Ma nuit a été courte. Les yeux remplis de larmes de Natacha n’ont eu de cesse de me poursuivre… Sans compter toutes les confidences auxquelles j’ai eu droit… Et nous ne sommes que mardi.

Je sors de l’appartement. Je ne me sens pas dans mon assiette et si Riven me voit comme ça, l’avalanche de questions risque de tomber. Surtout qu’il m’a très clairement interdit de faire pleurer Nat. Après l’avoir vu à l'œuvre, je n’ai aucune envie de goûter à son uppercut !

Je lève alors les yeux en entendant un cliquetis de clés… et croise ceux de Natacha. Elle a l’air tellement désemparée. Je m’en veux énormément. Je m’approche d’elle, la boule au ventre.

Aurai-je le courage ?

• Salut.
• Salut, me murmure-t-elle.
• Nat, je…

Elle me pose une main sur les lèvres en secouant la tête. Ce simple contact suffit à me rendre fou... Elle plonge son regard dans le mien et me sourit.

Je vais finir par mourir d’une crise cardiaque.

• Nathan, c’est oublié d’accord ? Je préfère ne plus en parler s’il te plaît.

Je ne peux que hocher la tête, ma capacité à parler semble être réduite à zéro. Je retire sa main et ne peux m’empêcher d’y poser mes lèvres. Mon cœur s'enflamme au contact de sa peau. Je lui souris à mon tour.

• Merci. On y va ?
• Allons-y, Stev doit nous attendre.
• Oui. Mais pas celui que tu connais…
• Comment ça ?

J’ai promis de ne rien dire donc je me tais et me dirige vers les escaliers. Elle me suit, sans plus poser de questions. Je descends quelques marches et j’aperçois un trou dans le sol. Maladroite comme elle est, Natacha va sûrement se tordre la cheville dedans. Je me retourne et...

• Nat ! Attention !

J’ai à peine le temps de crier : je la vois rater une marche et perdre l’équilibre. Elle va se rompre le cou. Je me place entre elle et le sol et finalement c’est moi qui me prend le bord du trou à l’arrière de la tête. La douleur est…

Minute.

J’ai cueilli Nat dans mes bras et en ce moment, elle est allongée sur moi, ses jolies lèvres très (trop?) proches des miennes. Sous ses mains, mon cœur s’affole. Mon corps aussi. Je lis la peur dans ses yeux et... autre chose. Je lève ma main et la pose sur son doux visage.

• Pardonne-moi Nat… ma voix n’est qu’un murmure.

Je décide de tenter ma chance.

• De quoi ?
• De ça.

Je ne peux pas m’en empêcher...

Je soulève un peu ma tête, passe ma main sur sa nuque pour l’attirer plus près encore et pose doucement mes lèvres sur les siennes. J’étouffe un petit cri de surprise. Elle ne réagit pas. Finalement, elle finit par céder et entrouvre légèrement les lèvres.

Victoire !

Je souris contre sa bouche. A ce moment précis je suis plus qu’heureux et ce n’est qu’un simple baiser. Elle passe une main dans mes cheveux et…

Aïe !

Elle rompt notre baiser et regarde ses doigts. Ses jolis yeux s'écarquillent d’horreur.

• Jonathan ! Mais tu saignes !

Ah oui. Effectivement. Mais peu m’importe. Ça y est, je l’ai embrassé. Ce n’est qu’une petite victoire mais une victoire quand même. Je me jure de tout faire pour la conquérir. Tout.

Natacha fonce vers la porte de sortie. Et reviens avec Riven. Il aura été rapide pour le coup : adieu cheveux blond et violet, bonjour le Steven Brun. J’ai pris le temps de me relever et fais signe à mes deux amis que tout va bien.

• Direction infirmerie ! m’ordonne Natacha.
• Ce n’est qu’un petit bobo, c’est bon...
• Hors de question ! Ne jamais sous-estimer une blessure à la tête ! Surtout si elle saigne !
• Natacha a raison, tempère Stev. On t’accompagne, on ne va pas te laisser seul avec la méchante infirmière !

Natacha sourit d’un air soulagé, comme si elle craignait que Steve n’ait trop changé. Nous arrivons tous les trois dans les locaux médicaux. Mme Gobalé n’a pas l’air très heureuse de me revoir. Elle aperçoit le sang sur mes mains et ses yeux se froncent.

• Qu’est-ce que tu as encore fait ? Ne me dit pas que tu t’es encore battu ? Parce qu’avec tes côtes fêlés de la dernière fois...

Aïe… J’avais tu cette information à mes deux comparses..