Une vision d'amour

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Souvent, quand je pense à mon avenir sentimental, une sorte de boule se noue dans mon estomac. Très rapidement, je me retrouve à imaginer une vie dans laquelle je ne parviens plus à trouver ma place, perdue entre mes envies et celles de mon compagnon, entre ce que je souhaite être et ce dont l’autre a besoin.

Si je dois être parfaitement honnête, je ne me suis jamais vraiment sentie libre dans mes relations amoureuses. Sur le moment, je ne le réalisais pas… mais aujourd’hui, avec un peu de recul, je réalise que le couple a toujours été synonyme de piège. Quand bien même j’étais heureuse de partager l’intimité de quelqu’un et même si je l’aimais de tout mon cœur, j’ai toujours ressenti ce malaise profond : celui de ne plus pouvoir exister comme une personne à part entière.

D’aussi loin que je m’en souvienne, être en couple a toujours été synonyme de contrainte. Parce que dès lors, il m’était impossible de planifier un week-end sans tenir compte de l’emploi du temps de ma « moitié », ou de prévoir une sortir entre copines sans considérer ses projets en amont. Pourquoi faut-il systématiquement chercher à faire coïncider nos emplois du temps ? Pourquoi doit-on chambouler notre mode de vie ? Pourquoi doit-on faire de la place à l’autre, comme si notre vie ne pouvait contenir qu’une certaine quantité de personnes ?

Vous remarquerez que j’ai précédemment employé le mot « moitié » pour parler de mon partenaire. C’est une expression courante du langage commun. Vous remarquerez également qu’il est beaucoup plus rare d’entendre parler de « partenaire », s’il ne s’agit pas de « partenaire sexuel ». Je déteste cette idée véhiculée par les films et séries à l’eau de roses ; cette idée selon laquelle nous ne pouvons être complet qu’à travers l’accomplissement de la relation amoureuse. Cette vision des choses scinde l’univers en deux groupes : ceux qui connaissent la complétude et ceux qui ne la connaissent pas. Et cela sous-entend quelque chose de profondément dérangeant : il est impossible d’être parfaitement heureux et entier en étant célibataire. D’ailleurs, vous remarquerez là encore que pour qualifier le statut sentimental d’une personne, on emploi régulièrement le mot « seul(e) » ce qui, d’un point de vue étymologique, signifie isolé et délaissé. Et si moi, je ne me sentais ni seule ni délaissée en étant célibataire ? Et si je me sentais parfaitement complète ? Et si je n’avais besoin de personne et que je m’aimais moi-même ?

Une autre idée, communément admise lorsqu’il s’agit d’amour, m’a également toujours beaucoup dérangé. Pourquoi dit-on qu’une relation amoureuse demande du travail ? Je veux dire… je conçois parfaitement qu’il faille parfois entreprendre certains ajustements pour que la cohabitation fonctionne (une notion que je développerai plus tard), mais pourquoi utiliser le mot « travail » alors qu’il est généralement associé à une condition forcée, un mal nécessaire qu’on réalise la plupart du temps à contrecœur pour subvenir à nos besoins ? Dans le dictionnaire, travail, labeur, peine et corvée sont synonymes. Alors pourquoi utiliser un mot à connotation négative pour parler d’une chose censée être joyeuse, détendue et naturelle ? Et si on part du principe que chaque personne ici-bas cherche sa « moitié », alors pourquoi est-ce que cela devrait demander du travail une fois que les deux moitiés sont réunies ?

A vrai dire, je crois que je n’ai jamais réellement compris le prisme par lequel la société actuelle envisage les relations amoureuses. Là où certains cherchent leur « moitié » et travaillent sur leur relation, moi je recherche un partenaire de vie avec lequel cohabiter. Pour moi, il n’est pas question de faire des efforts, de gommer certaines facettes de ma personnalité ou d’en exacerber d’autres pour satisfaire les besoins d’autrui. IL s’agit d’être aimé pour ce que je suis et d’aimer l’autre pour ce qu’il est, sans attentes, sans besoins, sans conditions. Et si je te prenais tout entier et que tu me prenais tout entière ? Et si j’embrassais tes défauts avec la même fougue que tes qualités, et inversement ? Et si on arrêtait de voir ce que l’autre peut nous apporter et qu’on profitait simplement du temps que nous passons ensemble ? Et si j’étais moi, que tu étais toi, qu’on s’apprivoisait et qu’on cohabitait ? La cohabitation ne demande pas d’effort, ni de travail. Simplement de la tolérance.

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