Lorsque Nathan m’a secoué pour me réveiller, j’ai joué le jeu. Pour ne pas qu'ils s'aperçoivent que mon cœur s’est gonflé, j’ai frotté mes yeux. Une larme s’est tout de même échappée, larme que Nathan a cueillie du bout des doigts. Ce simple contact réchauffe mon corps.

• Le film est fini ? je murmure, espérant que ma voix ne me trahira pas.
• Je crois bien que tu t’es endormie au beau milieu ! ronchonne Steven.
• Désolée mon chat mais la journée a été riche ! Je monte me coucher ! En plus demain c’est la journée sportive… Pfff…

Je me lève, un peu trop rapidement à mon goût et après avoir dit au revoir à Steve, nous prenons les escaliers. Dans ma tête, mille questions se bousculent. Dans mon coeur, mes sentiments semblent se battre entre eux. C’est une douleur lancinante, bien qu’elle ne soit pas physique. Je me bat contre quelque chose sans savoir ce que c’est…

Arrivés devant chez moi, j’ai comme une certitude. Je me retourne vers Jonathan et ose le regarder dans les yeux. Il semble complètement perdu. Comme moi. Mon élan de courage fond comme neige au soleil.

• Nathan…
• Oui ?

Sa voix basse et grave me donne des frissons. Je baisse les yeux et secoue la tête. Il faut vraiment que je sache.

• Nat ? Qu’est-ce qu’il y a ?

Il m’encourage donc...

• Je peux… Je peux vérifier quelque chose s'il te plaît ?
• Je… euh… bien sûr.

Je m’approche lentement et me mets sur la pointe des pieds avant de l’enlacer. Mon corps réagit immédiatement à son contact. J’ai la chair de poule et mon cœur danse le tango. Mes bras sont autour de son cou et ma tête s’est posée dans le creux. Il me serre contre lui. Je sens son corps chaud contre le mien, les muscles de son torse se sont contractés. Mon souffle s’est accéléré, surtout depuis que je sens son désir pour moi. Il me caresse le bas du dos et je ressens aussi cette envie de lui. Je pose alors mes lèvres dans son cou. Ce baiser m’électrise.

• Pourquoi… Pourquoi je ressens ça avec toi ? chuchotais-je.
• Nat… Qu’est-ce que tu ressens ? me répond-il sur le même ton.
• Je… Je n’arrive pas à le définir… Je… Je suis perdue Nathan.

Il s’écarte de moi. J’ai soudainement froid. Ses yeux comme les miens reflètent cette même douleur.

• Natacha. Je serai toujours là pour toi. Prends ton temps. Remet de l’ordre là où il le faut.

Ses paroles me vont droit au cœur. Il s’approche et m’embrasse affectueusement le front, s’attardant plus que nécessaire. Ce baiser n’a pas du tout le même effet que celui de Joshua. Celui-là est… est je ne sais pas quoi... Je pose ma main sur la sienne.

• Merci, merci Nathan.

C’est tout ce que je peux lui dire pour le moment. Je rentre dans mon appartement. Je ne veux pas analyser ces sensations ni mes sentiments. Je veux juste m’endormir en sentant encore la chaleur que Nathan m’a donné, tant physique que morale. Je plonge dans mon lit où je fais le doux rêve de n’appartenir qu’à Nathan, corps et âme.

Je me réveille le lendemain dans une espèce de brouillard. Il s’est vraiment passé ça hier soir ? Nathan a vraiment dit qu’il m’aimait ? Ou l’ai-je rêvé ?

Non. Cela s’est vraiment passé.

Je chasse ces pensées de mon esprit et me prépare pour la journée. Nathan m’attend devant mon appartement. Dès que je le vois, mon corps se détend et le sourire me revient.

• On y va ?

Il me tend la main que je prends sans même y réfléchir. Entrelacer nos doigts semble tellement naturel ! Nous descendons rejoindre Steven qui, dès qu’il nous voit, lève les yeux au ciel. Nathan lui fait signe de se taire et je fais comme si je n’avais rien vu.

C’est parti pour la journée sportive. Nous sommes dans la même équipe et enchaînons les matchs. Je commence sérieusement à fatiguer. Plus jeune, j’étais imbattable aux jeux collectifs. Faut croire que l’âge m’a rattrapé. Je ris toute seule.

Je me sens tellement bien !

Tout au long de la matinée, Virginie me regarde, un air bizarre scotché sur le visage. Après la gifle d’hier soir, aurait-elle enfin compris qu’il fallait me laisser tranquille ? Lors de la pause déjeuner, je ne la vois plus.

Après tout, je m’en fiche !

Notre trio est plus soudé que jamais, en tout cas c’est l’impression que j’ai. Je me sens mal tout à coup, comme si cette journée était trop parfaite. Pourtant tout se passe bien : il n’y a aucune ambigüité entre Nathan et moi, Steven nous régale de ses prouesses sportives, nous ne finissons plus de rire.

Alors pourquoi j’ai cette angoisse qui monte soudainement en moi ?

Nous finissons en quatrième place. Les demi-finales vont avoir lieu. Je suis dégueulasse ! J’ai beaucoup transpiré et comme je n’ai pas arrêté de tomber mes vêtements sont dans un salle état. J’avise les garçons que je vais au vestiaire prendre ma douche et je récupère mes affaires. Je sens mon téléphone se mettre à vibrer. Je fouille dans mon sac sans parvenir à le trouver. La communication coupe. Un numéro que je ne reconnais pas et il ou elle n’a pas laissé de message. Je mets le téléphone en mode sonnerie.

Si c’était important on m’aurait laissé un message. Je rappellerai après ma douche.

Je me dirige vers les vestiaires. J’avise une cabine et commence à me déshabiller.

• Waouh… Effectivement… Tu as un corps superbe.

Un frisson de dégoût me parcourt...

Je me retourne lentement pour faire face à Vincent.