Encore un peu
Ce n'était en tout cas pas le désir du corps de Jérôme, qui dans mon esprit n'était plus que cela, un mètre quatre-vingt de testostérone égoïste, près de cent kilos de virilité empâtée, des yeux marron de bon chien, et l'épaisseur d'un sexe qui ne m'avait finalement paru énorme que parce qu'il avait été le premier. Le premier très nul, au final ...
Mais voilà, il avait été le premier, celui qu'on n'oublie jamais, celui qui aurait pu me dégoûter du sexe, mais que j'ai cherché à oublier avec tous ces garçons, celui qui m'avait laissé détruit sur mon lit, sa semence coulant entre mes fesses, pendant qu'il se nettoyait joyeusement le gland sous ma douche ...
Le choix de l'endroit était également délicat. Un café, disons ... normal n'aurait pas été le lieu idéal pour un clash possible. Dans un bar gay, c'était plus jouable, et les habitués auraient adoré, mais il n'y aurait jamais mis un pied. Restait mon studio d'étudiant, il a très ... trop vite accepté.
[Demain 14h ! Cool, c'est plus privé, genre intime] a-t-il répondu.
- Petite bite ! a dit Arthur. Pas les couilles de te rencontrer en public, ça situe le mec.
- Je pense toujours que ce n'est pas une bonne idée.
- Tu crois quoi, Jérémie ? Je risque de te perdre, mais je perdrais quoi ? Tu n'es pas à moi, enfin pas complètement, et ça me tue ! Tu vis dans le passé ou dans ... En fait non, tu es dans un drôle d'univers intemporel où tu flottes sans trop d'attaches, et je dois savoir ! Puis toi aussi ... On ne s'en sortira pas sans ça ! Je veux construire un truc avec toi, mais on doit raser les ruines du passé pour le faire, tu vois ?
Et soudain, rien ne m'est paru plus clair ! J'ai embrassé Arthur, peut-être un peu brusquement, il s'est reculé, a souri, puis a fondu sur mes lèvres ...
Bien qu'on ait fait l'amour il y a trente minutes ... il y a une douche ... je me suis rallongé en le tirant sur moi en murmurant ''Tu peux ... ?''
- Que je te baise ? s’est-il moqué.
- Non, que tu me fasses l'amour… Truly, deeply, madly.
Il a porté le visage vers ma mi-molle, j'ai dit ''arrête, c'est pas propre'', il a répondu que c'était un peu de sa faute, mais que tout en moi lui plaisait, même ça, puis a déposé ses lèvres sur mon gland après avoir fait glisser mon prépuce ...
Il sait trop bien que sans stimulation à la main, je ne viens pas, ça le vexe un peu, donc c'était juste cadeau, je le sais. Son corps est remonté entre mes cuisses, j'ai presque mendié ''viens en moi, s'il te plait'', ses yeux se sont emplis de désir, j'étais encore dilaté, il a enfilé une capote et m'a lentement pénétré, très facilement.
Assez vite, j'ai senti la stimulation de ma prostate, probablement encore un peu excitée - et sûrement encore légèrement tuméfiée - du rapport précédent, mais toujours très réceptive aux mouvements de son sexe en moi, j'ai serré les cuisses sur ses hanches, et d'un regard muet mais éloquent, sinon désespéré, lui ai demandé de m'aimer comme jamais ! Et on peut dire ce qu'on veut, on mange aussi avec les yeux, et pour le sexe, c'est idem ! Et le torse d'Arthur qui me possède, même sans trop d'abdos ou de pectos, rien que son visage parfait calé au-dessus de moi, ses yeux emplis de désir pour mon corps pas si terrible, les ailes de son nez qui marquent sa respiration, ses mâchoires qui se crispent, puis son regard qui se perd et ses lèvres qu'il mordille alors qu'il jouit en moi me donnent presque plus de plaisir que je ne m'en accorde en secouant ma main sur mon sexe ...
Et je réalise que le voir s'écrouler sur moi après sa jouissance, et le - trop - léger soupir qu'il exhale est déjà une satisfaction en soi.
- Tu peux relâcher tes jambes, s'il te plait, Jérémie ?
- Encore ... un peu ...
- Mais là, j'ai joui …
- Encooooore !
C'est un jeu entre nous, ça le fait à chaque fois, mais aussi, ça le flatte trop, il sait – car il voit - qu'il me donne du plaisir.
- C’est bizarre. Je veux dire, je capte le truc de stimulation, mais perso, ça me le fait visiblement bien moins qu’à toi …
- Ah ? Ton ex … Ton seuuul ex, je sais, ai-je ajouté avec une grimace, ‘’il n’était pas aussi réactif à ce que … tu peux offrir ?’’
- Pas autant que toi, en tout cas. Au début, j’ai même cru que tu simulais.
- JAMAIS ! Je te jure, jamais ! Pas avec toi …
- Et … je vais regretter d’avoir demandé, mais … avec les autres, tu …
- Tu peux demander, il y a juste le premier, je veux dire, le premier après … lui, mais c’était probablement juste le truc d’expérience et …
- Ah ouais, ton vieux, là, euh …
- Goran, oui, il avait trente ans, mais je ne sais pas si c’est lié à l’âge, tu sais, juste que toi, tu es naturellement doué, ou c’est ta technique, ou c’est la forme de ta …
- Continue, Jérémie, j’adore les compliments.
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