XII Le Noir Cortège
Or, le vendredi avant la Saint Schmürgl, le roi chassa tout le jour dans la forêt d'Averne. vers le soir, comme il regagnait la ville avec ses gens, il vit venir à lui une sinistre compagnie.
En tête deux gnomes noirs, dont l'un portait un pavillon de campement le plus pauvre que l'on eût jamais vu, et l'autre deux coffres déglingués plein de hardes dévorées par les mites. Puis avançaient deux par deux, quatre écuyers bossus montés sur des cavales noires aux yeux rouges, tenant qui un écu couleur d'encre, qui un heaume enténébré, qui une lance tordue, qui une petite épée, ébréchée et rouillée à pleurer. Enfin, un damoisel noir comme la nuit, roide sur une jument squelettique. Et les robes, les écus, les chevaux, tout ce cortège était couleur de suie et sentait le soufre.
Le roi s'arrêta, interloqué. Dès que le damoisel arriva devant Idier, il se courba pour le saluer et lui dit :
" - Sire, Satant vous bénisse comme le plus mécréant des rois de ce monde. Je viens de loin pour vous mander un don que point ne refuserez, car notre rencontre est inscrite sur la Terre comme en Enfer, et mon appui est indispensable au succès de votre Quête.
- Valet, répliqua Idier, agacé, qui es-tu pour te croire à ce point nécessaire au point de suffoquer d'arrogance ? Est-ce ta misérable suite, sont-ce tes débris d'armure qui me peuvent être de quelque secours ? Est-ce toi, plus chétif et quinteux que ta boiteuse monture ? Écarte-toi de mon chemin si tu ne veux pas que mon escorte ne te chasse !
- Sire, clama le jouvencel, mon nom est Clairval, et je vous requiers de m'armer chevalier, car je suis Celui qui achèvera les Temps Maléfiques."
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