Mon Château d'enfance
Mon Château d'enfance
Ce monde m'est trop grand,
Il m'effraie et me perd.
Lorsque j'étais enfant
Je partais dans les airs...
Et j'y avais créé
Un immense palais
Où dansaient mille ballets
Loin de tout objet laid.
***
Ah! Mon château d'enfance, je m'en souviens encore.
J'avais pris, pour le faire, les images les plus belles;
J'y avais ajouté de merveilleux accords
Lancés par des violons parlant aux hirondelles.
Les peintres les plus grands admiraient ses parois
Décorées de couleurs, jusqu'au tours qui s'élèvent
Plus hautes que les arbres, plus haut(e)s que cell(e)s des rois.
Là-bas on y implante tous les plus doux des rêves.
Là-bas, tout près du ciel, il se trouve une pièce,
Dans le plus haut sommet. Et lorsqu'on s'y avance
On peut voir d'un seul coup tous les jardins de France
Et du monde entier les plus beaux traits d'hardiesse.
C'est un coin étroit et il fait bon séjourner
Dans ce lieu peu commun où nul ne peut vous voir...
Et la nuit j'y allais pour chasser mes déboires
Et mes premiers poèmes c'est là-haut qu'ils sont nés.
Si le silence règne au plus près des nuages,
Le reste du palais raisonne de toute gaîté.
A l'entrée, comme garde se trouvaient deux rosiers
Aux fleurs aussi rouges que les joues des mille pages.
Pleine de beaux enfants et de dames élégantes,
La grande salle accueille tout homme tant qu'il chante.
Pleins de plats merveilleux on voyait cavaler
Des petits marmitons qui toujours souriaient.
Les couloirs, les salons, les animaux magiques...
Vraiment rien ne manquait à ce lieu féerique.
Tantôt rempli ou vide, tantôt blanc ou violet,
Chaque fois il était comme le cœur le souhaitait.
***
Mais un matin pourtant, la grande tour tomba.
Les rosiers se fanèrent ; et les murs s'éboulèrent.
Ce monde disparut. Le château s'écroula.
Et je vis mon enfance, en regardant derrière.
Mardi 11 Décembre 2012
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