Hommes, malheureux comme les Pierres...
Pierres centenaires, comparables aux grands crus,
À Paris les vieux pavés décorent encore les rues
Agitées ; de l'histoire humaine elles sont chargées,
Ce sont d'adroits bâtisseurs qui les ont érigées
En ces majestueux bâtiments,
Tous ces prestigieux monuments,
Que tous admirent à travers le monde sans penser
À la destruction depuis toujours enclenchée.
Symboles de la puissante éternité
Aux yeux de l'entière humanité
Changeante de saison en année,
Décadente des origines à la modernité.
Se trouve dans ces ouvrages au coeur de pierre
Du monde façonné de nos mains notre essence,
Ouvrages parachevant le sens de notre existence.
Les clochers de bois sonnent le glas, notre avenir,
Gardant le trésor d'artisans morts ou en devenir,
Dans le secret intime des murs aux mille souvenirs.
Soumises à un temps différent de celui des vivants,
Les pierres sommeillent, aux intempéries résistant.
Coeur des hommes, lorsque l'une d'elles s'effondrant
Dans le froid glacé ou la chaleur d'un brasier,
Ceux-ci s'affolent, se croient déjà condamnés
A mourir à leur tour, tout est fait pour réparer
Les dégâts causés ; le temps qui file, insupportable
Se montre à la conscience humaine redoutable,
Rappelant de penser la fin commune, si désagréable,
L'éphémère passage de leur existence tendant
Vers le cruel et ô combien redouté achèvement,
Nous sommes tous impuissants face au Temps !
Nous tomberons avec les pierres qui s'écroulent,
La durée de notre règne sur le monde s'écoule,
Le sable inlassable sous nos doigts entrelacés coule.
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