Jonathan

5 minutes de lecture

Plus j’en apprend sur Steven, plus mon énervement monte dans les tours… Je ne reviens pas que Virginie ait pu un jour éprouvé de l’amour… Bon, ce n’est pas un monstre non plus… Juste une petite fille pourrie gâtée…

Pourrie gâtée et … VENDUE !

Oui, la voix. Vendue. Et cela n’a pas arrangé les choses : qui plus est, elle était amoureuse de Steven et découvrir son homosexualité de cette façon a du être un choc pour elle. Il n’empêche qu’elle n’aurait pas dû réagir de cette façon. La discussion aurait été de mise.

C’est l’hôpital qui se fout de la charité là !

Tu as discuté toi peut-être ?

Ta gueule. J’avais à peine douze ans, moi, pas quinze.

Je n’arrive pas à me calmer. Je me suis mis à faire les cent pas lorsque Virginie a mis la vidéo sur les réseaux sociaux. Natacha était horrifiée. Ses larmes ont commencé à couler, rejoignant Stev qui pleurait déjà sans s’en rendre compte. Je ne savais pas s’il fallait que je l’arrête ou pas. Je l’ai donc laissé continuer.

IL. A. ÉTÉ. VIOLÉ. Avec la bénédiction voire la complicité de son propre père. C’est insoutenable. Innomable. Comment un père peut-il faire ça à son propre fils ? Comment Stev peut encore rire et paraître heureux après ça ? C’est incompréhensible. Au-dessus de mes forces…

Je les regarde. Natacha a pris Steven dans ses bras et le berce, comme une mère le ferait avec son enfant. Une pointe de jalousie mal placée passe par mon cœur. Je la retire immédiatement. Elle est très mal venue. Stev a la tête posée au creux de l’épaule de Nat et pleure en silence. Elle-même renifle et des flots de larmes inondent ses jolies joues mouchetées de taches de rousseur. Je remarque un paquet de mouchoir sur le bureau, j’en prend plusieurs et essuie le visage de…

Ma bien-aimée…

  • Combien de temps Steven ? murmure Natacha, dont les yeux expriment à présent une colère froide.
  • Je ne sais pas… Une éternité… Je me suis renseigné plus tard : j’ai su que j'avais pris du Viagra et que l’effet pouvait durer jusqu’à six heures. Elles s’y sont mises à plusieurs… trois, quatre… Je ne sais même plus...
  • As-tu la force de nous raconter la suite ?
  • Il n’y a plus rien à raconter… Une fois leur méfait terminé, elles m’ont détaché. J’étais complètement amorphe, j’avais depuis longtemps arrêté de lutter : les filles ont pris cela pour de l’acceptation et les larmes que je versais, pour des larmes de joie… Mon père est ensuite arrivé et m’a embarqué. Je me souviens de la phrase qu’il a alors prononcé : “maintenant que tu y as goûté, je suis sûre que tu ne pourras plus t’en passer…”

Il émet alors un petit rire amer…

  • Effectivement… J’y ai goûté et j’ai détesté. C’est pour cela que je suis passif…

Avec cette phrase, il a même réussi à arracher un sourire à Natacha. Je me détends un peu.

  • Arrivés à la maison, ma mère nous attendait, l’air anxieux. Je ne pouvais pas, ne voulais pas croire qu’elle était complice et pourtant c’était évident. “Alors?” a été son premier mot lorsque je suis rentré. Je l’ai regardé et me suis enfui vers la salle de bain pour me laver, laver ces mains qui ont touché mon corps, ces sexes que le mien a enfoui, laver toutes ces horreurs… Sous le jet d’eau chaude, je me jurais de me venger. Oh oui. Ils allaient amèrement le regretter.

Dans les yeux de Stev, une lueur prédatrice s’est allumée. Est-ce vraiment le même garçon ?

