont lui aurait ressauté dessus pour prendre de nouveau son pied. Mais il avait soixante-neuf ans !

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