Après une longue douche chaude, je décide de me mettre en pyjama pour le reste de l’après-midi. J’ouvre mon ordinateur histoire de voir si Steve m’a envoyé les dossiers des conseils. Ils sont bien là.

Bon, il faut bien commencer quelque part.

Je prends le temps de les lire consciencieusement. Ceux des secondes ne m’apportent rien à part une crise de fou rire à cause des motifs : le premier pour insolence envers son professeur, il aurait falsifié une photo de sa professeur de chant la transformant en baleine et diffusé le tout sur le net ; les deux autres ont été surpris en plein ébats dans leur salle de physique pour, je cite, “réaliser un fantasme”. Ils n’ont au passage que quatorze et quinze ans. Résultats des courses : un renvoi de deux jours.

Un des cas de première est intéressant bien que cela n’ait rien à voir avec mon enquête. Il aurait fait entrer dans sa chambre l’amie de sa petite sœur : une petite fille de douze ans qui soi-disant rêve d’intégrer Saint-Sauveur. L’affaire me paraît plutôt louche : l’adolescent en question, proche de la majorité, se serait retrouvé seul avec une gamine dans sa chambre alors qu’elle ne souhaitait que visiter le lycée ? Tout cela est bizarre. Tout comme la sanction : un simple blâme. Je remarque au passage que la déléguée venue en soutien n’est autre que Virginie.

Celui de terminale est beaucoup plus attrayant qu’au premier abord : Brandon Volaire, possession et consommation de drogues au sein de l’établissement. Les drogues en question étaient de la marijuana en grande quantité, bien qu’il n’est pas précisé quelle proportion, plus quelques cachets.

Les Volaire sont des propriétaires terriens : ils possèdent de nombreux hectares de cannes à sucre et des parts dans les usines sucrières. Ils sont souvent qualifiés de nouveaux riches : le grand-père de Brandon aurait gagné à la loterie nationale et a réussi à placer judicieusement ses investissements. Son fils a pris la succession et a continué de développer la fortune familiale.

Mais il semblerait que le petit dernier ne soit pas réellement dans les clous. Je pourrais faire intervenir Steven et avoir son dossier scolaire plus quelques renseignements complémentaires : cela pourrait m’aider dans mes recherches. Je n’aurai qu’à prétendre que ma pseudo amie journaliste souhaite avoir des infos encore plus croustillantes. Il a reçu la même sanction que les secondes. Je trouve cela quand même un peu injuste.

Que faire maintenant ? J’ouvre une nouvelle page internet et tape Brandon Volaire. Quelques photos Facebook et mondaines, des coupures de presse sur sa famille et lui et… tiens, tiens… intéressant : son nom apparaît sur un blog, dans divers articles. J’ouvre la page : “Le blog de Riven : fait divers et autres trucs de gamins de riches”. Voilà un intitulé intrigant.

Lorsque j’avais pensé pas vraiment dans les clous, je ne m'imaginais pas à quel point ! Harceleur, bagarreur, consommateur et vendeur de drogue ! Je clique au hasard sur l’un des articles : au collège, Brandon aurait été le meneur d’une pseudo expédition punitive envers un autre élève. Pendant que deux de ses amis maintenaient le garçon, Brandon s'en donnait à cœur joie. Le jeune, dont le nom est tu évidemment, a eu une semaine d’ITT et le nez fracturé. Papy Volaire aurait déboursé et pour les frais d’hôpitaux et pour les soins. Sans compter le joli dessous de table versé à la famille pour qu’elle ne porte pas plainte, soutient l’auteur de l’article.

De plus, il a évité une fois encore les problèmes avec la justice grâce à Papy : à dix-sept ans, il a été arrêté par la police au volant d’une voiture volée, complètement sous l’emprise de drogue, le coffre rempli de marijuana. Cet article date… de l’année dernière. Donc, il était déjà à Saint-Sauveur. Je dois savoir qui est ce Riven et trouver des informations complémentaires sur Brandon.

Et puis… il y a ce dossier. Ces fameuses informations sur Van der Bund. Il a une boîte de nuit : peut-être y faire un tour ? J’ai horreur de ces établissements… Je verrai avec Patrick si il veut bien m’accompagner…

Et pourquoi pas tes “anciens” amis?

Pas une bonne idée ça… Quoique…

Ou peut-être préfères-tu sortir avec Nathan.

Je soupire et regarde l’heure : 17h45. Je suis complètement patraque : je ferme ma porte à clé et mets mon téléphone en mode avion.

Juste une petite sieste…

Je m’allonge sous mes couvertures et ...