  • Je ne vous en dirai pas plus pour le moment, cela pourrait vous nuire. Sachez simplement que c’est pour cela que je suis devenu un crack de l’informatique et que je continue à me former. C’est d’ailleurs comme ça que j’ai pu trouver des infos sur vous mes ptis loups…

Ça y est, notre Steven est de retour. Il s’est levé et a aussi essuyé le visage de Nat en lui priant de ne pas pleurer pour une histoire qui n’a plus d'importance aujourd’hui. Elle lui donne un coup à l’épaule.

  • N’importe quoi ! Tout ce qui se passe dans notre vie à de l’importance ! C’est ça qui forge notre caractère. Qui nous forge.
  • Bien dit ma chérie. Bon assez parler de moi ! A ton tour Jo !
  • Mon histoire est terne à côté de la tienne… Bon, vous savez pour Alain et Krishna. Pour la maladie de maman aussi. J’étais en colère et je ne savais plus vers qui tourner ce sentiment. C’est en partie pour cela que le juge s’est montré clément envers moi. Mes seuls moments de répit étaient ceux que je passais avec Mathéis et Myra. Un soir en sortant du collège, un dealer s’est approché de moi et m’a proposé un joint de but en blanc. Il m’a dit que le premier est gratuit, c’est pour essayer, que j’avais besoin de décompresser… Je l’ai pris pour le revendre aussitôt, sous les yeux ébahis du gars. C’est là que tout a commencé.

Je suis surpris de pouvoir mentir aussi bien. Je m’en veux aussi… Stev nous a raconté sa vérité aussi douloureuse soit-elle et moi je lui mens éhontément. Mais je n’ai pas le choix. Je ne peux pas leur avouer MA vérité.

Je poursuis mon blabla. Le mec me fait entrer dans son business et je suis allé crescendo : d’abord des joints, puis quelques cachets et enfin des voitures. Au début, je ne prenais que les objets intéressants à revendre, jusqu’à ce que Ben me montre comment démarrer sans une clé. Un soir que je braquais une BMW, je me suis fait attraper par le propriétaire un peu violemment, je l’ai copieusement insulté et frappé. Je ne vais pas plus loin, de peur de m’enliser. Pas de détails superflus. Il faut quand même que cela tienne la route.

  • C’est tout ? demande Natacha, sceptique.
  • Il est allé porter plainte et quelques jours plus tard, les flics ont débarqué chez moi pour m’arrêter. Malheureusement pour moi, je venais de refaire le plein avec Ben : j’avais en ma possession environ un kilo de marijuana et une centaine de joints déjà fait. Plus trois cent cinquante euros. Avant que je ne passe la porte, mon père m’a mis un de ces revers ! J’ai été jugé et voilà.
  • Et comment tu as atterri ici ? questionne Steven.

Va falloir la jouer fine…

  • C’est… hum… à cause du directeur de la prison… Il a remarqué que je passais mon temps à la bibliothèque à étudier plutôt qu'ailleurs. Il m’a fait passer plusieurs tests tout d’abord simples puis de plus en plus durs. Il s’étonnait à chaque fois de mes résultats. Finalement, il a demandé à ce que je passe le test de QI : et là, BAM ! Résultat : 133. C’est lui qui m’a recommandé pour une réinsertion. Saint-Sauveur prône la deuxième chance à ce qu’il paraît… Van der Bund n’a pas voulu passer à côté de mon intellect génial, je souligne en rigolant. Mais je suppose que tu le savais déjà Steven non ?
  • Parfaitement. Je voulais simplement savoir si tu nous dirais la vérité.

Si tu connaissais la vérité…

Tu serais beaucoup plus surpris crois-moi…

Nous nous tournons alors de concert vers Natacha. Elle baisse les yeux, gênée et se triture les mains. Elle plante ses dents dans sa lèvre inférieure : ce geste est si sexy que j’en frissonne.

  • Pas de minauderies ! s’exclame alors Steven. On y est passé c’est à ton tour ! Donne-nous le nom de ton harceleur qu’on aille lui casser la gueule !

Elle lève la tête vers nous. Ses yeux, déjà rougis des larmes versées pour notre geek préféré, s’embuent à nouveau...

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