— Que le temps passe vite, hein, Antoine ? Ce même convoi, nous l’avions infiltré pour parvenir à Darkovora avec Dabril. Et maintenant…

  — …Et maintenant, nous l’utilisons pour revenir chez nous, Ambre. Chez nous, au Refuge ! Naguelan, est-ce qu’on arrive bientôt ?

  — Terre en approche ! Pierres sombres du poste avancé à deux kilomètres ! Punaise, on est enfin de retour chez nous, les gars !

  Le brave mineur conduisait un convoi chargé de champignons noirs et d’eau pour les habitants du Refuge, revenus dans leur village un peu plus tôt. Langon avait demandé ces vivres à Sadako qui avait autorisé Antoine, Ambre, Naguelan et moi à les conduire jusque là-bas.

  — Maya, on arrive chez nous ! Nous sommes de retour ! Je suis tellement content ! Je vais revoir Lotey !

  — Chez vous. Pas chez moi. Je ne connais pas ce lieu et tu le sais très bien, boudai-je, à l'écart.

  — Ne t’en fais pas, Mayaster, sourit Ambre, une main sur mon épaule. Je vais t’aider à te sentir comme chez toi. Tu vas aimer le Refuge !

  Elle avait vraiment une frimousse de petite princesse parfaite. Je la détestais déjà. J'ignorais pourtant que, sous son sourire de façade, son âme avait été perfidement violée. J'ignorais qu'elle avait vécu l'enfer dans le palais de Kalam et qu'elle me ressemblait bien plus que je ne l'imaginais. Un beau reflet, une fêlure à l'extérieure – cette cicatrice d'amour –, brisé à l'intérieur. Sa proximité avec Antoine et sa gentillesse trahissaient un profond besoin de guérison, de normalité, de joie et d'affection. Au lieu de se sentir coupable et de laisser la haine la contrôler, cette fille avait la force suffisante pour puiser dans les meilleurs sentiments humains qui l'entouraient. Avec Antoine comme médicament, elle était entre de bonnes mains.

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