VI
C'est ce moment précis que la main du destin choisi pour s'abattre sur moi :
« Mon cœur ! s'inquiéta ma femme Féemélusine, tu veux embrasser un poisson ? ? ? » poursuivit-elle, le regard empreint d'affolement.
Je fis un bond spectaculaire. Elle poursuivit :
« Quand tu auras fini de jouer à Xena et de fendre l'air avec la raclette à vitre ...tu changeras la face du globe !! » railla-t-elle, en désignant la sphère aquatique qui trônait au milieu du salon.
Je la regardai ahurie.
« Pardon ? » osai-je.
Elle reprit en souriant :
« ben vi, c'est ton tour de nettoyer l'aquarium ! »
Un sourire niais ornait ma bouche ; j'étais littéralement en état de choc, abasourdie par ce rude retour au réel !
Désarçonnée par son intervention, j'avais lâché Xena, mon insaisissable poisson porte-épée qui disparu au milieu des algues.
Après m'être ressaisie, j'entrepris d'informer Féemé :
« Je voulais attraper Xena. Je la trouvais suspecte depuis quelque temps !
Elle m'a donné du fil à retordre, poursuivis-je, comme toujours d'ailleurs, mais j'ai vaincu, hé hé ! On est passé à deux doigts de la catastrophe pendant l'opération capture à l'épuisette. Elle se débattait tellement dans le filet qu'elle a fini sur le sol !! Elle m'a fichu une de ces trouilles quand je l'ai vue se tortiller lamentablement sur la moquette, au bord de l'asphyxie là. Pfffffffff ... Heureusement elle est sauve !... Enfin ! J'ai quand-même eu confirmation de mes soupçons. »
Ma petite femme souleva ses deux jolis sourcils, m'interrogeant du regard :
« Et bien, figure-toi que j'avais vu juste mon Ange ! Repris-je. Notre princesse guerrière est enceinte ! lançai-je fièrement !
- Sans blague ?...mais qui est le père ? me questionna-t-elle, éberluée.
- Ben tiens ! Ça ne peut-être que Gab ! » répondis-je en haussant les épaules.
On n'en a que deux des comme ça ! Pensai-je.
Je jetai un œil à ma petite armée :
les loches, mes deux gardes irascibles parcouraient l'aquarium en tout sens, les corydoras, mes valeureux petits soldats fouillaient inlassablement le sable, en plein travail ; quant à Dorgone le Terrible, mon superbe ancistrus, il me regardait, impassible.
Il ne me resta plus alors qu'à libérer Gabrielle qui me servait toujours d'appât quand je devais attraper sa compagne. Elle était si facile à leurrer avec un peu de nourriture !
Je soulevai doucement son bac d'isolement, elle s'enfuit aussitôt à la recherche de sa Xena. Je les encourageai de la voix à se retrouver, enfin !
« Petits, petits poissons ... »
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