Anonyme
« Tu es là, devant moi, pourtant, tu me parais irréel. Je touche du bout des doigts ce poster qui surplombe mon mur, juste là, en face de moi. Pourquoi je t'écris ? À vrai dire, je ne sais pas, c'est comme ça. Tu es inaccessible, tu es loin, tu es une douce illusion, un simple rêve. Peut-être plus, peut être moins, je suis un peu perdue et pourtant, je t'aime. Mais j'aime qui ? Je suis si stupide, tu n'es qu'une image me faisant face, juste ça, une image. Tant de choses nous séparent et plus j'y pense et plus ce gouffre s'étend entre nous. Tu ne me connais pas, mais finalement moi non plus, je ne te connais pas. Il y a juste cette estampe, rien d'autre. Comment ai-je pu tomber amoureuse d'un simple portrait imprimé ? Dis-le-moi, je t'en prie. Dis-moi que je ne suis rien, dis-moi qu'on ne se connaît pas, dis-moi que tu n'es pas là, dis-moi tout de toi. J'aimerais que tu t'en ailles, j'aimerais que tu sois là, je suis confuse, je t'aime, je suis idiote, je pleure, je souris. Tu es là, juste là, sur cette image. Je voudrais que tu m'échappes. Dis-moi, pourquoi toi ? Pourquoi moi ? Pourquoi comme ça ? »
Il avait reçu cette lettre un matin ou la rosée embaumait son jardin et le soleil dégageait sa chaleur, dévoilant un ciel bleu. Anonyme. Cette lettre ne portait pas le nom de son auteur, il aurait voulu le connaître pourtant. Il ressentait un certain désir, un désir de la connaître, de la comprendre, de savoir pourquoi tant de sentiment, tant de confusions. Il en venait lui-même à être confus. Cette lettre, il l'avait conservée durant des mois, la trimbalant dans ses poches, n'importe où il allait, il l'avait, la relisait. Il tentait de comprendre, mais n'y parvenait pas. Et au fil du temps qui s'écoulait, au fil des minutes qui passaient, il vint à aimer cette inconnue. Parce que ces quelques mots l'avaient chamboulé.
Il n'était qu'un visage sur un poster, elle n'était que des mots sur une feuille...
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