Jonathan
Combien de temps restons-nous comme ça ? Une heure ? Dix minutes ? Impossible pour moi de le déterminer. Cette étreinte est comme une douce torture : elle me serre comme un étau et et en même temps réchauffe mon coeur. La pluie a cessé. Ne tombe du ciel qu’une légère bruine. Natacha, pourtant détendue dans mes bras, prend une grande inspiration avant de me repousser lentement. Je la regarde espérant trouver ses yeux qu’elle garde désespérément baissés. J’aimerai lui prendre le visage en coupe pour l’obliger à me regarder en face mais je ne le fais pas.
- Tu me raccompagnes s’il te plaît… Je… Je ne me sens pas très bien.
- Pas de soucis.
Je remarque qu’elle tremble de froid. Bien que ma veste soit trempée, la doublure est presque intacte. Je l’enlève et la lui passe sur ses épaules affaissées. Elle resserre les pans autour d’elle et sourit, tout en évitant de me regarder. Je lui prends alors la main et elle ne fait rien pour me décourager. Mon cœur se serre un peu plus, comme si une aiguille s’y était plantée et n’arrête pas de s’y enfoncer à chaque seconde.
Arrivés devant son appartement, elle se retourne et ses yeux finissent enfin par croiser les miens. Ce que j’y vois me coupe le souffle : du désir, oui c’est bien ça, du désir mais supplanté par une immense tristesse, une mélancolie sans borne. Elle se met sur la pointe des pieds et passe ses bras autour de mon cou.
- Merci pour ce délicieux moment Jonathan. Merci d’avoir partagé ta chaleur avec moi. Merci, me souffle-t-elle à l’oreille.
Mon corps entier frissonne et je ne peux m’empêcher de plaquer son corps contre le mien pour qu’elle aussi comprenne mon désir pour elle. Lorsqu’elle le sent, elle a un soupir rauque et enlève mes mains de ses hanches. Elle me dépose un baiser sur la joue et ses lèvres s’attardent sur mon visage avant de se retourner pour s’enfermer dans son appartement.
Je m’assois par terre, le dos contre sa porte : je ne sais pas pourquoi mais je sais qu’elle est juste derrière.
- Nat… t’es là ?
Un coup frappé. Je rigole doucement.
- Sérieusement ? Le vieux truc un coup pour oui deux coup pour non ?
Nouveau coup. Mon sourire s’élargit malgré moi.
- D’accord, d’accord. Euh… Tu veux parler de ce qui s’est passé ?
Deux coups. Aïe, c’est mal parti…
- Ok. Comme tu voudras. Toujours amis quand même ?
La porte s’ouvre sur une Natacha éblouissante malgré les larmes qui remplissent ses jolis yeux.
- Bien sûr espèce d’idiot. Va te changer, tu vas attraper la mort !
- Dit-elle. À plus tard Natacha.
- À plus tard Nathan…
J’entre dans mon appartement et part pour me changer quand mon téléphone sonne. J’espère que c’est Natacha. Lorsque je vois le numéro, je déchante aussitôt.
- Varas ?
- Bonjour mon petit Nathan. Alors bien intégré ?
- Ça peut aller. Que me vaut ce déplaisir ?
- Change de ton avec moi gamin, tu n’es pas dehors pas charité ou pur plaisir ! Tu as un boulot à effectuer alors fait-le sinon…
- C’est bon j’ai compris ! Je vais le faire votre sale boulot. D’ailleurs j’ai une piste à vérifier donc si vous le permettez.
Je n’attends pas sa réponse et raccroche. Lorsque Natacha a feuilleté les dossiers des conseils de discipline, un nom a retenu mon attention : Brandon Volaire. Je n’aurais jamais cru le revoir un jour. L’occasion de régler nos comptes est enfin arrivée. Je prends une douche et m’habille un peu plus chaudement.
Devrais-je le prendre avec moi ?
J’ouvre le tiroir de mon bureau et y enlève le petit coffre. Je l’ouvre grâce à la clé qui ne quitte jamais mon cou.
Juste au cas où. Bon. C’est parti.
Annotations